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Économie Publié le mardi 28 septembre 2010 | Nord-Sud

Tourisme, culture, infrastructures /Fresco : le grand pari sur l’avenir

En dépit des mauvais bruits de ces derniers jours, liés aux querelles interethniques, les cadres du nouveau département de Fresco veulent sortir de l’immobilisme. La région présente de réelles potentialités.

Fresco veut devenir un pôle économique. Ville située sur le Golfe de Guinée, la commune compte près de 20 000 habitants. Erigé en sous-préfecture en 1963, Fresco a été également élevé au rang de département en 2008 avec deux sous-préfectures, Fresco et Gbagbam. Avec une population estimée à 60 700 habitants, le nouveau département fait partie de la région du Sud-Bandama. La région compte de nombreux gisements à exploiter et des sites touristiques à explorer. Le relief réparti en zone forestière et lagunaire, est peu accidenté et présente de nombreux plateaux, des bas-fonds marécageux, des vallées et quelques collines. Les plus grands accidents du sol qu'on y observe sont la colline de Daadjidjen et la falaise de Djorogbozon. Cette falaise, la seconde en Afrique après celle de Madagascar qui sert de recherches et d'étude à l'université de Cocody et d'ailleurs, est reconnue sur le plan international comme un haut-lieu de sédimentation fossilifère.

Des sites balnéaires

La colline, quant à elle, a servi d'habitation à l'administration coloniale. En effet, c'est sur elle qu'ont été construits, en 1905, les bureaux de la subdivision de Fresco et les logements des administrateurs. . Aujourd'hui, Fresco est la seule zone où il existe encore des espèces aquatiques qui sont protégées au niveau mondial, une île peuplée d'animaux et d'oiseaux en voie de disparition. On y retrouve aussi des éléphants, des buffles, etc. La région est arrosée par de nombreuses rivières et deux fleuves, le Gnougnoro et le Bolo. Ils terminent leur course dans la mer. Après le transfert du village de Fresco de la plage sur la terre ferme en 1966, la ville surplombe maintenant la lagune Goglé. Cette lagune est, certes petite et peu profonde, n’empêche qu’elle est la quatrième des lagunes ivoiriennes. Elle est reliée à celle de Grand-Lahou par le canal Doglon. Cette lagune fait l'objet d'une attention particulière de la part des environnementalistes en raison de la présence de lamantins et d'une zone de mangrove. Long de plusieurs dizaines de kilomètres avec des plages classées parmi les plus belles et les plus contrastées du pays, la région présente des plages de sable fin avec des plantations de cocotiers et une succession de falaises rocheuses et de criques sableuses sur les côtes. Ces plages partent de Kosso à Sassandra en passant par Dagbéko. Par ailleurs, les plans d'eau lagunaires permettent la pratique de tous les sports nautiques et lacustres. Le climat de Fresco est humide en toute saison, sauf pendant l'harmattan (en décembre-janvier) où il est sec. Cette ville côtière vit principalement de l'activité cacaoyère. C'est un centre de regroupage des fèves de cacao qui sont récoltées dans l'arrière pays et acheminées aux deux grands ports ivoiriens que sont Abidjan et San Pedro. Dans la zone forestière, on cultive aussi le manioc, produit vivrier de base qui sert à la fabrication de l'Attiéké (fécule de manioc fermentée), la banane, le riz, le maïs, le piment, le gombo, etc. Entouré par la rivière Goglé, le département vit aussi de la pêche artisanale (crabe, tilapia, huître de mangrove). Toutefois, ces atouts peuvent être contrariés par les conflits interethniques que le préfet Ezéchiel Lida tente de minimiser.
Au plan culturel, la tradition qui rythme la vie, joue un rôle primordial dans l'attrait touristique. Il existe, en effet, un festival de chants et de danses traditionnels, baptisé Pôpaix ou Djaka. Grâce au promoteur, Alain Lobognon, des danses du terroir telles que l'abi ayara de Dadjeré, l'alloukou, le kliki kliki de Yoberi, le sakékouê (danse du grelot) et la mythique danse tosi des femmes du village Guédikpô. Par ailleurs, l’on note de réelles potentialités et des richesses culinaires, des courses de pirogue, des lancées de filets. Malheureusement, cette diversité culturelle et touristique bute sur des problèmes structurels. Les palétuviers sont partis, la mangrove a disparu à cause des mauvaises pratiques humaines. Ce qui entraîne un réchauffement de la lagune. En outre, la localité manque de centres de santé, d'écoles et les routes sont dans un état de dégradation avancée. Face à ces enjeux, le Fonds pour le développement de Fresco (Fondef) s’active à inverser la tendance. Ainsi, il a organisé, à Abidjan, un plateau d’échanges et d’écoute à l’attention des opérateurs économiques et investisseurs potentiels. Ce forum qui avait pour thème central «les opportunités d’investissement à Fresco» a été l’occasion pour le vice-président Félix Gohi Grah, non seulement de présenter l’intérêt à investir dans les domaines essentiels de l’agriculture, de l’immobilier et de l’éco-tourisme, mais également à encourager l’ouverture des services des secteurs privé et public. Le conseil d’administration a pu exposer une série de projets à caractère urgent. Notamment l’immobilier, la boulangerie, la transformation du vivrier, la mise en place d’une institution de microfinance afin d’assurer le financement de petits projets destinés à lutter contre la pauvreté.

Potentialités culturelles

Selon le président Lobognon, sa structure veut également faire la promotion de grands projets : plantations communautaires et villageoises d’hévéa et de palmiers à huile avec pour objectif à terme, la mise en place d’unités industrielles. Il s’agit de la mise en valeur des potentialités touristiques, la création de coopératives de pêche, l'installation d’unités de transformation de café-cacao, le développement de l'industrie touristique et l'amélioration du réseau routier, la construction d’infrastructures sanitaires. Il est question de mettre en place un plan de reboisement en mangrove. «Il faut que la côtière se mette ensemble pour créer des coopératives de pêches qui vont permettre de générer beaucoup de revenus », propose Henri César Sama, fils de la région. Un document unique de référence qui servira d’outil de travail est à la disposition des investisseurs. Sans restrictions, le champ d’expression pratique de ces investisseurs est relativement vaste : hôtellerie, animations touristiques diverses (golf, club de plongée, compagnie de charters nautiques, location automobile…), agriculture, industrie agro-alimentaire, industries de transformations diverses, laboratoires de recherche, bâtiments travaux publics, commerce spécialisé, les TIC, les services aux entreprises ou aux particuliers. Mais pourquoi les investisseurs ne se bousculent-ils pas au portillon, du moins pour l’instant? Peut-être faudrait-il stimuler la volonté politique.

Lanciné Bakayoko
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