Dans le gouvernement du Premier ministre Soro Guillaume, il fait partie des ministres qui bougent sur le terrain. Dans son cabinet perché au 15ème étage du vétuste immeuble Postel 2001 et ses ascenseurs défectueux, il n’y a pas de répit. Ses collaborateurs sont sans cesse en mouvement. La raison : le ministre Konaté Sidiki, puisque c’est de lui qu’il s’agit, veut que ses instructions soient exécutées avec diligence et surtout suivies à la lettre. « C’est un mordu du travail, à la limite infatigable », confesse M. Koné Satigui, directeur de la communication au ministère du Tourisme et de l’Artisanat.
Depuis qu’il a hérité de ce département, le ministre Konaté a fait de la dynamisation de ce secteur son cheval de bataille. Et la tâche ne s’annonçait pas du tout aisée pour lui. Car, avec le déclenchement de la crise militaro-civile en septembre 2002, la destination Côte d’Ivoire ne faisait plus rêver les touristes. Pis, le pays était estampillé à haut risque par les ambassades occidentales, donc déconseillé à leurs ressortissants. Le travail du ministre Konaté était donc lieu d’être une sinécure. Convaincre les touristes qu’ils pouvaient revenir dans un pays divisé en deux et qui marche à pas de tortue sur le chemin de la paix n’est pas un exercice facile. Toutefois, ce défi n’apeure pas l’ancien porte-parole des Forces Nouvelles, qui entend, bien au contraire, le relever. C’est pourquoi, il a défriché, avec son cabinet, un certain nombre de chantiers qui pourraient d’ici quelques années redorer le blason du tourisme en Côte d’Ivoire et rendre sa destination plus fréquentable, et donc rentable, qu’elle ne l’est en ce moment.
Le premier chantier auquel s’est attaqué le ministre Konaté est d’abord l’organisation du secteur. « Savez-vous qu’il n’existait pas de texte en Côte d’Ivoire définissant ce que c’est que le tourisme ? », fait remarquer M. Koné, un brin estomaqué par ce vide juridique incroyable.
Sidiki Konaté travaille donc à combler cette tare. Et le 26 août 2010, le gouvernement adopte le code de l’artisanat en attendant celui du tourisme. « C’est une révolution en matière d’artisanat, un domaine qui regroupe 40% de la population active ivoirienne. Ce code va permettre aux artisans de vivre de leur art», se réjouissait –il, récemment, lors du lancement du SITA (Salon International du Tourisme et de l’Artisanat) au restaurant Le Wafou, à Biétry. Faut-il le rappeler, en 2007, il a mis sur pied un comité provisoire de gestion de la Chambre Nationale des Métiers de Côte d’Ivoire(CNMCI), histoire de sortir cette institution consulaire de la léthargie dans laquelle elle baignait depuis quelques années.
Une équipe d’inspecteurs et d’agents assermentés pour contrôler les hôtels
Pour le ministre Konaté, il y a nécessité de toiletter les textes existants d’une part et d’autre part d’en renforcer la rigueur, en vue de protéger et réguler les sites touristiques. Et surtout de doter le secteur du tourisme et de l’artisanat d’une législation forte, afin d’éviter une occupation anarchique des espaces en bordure de mer notamment Assinie qui est une zone franche touristique. Un endroit pas fait pour des habitations. Ce qui reste de la baie doit être, à ses yeux, protégé. L’organisation institutionnelle est, pour lui, une priorité, car, pense t-il, « le code du tourisme favorisera l’émergence d’une vraie industrie du tourisme en Côte d’Ivoire ».
Le deuxième chantier qui cristallise les énergies du locataire de l’immeuble en verre, c’est l’assainissement des infrastructures touristiques exitantes. Pour lui, les hôtels ivoiriens doivent répondre aux normes internationales. « Un hôtel qui a 3 étoiles en Côte d’Ivoire doit avoir les mêmes commodités qu’un hôtel de 3 étoiles au Japon, en France ou en Chine » martelait-il au Wafou. De plus, le ministre Konaté ne veut plus qu’un hôtel soit bâti sur un site non sécurisé ou un terrain inadapté. En clair, il entend lutter contre les hôtels boutiques. C’est pourquoi, il envisage l’instauration d’un agrément pour la construction des hôtels, en conformité avec les standards en vigueur. Preuve qu’il ne badine pas avec la qualité aussi bien des hôtels que des maquis et restaurants, le ministre Konaté envisage envoyer sur le terrain une équipe d’inspecteurs et d’agents assermentés pour vérifier si ces infrastructures répondent bel et bien aux normes. Et il fera afficher devant chaque établissement, un panonceau indiquant son « vrai visage » et la qualité qu’il présente réellement.
