Nombreux sont ceux qui ont entendu parler de lui, mais peu le connaissent. Brédji Ibrahim, imam de la mosquée de la Maca, a accepté d’ouvrir son cœur aux lecteurs de Nord-sud.
Pendant que ses pairs cherchent l’accroissement de leurs fidèles, lui, prie pour que sa mosquée se vide. Le combat de l’imam de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan(Maca) est d’un autre ordre: faire en sorte que les jeunes musulmans n’arrivent plus en prison. Et que ceux qui y sont déjà recouvrent la liberté et n’y retournent plus jamais.
Né d’une famille convertie à l’islam, le jeune Brédji prend le prénom d’Ibrahim à l’âge de 6 ans. Il fait ses études primaires coraniques à Dagodouzuéboua, son village natal, dans la sous-préfecture de Lakota. Après l’obtention du certificat primaire arabe puis le brevet d’étude secondaire coranique à Lakota, le fils de Brédji Moutou (après sa conversion, son père prend le prénom de
Mohamed, ndlr) s’inscrit à l’école Sahoudinadja à Koumassi (Abidjan), où il obtient le Bac. «Je me suis rendu à l’université islamique Sahid au Niger.
Là-bas, j’ai eu une maîtrise de droit islamique. Après, je suis allé en Arabie Saoudite, précisément à Riyad à l’université King Sahoud. J’ai obtenu le diplôme d’études approfondies (Dea) en langue arabe», raconte-t-il nostalgique.
Revenu au pays, son diplôme en poche et avec le titre de prédicateur, Brédji Ibrahim est très actif dans le milieu des prêcheurs. Il est mem?bre-fondateur de la ligue islamique des prédicateurs de Côte d’Ivoire (Lipci).
Un passionné de Dieu
« J’ai été l’un des encadreurs de l’Association des élèves et étudiants musulmans de Côte d’Ivoire (Aeemci). Dès mon retour au pays, le poste d’imam de la Maca m’a été proposé en 1997. Je l’ai accepté puisqu’il s’agissait d’aller parler de Dieu. Mon intronisation comme imam principal de la mosquée de la Maca était prévue en 1999. Malheureusement, il y a eu le coup d’Etat. Vous savez, en cette période de crise, il est difficile d’inviter des officiels à la prison.
Tout le monde avait peur de ce lieu », nous confie l’imam du pénitencier de Yopougon qui a été officiellement intronisé cette année par Cheik Boikary Fofana, président du Conseil supérieur des imams (Cosim). C’est avec une certaine satisfaction que cet homme de Dieu de 50 ans, marié et père de quatre enfants, se réjouit d’être l’imam principal de la Maca. «J’ai ouvert les yeux
étant musulman. Mais, j’ai aussi des frères qui ne sont pas musulmans car mon père, au départ, n’était pas musulman. Ma mère s’est convertie après mon père.
Ce dernier était un ancien combattant et il avait de l’influence sur son entourage. Mes frères aînés n’ont pas voulu suivre parce qu’ils ne comprenaient pas. Chez nous, on pensait que l’islam est la religion des dioulas. Nous sommes aujourd’hui en train de dédioulatiser l’islam qui, en réalité, est une religion universelle. Mais la mauvaise compréhension a fait qu’on avait seulement attribué cela aux dioulas », critique l’imam des prisonniers en ajoutant qu’ «à l’époque, quand on se con?vertissait à l’islam, on prenait un nom dioula. Voici pourquoi, mon père s’appelait Mohamed Doumbia. A l’école primaire, on m’appelait Ibrahim Doumbia. Mais mon grand-frère qui n’était pas musulman et qui avait fait établir mon extrait d’acte de naissance, a conservé le nom Brédji. Voilà
comment je porte aujourd’hui ce nom », dit le guide religieux qui ne trouve aucun complexe en déclarant qu’il « a grandi au milieu des dioulas » et qu’il «a maîtrisé cette langue». Sans cependant oublier son origine.
«Je parle couramment le dida. Je vais chaque fois au village et je participe aux différentes réunions. Ma religion n’a rien à voir avec ma région ni mon ethnie. Les gens pensent que lorsqu’on est d’une autre ethnie à part le malinké alors on est « un converti » à l’islam. Mon père s’est converti avant ma naissance. Moi, je suis né musulman. J’ai appris cette religion et aujourd’hui, j’ai compris beaucoup de choses. Je la pratique parce que je la connais », insiste l’imam Brédji.
