« La place de l’art contemporain en Afrique et dans le monde : rôle des structures locales ». Ce thème a réuni, mardi dernier, des artistes, critiques d’art et professionnels de l’art à la Fondation Charles Donwahi, aux Deux-Plateaux. Un débat houleux a permis aux uns et ceux autres d’avoir une idée claire du rôle que chacun doit jouer pour l’émergence d’un véritable art national et africain.
Définir le canevas d’un terme polysémique compris et interprété différemment par les créateurs. L’art contemporain. C’est de ça qu’il s’agit. Il n’a pas été facile de l élucider, mardi, à la Fondation Charles Donwahi aux Deux-Plateaux à Cocody. Selon le Petit Robert, est contemporain ce qui est du même temps que ; qui est de notre époque. L’art contemporain, pour ainsi dire, s’appréhende comme l’ensemble des œuvres d’une époque et d’un lieu donné.
Art contemporain selon les artistes et professionnels
Le professeur Yacouba Konaté, galeriste et critique d’art, président de l’Association internationale des critiques d’art (Aica), a relevé le caractère subjectif de la notion. Pour lui, c’est la dimension d’une œuvre qui fait qu’elle est contemporaine ou non. C’est-à-dire ce qu’on montre et la manière de le montrer. « Souvent, il suffit d’une mise en scène pour qu’une œuvre qui apparaît classique, soit contemporaine. Il y a tout le côté de la scénographie. Ce qui compte, ce n’est pas le caractère commode de la chose, mais c’est la capacité d’aller le plus loin possible avec sa propre puissance créatrice », a-t-il expliqué. En somme, une liberté donnée aux artistes qui peuvent associer sculpture, peinture, photo, vidéos ou ce qu’ils veulent. Dans le même ordre d’idée, Simon Njami, commissaire et critique d’art international, invité spécial, au lieu de définir l’art contemporain, a préféré s’attarder sur un artiste dit contemporain. «Un artiste contemporain est celui avec qui je peux boire un verre après une exposition », a-t-il simplifié. Mais, s’est-il interrogé, en quoi est-ce que quelque chose qui est fait aujourd’hui est-il contemporain ? A ce niveau, il pense que la sensibilité qui se dégage face à une telle œuvre, y jouera pour beaucoup. « Il peut avoir des gens qui sont nés la même année que moi. Qui ont le même âge que moi, mais, qui ne me sont pas contemporains. Au-delà de la sémantique, la contemporanéité est quelque chose qui me parle. Cela peut être une sculpture, de la peinture ou une installation », a-t-il éclaircie. En clair, qui reconnaît qui ? Qui fait quoi ? Dans quelle moule faut-il rentrer pour être reconnu comme un créateur contemporain? A ce niveau, la réponse qui peut paraître arbitraire est pourtant claire. «Il n’existe aucune objectivité dans mes choix », a soutenu M. Njami. Selon lui, la particularité des collections vient du fait que chaque commissaire a la liberté de pencher pour des œuvres qu’il ressent. «Il y a plusieurs manières de voir. Il n’y en a pas une qui soit meilleure que l’autre. Souvent nous ne nous en tenons qu’au bruit. Ce n’est pas parce que quelque chose fait du bruit que c’est meilleur que les autres », a-t-il fait remarquer. D’où le rôle que doivent avoir les structures de promotions de l’art. « Il faut que les gens d’ici sachent ce qui se passe ici. Le faire serait un bon combat. Car, on est beaucoup plus armé si on se définit soi-même que si on a été défini par quelqu’un d’autre ».
Un musée d’art contemporain
La question de création d’un musée d’art contemporain est toutefois revenue. Pour le directeur de la Rotonde des arts contemporains, Yacouba Konaté, un musée ou une institution d’une autre forme peut constituer une mémoire pour nos enfants. Car, s’est-il convaincu, il faut meubler notre espace mental de personnalités qui ont fait les beaux jours de l’art chez nous. En ce sens qu’un artiste ne vaut pas seulement par ce qu’il fait. Mais aussi, par son statut. «Les Ivoiriens doivent avoir honte qu’il n’y ait pas d’encouragement des structures en place. Sans appui, nous ne pourrons rien organiser. En matière d’art, nous ne sommes pas les derniers », a pesté Augustin Kassi, artiste-peintre. Il a dénoncé l’inertie du ministère de tutelle. Apportant sa contribution, Eric Agnéro, journaliste, a estimé que la question d’aide à l’art reste en suspens car ceux qui dirigent les organismes étatiques, chargés de la promotion de l’art, n’ont pas été éduqués en ce sens. «Un ministre ou un dirigeant qui a passé sa vie sans voir une exposition, sans faire de dessin à l’école, ne peut pas apprécier une œuvre d’art », pense-t-il. Pour lui, on doit introduire l’art dans les habitudes des populations : «L’art c’est les échanges. A ce titre, la création d’un cadre sociopolitique propice au business doit être mis en place». Une défiscalisation des achats d’objets d’art serait une contribution à la promotion des créations locales et un élément d’attraction des acheteurs étrangers, a-t-il estimé.