Ce n’est pas tout. Le ministre Konaté met également un point d’honneur sur la formation et la qualité du personnel hôtelier. Il estime que les hôtels et autres restaurants doivent impérativement se doter d’un personnel qualifié, notamment les jeunes formés dans les lycées hôteliers. Pour justement bien maîtriser ce volet assainissement, le ministre Konaté a décidé de centraliser les formalités administratives au Guichet unique du tourisme, qui se charge d’octroyer les licences pour la création d’agences ou de bureaux de voyage, de faciliter l’obtention d’agrément pour l’ouverture d’un hôtel.
Revoir la procédure de délivrance du visa d’entrée en Côte d’Ivoire
Le troisième chantier, pour lequel le ministre Konaté se bat, est la création des pôles régionaux de développement du tourisme en fonction de la spécificité de chaque région. Un schéma qui s’inspire volontiers du modèle des zones touristiques marocaines. Déjà, on note des prémices de cette réforme importante avec la création de la Sodertour-Lacs (Société de développement du tourisme de la région des lacs), et la mutation de la SPDC (Société des Palaces de Cocody) d’une société de gestion hôtelière en une structure de promotion et de développement du tourisme. A cela s’ajoutent l’augmentation à 12 du nombre de directions régionales du tourisme et la création de 8 directions départementales du tourisme. Des actions qui visent, de toute évidence, à rapprocher l’administration touristique des acteurs. Naturellement, toutes ces actions nécessitent beaucoup de moyens. Et cela, le ministre Konaté l’a si bien compris. Lui qui s’est échiné pour la mise en place du Fonds pour le Développement du Tourisme (FDT) et parallèlement la création d’un Fonds d’Appui à la Promotion de l’Artisanat (FAPA) pour le financement des projets des artisans.
Le quatrième chantier, qui préoccupe M. Konaté Sidiki, est la promotion de la destination Côte d’Ivoire. Pour lui, il faut absolument faciliter l’arrivée des touristes en terre ivoirienne en allégeant la procédure de délivrance des visas d’entrée en Côte d’Ivoire qui exige désormais que les requérants se déplacent en personne dans les ambassades ivoiriennes pour son obtention. Cela consiste, aux yeux du ministre Konaté, un sérieux handicap pour la venue des touristes. Il plaide plutôt pour ce qu’il appelle un visa direct, délivré à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. De même, il souhaite l’ouverture de l’espace aérien ivoirien, afin de faciliter l’arrivée d’autres compagnies internationales. En attendant que ces désirs soient traduits en réalité, le ministre Konaté initie des activités qui n’ont autre objectif que de mettre en lumière les attraits touristiques du pays. Au nombre de celles-ci, le SITA (Salon International du Tourisme et de l’Artisanat) qui se tiendra du 23 au 26 septembre au Golf hôtel d’Abidjan. Avec en toile de fond la célébration de la journée mondiale du tourisme, le 27 septembre prochain, autour du thème, « tourisme et biodiversité ».
Y. Sangaré
Depuis qu’il a hérité de ce département, le ministre Konaté a fait de la dynamisation de ce secteur son cheval de bataille. Et la tâche ne s’annonçait pas du tout aisée pour lui. Car, avec le déclenchement de la crise militaro-civile en septembre 2002, la destination Côte d’Ivoire ne faisait plus rêver les touristes. Pis, le pays était estampillé à haut risque par les ambassades occidentales, donc déconseillé à leurs ressortissants. Le travail du ministre Konaté était donc lieu d’être une sinécure. Convaincre les touristes qu’ils pouvaient revenir dans un pays divisé en deux et qui marche à pas de tortue sur le chemin de la paix n’est pas un exercice facile. Toutefois, ce défi n’apeure pas l’ancien porte-parole des Forces Nouvelles, qui entend, bien au contraire, le relever. C’est pourquoi, il a défriché, avec son cabinet, un certain nombre de chantiers qui pourraient d’ici quelques années redorer le blason du tourisme en Côte d’Ivoire et rendre sa destination plus fréquentable, et donc rentable, qu’elle ne l’est en ce moment.
Le premier chantier auquel s’est attaqué le ministre Konaté est d’abord l’organisation du secteur. « Savez-vous qu’il n’existait pas de texte en Côte d’Ivoire définissant ce que c’est que le tourisme ? », fait remarquer M. Koné, un brin estomaqué par ce vide juridique incroyable.
Sidiki Konaté travaille donc à combler cette tare. Et le 26 août 2010, le gouvernement adopte le code de l’artisanat en attendant celui du tourisme. « C’est une révolution en matière d’artisanat, un domaine qui regroupe 40% de la population active ivoirienne. Ce code va permettre aux artisans de vivre de leur art», se réjouissait –il, récemment, lors du lancement du SITA (Salon International du Tourisme et de l’Artisanat) au restaurant Le Wafou, à Biétry. Faut-il le rappeler, en 2007, il a mis sur pied un comité provisoire de gestion de la Chambre Nationale des Métiers de Côte d’Ivoire(CNMCI), histoire de sortir cette institution consulaire de la léthargie dans laquelle elle baignait depuis quelques années.