« Ce n’est pas par suivisme mais plutôt pour la compréhension et la connaissance que je pratique cette religion, et avec passion », ajoute-t-il.
Peu de loisirs !
Le loisir est un mot presque étrange chez lui. « Vous savez, un homme de Dieu est continuellement en contact avec la religion. Après la mosquée, il y a des gens qui vous rendent visite à la maison. Vous êtes sollicité pour régler des problèmes de familles ou de foyers. Ou encore pour faire des démarches d’un mariage. Des gens qui viennent avec des doléances. Il y a d’autres qui nous sollicitent pour des aides. Certains vous convient à une conférence ou à une
causerie-débat. Donc, notre vie après la mosquée n’est qu’une continuité de la religion», indique l’ancien karatéka. Il a pratiqué au lycée le taek-wondo et a obtenu la ceinture bleue.
« Quand j’étais encore à l’école, j’ai pratiqué les arts martiaux. J’ai fait le taek-wondo avec la ceinture bleue. A l’époque le karaté n’était pas aussi développé. On nous déconseillait même ce sport. J’étais aussi footballeur et j’ai joué dans l’équipe de mon village. J’ai joué à tous les postes : gardien, attaquant, milieu, défenseur. Mes études coraniques ne m’ont pas permis de continuer », laisse entendre le chef de la communauté musulmane de la Maca.
Selon l’élève spirituel du calife général des Tidjanes en Côte d’Ivoire, el hadj Moustapha Sonta, sa rigueur et sa détermination lui ont valu le respect. Au plus fort de la crise en septembre 2002, explique-t-il, j’ai failli quitter le pays.
« Quand je venais dans un milieu dioula, on se méfiait et vis-versa. Mais les conseils de mon père et maître spirituels, le calife général des Tidjanes en Côte d’Ivoire, el hadj Moustapha Sonta m’ont aidé. Il m’a dit que chaque fois que j’ai des problèmes de me recueillir pour parler à Dieu. C’est lui qui m’a initié à la Tidjanya. Pendant les évènements de 2002, mon grand-frère m’appelait pour me dire de ne pas sortir vêtu de boubou parce qu’il y a une chasse aux hommes en boubou. Des gens ont fouillé un peu partout mais ils n’ont rien vu puis certains sont venus s’excuser auprès de moi », soutient l’homme de Dieu qui tient à lever certaines équivoques. « Aujourd’hui, le président Gbagbo est au pouvoir. Il est bété, moi je suis dida. Certains pensent que je suis devenu son marabout.
Mais je vous dis sereinement que je ne me suis jamais assis devant lui pour parler. On n’a jamais eu d’entretien ni de huis clos. Je l’ai vu plusieurs fois lors des différentes cérémonies au palais de la présidence où la communauté musulmane est invitée. Par exemple, pour parler du pèlerinage. Récemment, il était à la rupture du jeûne au Golf, avec les musulmans. Chacun dit ce qu’il
pense de moi. Certains affirment même que je suis un ancien détenu qui s’est converti. Mais depuis que je suis né, je n’ai jamais passé un jour au violon (Dieu merci). Aujourd’hui, je visite toutes les prisons avec passion. Cela ne veut pas dire que j’ai été un ancien prisonnier. J’ai eu une vie normale parce que l’éducation que nous avons reçue, était rigoureuse », se souvient-il.
Premier jour à la Maca
Le contact avec le milieu carcéral n’est pas compliqué. Selon l’imam Brédji, la première causerie avec les détenus a révélé qu’ils étaient très attentifs. « Je me suis dit alors que ce ne sont pas des gens agressifs. Cela m’a rassuré au fil du temps ; j’ai gagné en confiance. Aujourd’hui, je me confonds aux prisonniers.
Je suis plus en sécurité à la Maca que lorsque je suis dehors. J’ai des gardes là-bas qui assurent ma sécurité. Je suis, aujourd’hui, l’imam le plus sécurisé de Côte d’Ivoire », nous confie-t-il sourire aux lèvres en affirmant que partout où il passe, s’il y a des voyous, ils ne peuvent l’agresser parce qu’ils savent que c’est lui qui leur a porté secours à des moments difficiles. D’ailleurs,
Brédji Ibrahim nous raconte une anecdote. «Un jour, j’étais avec un ami dont le téléphone portable a été volé. Il a appelé pour dire qu’il était avec l’imam Brédji et tout de suite son téléphone lui a été retourné. Donc, vous voyez qu’en pensant qu’on est dans l’insécurité on est plutôt en sécurité ».
