Jusque dans les années 1970, dans le nord ivoirien, l’économie reposait presque exclusivement sur l’agriculture. L’élevage se limitait essentiellement aux ovins, caprins et volaille. Si la concession comportait parfois un parc à bœufs, ceux-ci étaient réservés à la vente pour permettre le financement de grands événements tels que les mariages ou les funérailles... L’autoconsommation et la commercialisation n’étaient pas usuelles.
A partir de 1974, suite à la sécheresse dans les pays sahéliens, les prix s’envolent. En 1981, l’importation représentait un chiffre d’affaires de 31 milliards de Fcfa. Le programme de développement pastoral est ainsi devenu une priorité du gouvernement. La savane du Nord étant favorable à l’activité. Toutefois, le programme s’est heurté à la logique de subsistance établie et au manque de structures foncières appropriées. Sa réussite ne s’est ainsi avérée possible qu’avec l’appel à des bouviers allogènes. Chassés par les sécheresses, ce sont alors tout particulièrement des populations peulhs, d’origine malienne et burkinabé, expérimentées dans l’élevage de zébus, qui arrivent dans la région. Beaucoup de bouviers se sont peu à peu constitués d’immenses cheptels. On peut y ajouter les éleveurs peulhs, venus directement avec leur propre cheptel. Très vite, la discorde entre les éleveurs et les agriculteurs surgit. Le principal sujet de conflit, ouvertement énoncé, concerne la sécurité des cultures. Les dégâts causés par les troupeaux transhumants ont, en effet, rapidement pris une ampleur assez considérable. Des litiges plus généraux portent sur les voies de déplacement des troupeaux lors de la transhumance et un aménagement des surfaces cultivables, prenant en compte la nécessité de ces déplacements. Le manque de respect mutuel des calendriers pastoral et agraire, donne également lieu à des différends.
Que d’incompréhensions !
Par moments, des éleveurs se voient confrontés à des empoisonnements du cheptel. Des destructions de cultures causées par des feux de brousse précoces donnent également lieu à des accusations mutuelles. Si l’antagonisme se résume à première vue à l’évaluation de dégâts, bien souvent il apparaît que c’est en réalité la question de la compensation même qui constitue le véritable sujet de discorde. Les éleveurs reprochent aux agriculteurs de provoquer eux-mêmes des dégâts pour obtenir des indemnisations. Selon eux, les paysans préfèrent cultiver des champs en bordure de routes et sur les chemins de passage des bouviers. Les agriculteurs eux, soutiennent que les bouviers, pour des raisons de fierté, préfèrent souvent dépenser d’importantes sommes au tribunal que de payer directement une indemnité bien moindre. Les tentatives de résolution du problème sont nombreuses. Alors que les responsables politiques ont privilégié la mise en place de structures de règlement des conflits, d’autres réponses se sont manifestées à travers des dynamiques locales. Le décret 96-433 du 3 juin 1996 prévoit la mise en place d’un système spécifique de règlement des conflits avec l’instauration de commissions paritaires au niveau villageois, sous-préfectoral et départemental. Alors que les commissions villageoises sont prévues pour permettre un règlement de conflit à l’amiable, les commissions sous-préfectorales et la commission préfectorale de recours sont conçues pour fonctionner de manière plus mécanique. Les constats de dégâts se fondent sur un procès-verbal dressé par un agent assermenté du ministère de l’Agriculture, détaché à la sous-préfecture, et l’éventuelle indemnisation est évaluée en fonction de barèmes établis. Certaines associations déplorent la partialité des sous-préfets, ceux-ci recevant souvent des animaux, lors de leur entrée en service. Pour ce qui serait de la commission préfectorale de recours et d’arbitrage, à ce jour, elle n’est pas opérationnelle.
Lanciné Bakayoko
A partir de 1974, suite à la sécheresse dans les pays sahéliens, les prix s’envolent. En 1981, l’importation représentait un chiffre d’affaires de 31 milliards de Fcfa. Le programme de développement pastoral est ainsi devenu une priorité du gouvernement. La savane du Nord étant favorable à l’activité. Toutefois, le programme s’est heurté à la logique de subsistance établie et au manque de structures foncières appropriées. Sa réussite ne s’est ainsi avérée possible qu’avec l’appel à des bouviers allogènes. Chassés par les sécheresses, ce sont alors tout particulièrement des populations peulhs, d’origine malienne et burkinabé, expérimentées dans l’élevage de zébus, qui arrivent dans la région. Beaucoup de bouviers se sont peu à peu constitués d’immenses cheptels. On peut y ajouter les éleveurs peulhs, venus directement avec leur propre cheptel. Très vite, la discorde entre les éleveurs et les agriculteurs surgit. Le principal sujet de conflit, ouvertement énoncé, concerne la sécurité des cultures. Les dégâts causés par les troupeaux transhumants ont, en effet, rapidement pris une ampleur assez considérable. Des litiges plus généraux portent sur les voies de déplacement des troupeaux lors de la transhumance et un aménagement des surfaces cultivables, prenant en compte la nécessité de ces déplacements. Le manque de respect mutuel des calendriers pastoral et agraire, donne également lieu à des différends.
Que d’incompréhensions !
Par moments, des éleveurs se voient confrontés à des empoisonnements du cheptel. Des destructions de cultures causées par des feux de brousse précoces donnent également lieu à des accusations mutuelles. Si l’antagonisme se résume à première vue à l’évaluation de dégâts, bien souvent il apparaît que c’est en réalité la question de la compensation même qui constitue le véritable sujet de discorde. Les éleveurs reprochent aux agriculteurs de provoquer eux-mêmes des dégâts pour obtenir des indemnisations. Selon eux, les paysans préfèrent cultiver des champs en bordure de routes et sur les chemins de passage des bouviers. Les agriculteurs eux, soutiennent que les bouviers, pour des raisons de fierté, préfèrent souvent dépenser d’importantes sommes au tribunal que de payer directement une indemnité bien moindre. Les tentatives de résolution du problème sont nombreuses. Alors que les responsables politiques ont privilégié la mise en place de structures de règlement des conflits, d’autres réponses se sont manifestées à travers des dynamiques locales. Le décret 96-433 du 3 juin 1996 prévoit la mise en place d’un système spécifique de règlement des conflits avec l’instauration de commissions paritaires au niveau villageois, sous-préfectoral et départemental. Alors que les commissions villageoises sont prévues pour permettre un règlement de conflit à l’amiable, les commissions sous-préfectorales et la commission préfectorale de recours sont conçues pour fonctionner de manière plus mécanique. Les constats de dégâts se fondent sur un procès-verbal dressé par un agent assermenté du ministère de l’Agriculture, détaché à la sous-préfecture, et l’éventuelle indemnisation est évaluée en fonction de barèmes établis. Certaines associations déplorent la partialité des sous-préfets, ceux-ci recevant souvent des animaux, lors de leur entrée en service. Pour ce qui serait de la commission préfectorale de recours et d’arbitrage, à ce jour, elle n’est pas opérationnelle.
Lanciné Bakayoko