Une équipe d’inspecteurs et d’agents assermentés pour contrôler les hôtels
Pour le ministre Konaté, il y a nécessité de toiletter les textes existants d’une part et d’autre part d’en renforcer la rigueur, en vue de protéger et réguler les sites touristiques. Et surtout de doter le secteur du tourisme et de l’artisanat d’une législation forte, afin d’éviter une occupation anarchique des espaces en bordure de mer notamment Assinie qui est une zone franche touristique. Un endroit pas fait pour des habitations. Ce qui reste de la baie doit être, à ses yeux, protégé. L’organisation institutionnelle est, pour lui, une priorité, car, pense t-il, « le code du tourisme favorisera l’émergence d’une vraie industrie du tourisme en Côte d’Ivoire ».
Le deuxième chantier qui cristallise les énergies du locataire de l’immeuble en verre, c’est l’assainissement des infrastructures touristiques exitantes. Pour lui, les hôtels ivoiriens doivent répondre aux normes internationales. « Un hôtel qui a 3 étoiles en Côte d’Ivoire doit avoir les mêmes commodités qu’un hôtel de 3 étoiles au Japon, en France ou en Chine » martelait-il au Wafou. De plus, le ministre Konaté ne veut plus qu’un hôtel soit bâti sur un site non sécurisé ou un terrain inadapté. En clair, il entend lutter contre les hôtels boutiques. C’est pourquoi, il envisage l’instauration d’un agrément pour la construction des hôtels, en conformité avec les standards en vigueur. Preuve qu’il ne badine pas avec la qualité aussi bien des hôtels que des maquis et restaurants, le ministre Konaté envisage envoyer sur le terrain une équipe d’inspecteurs et d’agents assermentés pour vérifier si ces infrastructures répondent bel et bien aux normes. Et il fera afficher devant chaque établissement, un panonceau indiquant son « vrai visage » et la qualité qu’il présente réellement.
Ce n’est pas tout. Le ministre Konaté met également un point d’honneur sur la formation et la qualité du personnel hôtelier. Il estime que les hôtels et autres restaurants doivent impérativement se doter d’un personnel qualifié, notamment les jeunes formés dans les lycées hôteliers. Pour justement bien maîtriser ce volet assainissement, le ministre Konaté a décidé de centraliser les formalités administratives au Guichet unique du tourisme, qui se charge d’octroyer les licences pour la création d’agences ou de bureaux de voyage, de faciliter l’obtention d’agrément pour l’ouverture d’un hôtel.
Revoir la procédure de délivrance du visa d’entrée en Côte d’Ivoire
Le troisième chantier, pour lequel le ministre Konaté se bat, est la création des pôles régionaux de développement du tourisme en fonction de la spécificité de chaque région. Un schéma qui s’inspire volontiers du modèle des zones touristiques marocaines. Déjà, on note des prémices de cette réforme importante avec la création de la Sodertour-Lacs (Société de développement du tourisme de la région des lacs), et la mutation de la SPDC (Société des Palaces de Cocody) d’une société de gestion hôtelière en une structure de promotion et de développement du tourisme. A cela s’ajoutent l’augmentation à 12 du nombre de directions régionales du tourisme et la création de 8 directions départementales du tourisme. Des actions qui visent, de toute évidence, à rapprocher l’administration touristique des acteurs. Naturellement, toutes ces actions nécessitent beaucoup de moyens. Et cela, le ministre Konaté l’a si bien compris. Lui qui s’est échiné pour la mise en place du Fonds pour le Développement du Tourisme (FDT) et parallèlement la création d’un Fonds d’Appui à la Promotion de l’Artisanat (FAPA) pour le financement des projets des artisans.
Le quatrième chantier, qui préoccupe M. Konaté Sidiki, est la promotion de la destination Côte d’Ivoire. Pour lui, il faut absolument faciliter l’arrivée des touristes en terre ivoirienne en allégeant la procédure de délivrance des visas d’entrée en Côte d’Ivoire qui exige désormais que les requérants se déplacent en personne dans les ambassades ivoiriennes pour son obtention. Cela consiste, aux yeux du ministre Konaté, un sérieux handicap pour la venue des touristes. Il plaide plutôt pour ce qu’il appelle un visa direct, délivré à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. De même, il souhaite l’ouverture de l’espace aérien ivoirien, afin de faciliter l’arrivée d’autres compagnies internationales. En attendant que ces désirs soient traduits en réalité, le ministre Konaté initie des activités qui n’ont autre objectif que de mettre en lumière les attraits touristiques du pays. Au nombre de celles-ci, le SITA (Salon International du Tourisme et de l’Artisanat) qui se tiendra du 23 au 26 septembre au Golf hôtel d’Abidjan. Avec en toile de fond la célébration de la journée mondiale du tourisme, le 27 septembre prochain, autour du thème, « tourisme et biodiversité ».
Y. Sangaré