Dieu est à la Maca ?
Si vous cherchez où habite Dieu, alors faites un tour à la Maca. Et l’imam principal de la mosquée du bagnard le confirme. « C’est quand l’homme se trouve en difficulté qu’il connaît plus Dieu. Lorsque tout le monde vous abandonne et qu’ autour de vous, il y a un vide, il faut s’accrocher à quelque chose. En prison, le détenu parle de Dieu. Mais quand il recouvre la liberté, il pense que
c’est l’avocat ou ses amis qui l’ont secouru. Dieu est toujours auprès de ceux qui sont en détresse. C’est ce qui explique le fait que les détenus, à la Maca, parlent de Dieu. Vous ne pouvez pas être à la Maca sans parler de Dieu », répète le chef religieux. Il n’hésite pas à nous confier les faits qui l’ont marqué depuis le début de son imamat. « Un vendredi, en plein sermon, à la Maca, et à la veille de l’indépendance (7août) les détenus pensaient avoir la grâce présidentielle. Le président Bédié n’avait pas encore fait de grâce depuis sa prise du pouvoir. Et, ils m’ont dit que le jour où j’irai voir le président, de plaider pour une grâce. Je leur ai demandé s’ils voulaient la grâce de Dieu ou celle des hommes. Ils ont répondu qu’ils voulaient la grâce de Dieu. Alors, nous
avons prié pour que Dieu nous accorde sa grâce. Et, il y a eu le coup d’Etat de décembre 1999. Toute la prison était vide. Les prisonniers sont sortis et il y en a qui m’ont appelé pour me dire que Dieu a exhaussé nos prières. Je suis le seul imam qui prie pour que sa communauté diminue. Les autres prient pour que leur communauté s’agrandisse. C’est un paradoxe », ironise-t-il. Selon lui, sa communauté n’est pas stable parce que les statistiques peuvent changer d’une
période à l’autre.
Bahi K. et Ouattara Moussa
Pendant que ses pairs cherchent l’accroissement de leurs fidèles, lui, prie pour que sa mosquée se vide. Le combat de l’imam de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan(Maca) est d’un autre ordre: faire en sorte que les jeunes musulmans n’arrivent plus en prison. Et que ceux qui y sont déjà recouvrent la liberté et n’y retournent plus jamais.
Né d’une famille convertie à l’islam, le jeune Brédji prend le prénom d’Ibrahim à l’âge de 6 ans. Il fait ses études primaires coraniques à Dagodouzuéboua, son village natal, dans la sous-préfecture de Lakota. Après l’obtention du certificat primaire arabe puis le brevet d’étude secondaire coranique à Lakota, le fils de Brédji Moutou (après sa conversion, son père prend le prénom de
Mohamed, ndlr) s’inscrit à l’école Sahoudinadja à Koumassi (Abidjan), où il obtient le Bac. «Je me suis rendu à l’université islamique Sahid au Niger.
Là-bas, j’ai eu une maîtrise de droit islamique. Après, je suis allé en Arabie Saoudite, précisément à Riyad à l’université King Sahoud. J’ai obtenu le diplôme d’études approfondies (Dea) en langue arabe», raconte-t-il nostalgique.
Revenu au pays, son diplôme en poche et avec le titre de prédicateur, Brédji Ibrahim est très actif dans le milieu des prêcheurs. Il est mem?bre-fondateur de la ligue islamique des prédicateurs de Côte d’Ivoire (Lipci).
Un passionné de Dieu
« J’ai été l’un des encadreurs de l’Association des élèves et étudiants musulmans de Côte d’Ivoire (Aeemci). Dès mon retour au pays, le poste d’imam de la Maca m’a été proposé en 1997. Je l’ai accepté puisqu’il s’agissait d’aller parler de Dieu. Mon intronisation comme imam principal de la mosquée de la Maca était prévue en 1999. Malheureusement, il y a eu le coup d’Etat. Vous savez, en cette période de crise, il est difficile d’inviter des officiels à la prison.