Sanou A. (Stagiaire)
Définir le canevas d’un terme polysémique compris et interprété différemment par les créateurs. L’art contemporain. C’est de ça qu’il s’agit. Il n’a pas été facile de l élucider, mardi, à la Fondation Charles Donwahi aux Deux-Plateaux à Cocody. Selon le Petit Robert, est contemporain ce qui est du même temps que ; qui est de notre époque. L’art contemporain, pour ainsi dire, s’appréhende comme l’ensemble des œuvres d’une époque et d’un lieu donné.
Art contemporain selon les artistes et professionnels
Le professeur Yacouba Konaté, galeriste et critique d’art, président de l’Association internationale des critiques d’art (Aica), a relevé le caractère subjectif de la notion. Pour lui, c’est la dimension d’une œuvre qui fait qu’elle est contemporaine ou non. C’est-à-dire ce qu’on montre et la manière de le montrer. « Souvent, il suffit d’une mise en scène pour qu’une œuvre qui apparaît classique, soit contemporaine. Il y a tout le côté de la scénographie. Ce qui compte, ce n’est pas le caractère commode de la chose, mais c’est la capacité d’aller le plus loin possible avec sa propre puissance créatrice », a-t-il expliqué. En somme, une liberté donnée aux artistes qui peuvent associer sculpture, peinture, photo, vidéos ou ce qu’ils veulent. Dans le même ordre d’idée, Simon Njami, commissaire et critique d’art international, invité spécial, au lieu de définir l’art contemporain, a préféré s’attarder sur un artiste dit contemporain. «Un artiste contemporain est celui avec qui je peux boire un verre après une exposition », a-t-il simplifié. Mais, s’est-il interrogé, en quoi est-ce que quelque chose qui est fait aujourd’hui est-il contemporain ? A ce niveau, il pense que la sensibilité qui se dégage face à une telle œuvre, y jouera pour beaucoup. « Il peut avoir des gens qui sont nés la même année que moi. Qui ont le même âge que moi, mais, qui ne me sont pas contemporains. Au-delà de la sémantique, la contemporanéité est quelque chose qui me parle. Cela peut être une sculpture, de la peinture ou une installation », a-t-il éclaircie. En clair, qui reconnaît qui ? Qui fait quoi ? Dans quelle moule faut-il rentrer pour être reconnu comme un créateur contemporain? A ce niveau, la réponse qui peut paraître arbitraire est pourtant claire. «Il n’existe aucune objectivité dans mes choix », a soutenu M. Njami. Selon lui, la particularité des collections vient du fait que chaque commissaire a la liberté de pencher pour des œuvres qu’il ressent. «Il y a plusieurs manières de voir. Il n’y en a pas une qui soit meilleure que l’autre. Souvent nous ne nous en tenons qu’au bruit. Ce n’est pas parce que quelque chose fait du bruit que c’est meilleur que les autres », a-t-il fait remarquer. D’où le rôle que doivent avoir les structures de promotions de l’art. « Il faut que les gens d’ici sachent ce qui se passe ici. Le faire serait un bon combat. Car, on est beaucoup plus armé si on se définit soi-même que si on a été défini par quelqu’un d’autre ».
Un musée d’art contemporain
La question de création d’un musée d’art contemporain est toutefois revenue. Pour le directeur de la Rotonde des arts contemporains, Yacouba Konaté, un musée ou une institution d’une autre forme peut constituer une mémoire pour nos enfants. Car, s’est-il convaincu, il faut meubler notre espace mental de personnalités qui ont fait les beaux jours de l’art chez nous. En ce sens qu’un artiste ne vaut pas seulement par ce qu’il fait. Mais aussi, par son statut. «Les Ivoiriens doivent avoir honte qu’il n’y ait pas d’encouragement des structures en place. Sans appui, nous ne pourrons rien organiser. En matière d’art, nous ne sommes pas les derniers », a pesté Augustin Kassi, artiste-peintre. Il a dénoncé l’inertie du ministère de tutelle. Apportant sa contribution, Eric Agnéro, journaliste, a estimé que la question d’aide à l’art reste en suspens car ceux qui dirigent les organismes étatiques, chargés de la promotion de l’art, n’ont pas été éduqués en ce sens. «Un ministre ou un dirigeant qui a passé sa vie sans voir une exposition, sans faire de dessin à l’école, ne peut pas apprécier une œuvre d’art », pense-t-il. Pour lui, on doit introduire l’art dans les habitudes des populations : «L’art c’est les échanges. A ce titre, la création d’un cadre sociopolitique propice au business doit être mis en place». Une défiscalisation des achats d’objets d’art serait une contribution à la promotion des créations locales et un élément d’attraction des acheteurs étrangers, a-t-il estimé.
Sanou A. (Stagiaire)