Tout le monde avait peur de ce lieu », nous confie l’imam du pénitencier de Yopougon qui a été officiellement intronisé cette année par Cheik Boikary Fofana, président du Conseil supérieur des imams (Cosim). C’est avec une certaine satisfaction que cet homme de Dieu de 50 ans, marié et père de quatre enfants, se réjouit d’être l’imam principal de la Maca. «J’ai ouvert les yeux
étant musulman. Mais, j’ai aussi des frères qui ne sont pas musulmans car mon père, au départ, n’était pas musulman. Ma mère s’est convertie après mon père.
Ce dernier était un ancien combattant et il avait de l’influence sur son entourage. Mes frères aînés n’ont pas voulu suivre parce qu’ils ne comprenaient pas. Chez nous, on pensait que l’islam est la religion des dioulas. Nous sommes aujourd’hui en train de dédioulatiser l’islam qui, en réalité, est une religion universelle. Mais la mauvaise compréhension a fait qu’on avait seulement attribué cela aux dioulas », critique l’imam des prisonniers en ajoutant qu’ «à l’époque, quand on se con?vertissait à l’islam, on prenait un nom dioula. Voici pourquoi, mon père s’appelait Mohamed Doumbia. A l’école primaire, on m’appelait Ibrahim Doumbia. Mais mon grand-frère qui n’était pas musulman et qui avait fait établir mon extrait d’acte de naissance, a conservé le nom Brédji. Voilà
comment je porte aujourd’hui ce nom », dit le guide religieux qui ne trouve aucun complexe en déclarant qu’il « a grandi au milieu des dioulas » et qu’il «a maîtrisé cette langue». Sans cependant oublier son origine.
«Je parle couramment le dida. Je vais chaque fois au village et je participe aux différentes réunions. Ma religion n’a rien à voir avec ma région ni mon ethnie. Les gens pensent que lorsqu’on est d’une autre ethnie à part le malinké alors on est « un converti » à l’islam. Mon père s’est converti avant ma naissance. Moi, je suis né musulman. J’ai appris cette religion et aujourd’hui, j’ai compris beaucoup de choses. Je la pratique parce que je la connais », insiste l’imam Brédji.
« Ce n’est pas par suivisme mais plutôt pour la compréhension et la connaissance que je pratique cette religion, et avec passion », ajoute-t-il.
Peu de loisirs !
Le loisir est un mot presque étrange chez lui. « Vous savez, un homme de Dieu est continuellement en contact avec la religion. Après la mosquée, il y a des gens qui vous rendent visite à la maison. Vous êtes sollicité pour régler des problèmes de familles ou de foyers. Ou encore pour faire des démarches d’un mariage. Des gens qui viennent avec des doléances. Il y a d’autres qui nous sollicitent pour des aides. Certains vous convient à une conférence ou à une
causerie-débat. Donc, notre vie après la mosquée n’est qu’une continuité de la religion», indique l’ancien karatéka. Il a pratiqué au lycée le taek-wondo et a obtenu la ceinture bleue.
« Quand j’étais encore à l’école, j’ai pratiqué les arts martiaux. J’ai fait le taek-wondo avec la ceinture bleue. A l’époque le karaté n’était pas aussi développé. On nous déconseillait même ce sport. J’étais aussi footballeur et j’ai joué dans l’équipe de mon village. J’ai joué à tous les postes : gardien, attaquant, milieu, défenseur. Mes études coraniques ne m’ont pas permis de continuer », laisse entendre le chef de la communauté musulmane de la Maca.
Selon l’élève spirituel du calife général des Tidjanes en Côte d’Ivoire, el hadj Moustapha Sonta, sa rigueur et sa détermination lui ont valu le respect. Au plus fort de la crise en septembre 2002, explique-t-il, j’ai failli quitter le pays.
« Quand je venais dans un milieu dioula, on se méfiait et vis-versa. Mais les conseils de mon père et maître spirituels, le calife général des Tidjanes en Côte d’Ivoire, el hadj Moustapha Sonta m’ont aidé. Il m’a dit que chaque fois que j’ai des problèmes de me recueillir pour parler à Dieu. C’est lui qui m’a initié à la Tidjanya. Pendant les évènements de 2002, mon grand-frère m’appelait pour me dire de ne pas sortir vêtu de boubou parce qu’il y a une chasse aux hommes en boubou. Des gens ont fouillé un peu partout mais ils n’ont rien vu puis certains sont venus s’excuser auprès de moi », soutient l’homme de Dieu qui tient à lever certaines équivoques. « Aujourd’hui, le président Gbagbo est au pouvoir. Il est bété, moi je suis dida. Certains pensent que je suis devenu son marabout.
Mais je vous dis sereinement que je ne me suis jamais assis devant lui pour parler. On n’a jamais eu d’entretien ni de huis clos. Je l’ai vu plusieurs fois lors des différentes cérémonies au palais de la présidence où la communauté musulmane est invitée. Par exemple, pour parler du pèlerinage. Récemment, il était à la rupture du jeûne au Golf, avec les musulmans. Chacun dit ce qu’il
pense de moi. Certains affirment même que je suis un ancien détenu qui s’est converti. Mais depuis que je suis né, je n’ai jamais passé un jour au violon (Dieu merci). Aujourd’hui, je visite toutes les prisons avec passion. Cela ne veut pas dire que j’ai été un ancien prisonnier. J’ai eu une vie normale parce que l’éducation que nous avons reçue, était rigoureuse », se souvient-il.
Premier jour à la Maca
Le contact avec le milieu carcéral n’est pas compliqué. Selon l’imam Brédji, la première causerie avec les détenus a révélé qu’ils étaient très attentifs. « Je me suis dit alors que ce ne sont pas des gens agressifs. Cela m’a rassuré au fil du temps ; j’ai gagné en confiance. Aujourd’hui, je me confonds aux prisonniers.
Je suis plus en sécurité à la Maca que lorsque je suis dehors. J’ai des gardes là-bas qui assurent ma sécurité. Je suis, aujourd’hui, l’imam le plus sécurisé de Côte d’Ivoire », nous confie-t-il sourire aux lèvres en affirmant que partout où il passe, s’il y a des voyous, ils ne peuvent l’agresser parce qu’ils savent que c’est lui qui leur a porté secours à des moments difficiles. D’ailleurs,
Brédji Ibrahim nous raconte une anecdote. «Un jour, j’étais avec un ami dont le téléphone portable a été volé. Il a appelé pour dire qu’il était avec l’imam Brédji et tout de suite son téléphone lui a été retourné. Donc, vous voyez qu’en pensant qu’on est dans l’insécurité on est plutôt en sécurité ».
Dieu est à la Maca ?
Si vous cherchez où habite Dieu, alors faites un tour à la Maca. Et l’imam principal de la mosquée du bagnard le confirme. « C’est quand l’homme se trouve en difficulté qu’il connaît plus Dieu. Lorsque tout le monde vous abandonne et qu’ autour de vous, il y a un vide, il faut s’accrocher à quelque chose. En prison, le détenu parle de Dieu. Mais quand il recouvre la liberté, il pense que
c’est l’avocat ou ses amis qui l’ont secouru. Dieu est toujours auprès de ceux qui sont en détresse. C’est ce qui explique le fait que les détenus, à la Maca, parlent de Dieu. Vous ne pouvez pas être à la Maca sans parler de Dieu », répète le chef religieux. Il n’hésite pas à nous confier les faits qui l’ont marqué depuis le début de son imamat. « Un vendredi, en plein sermon, à la Maca, et à la veille de l’indépendance (7août) les détenus pensaient avoir la grâce présidentielle. Le président Bédié n’avait pas encore fait de grâce depuis sa prise du pouvoir. Et, ils m’ont dit que le jour où j’irai voir le président, de plaider pour une grâce. Je leur ai demandé s’ils voulaient la grâce de Dieu ou celle des hommes. Ils ont répondu qu’ils voulaient la grâce de Dieu. Alors, nous
avons prié pour que Dieu nous accorde sa grâce. Et, il y a eu le coup d’Etat de décembre 1999. Toute la prison était vide. Les prisonniers sont sortis et il y en a qui m’ont appelé pour me dire que Dieu a exhaussé nos prières. Je suis le seul imam qui prie pour que sa communauté diminue. Les autres prient pour que leur communauté s’agrandisse. C’est un paradoxe », ironise-t-il. Selon lui, sa communauté n’est pas stable parce que les statistiques peuvent changer d’une
période à l’autre.
Bahi K. et Ouattara Moussa