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Politique Publié le samedi 2 octobre 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Relations franco-ivoiriennes / SEM Pierre Kipré, ambassadeur de Côte d’Ivoire en France: "Avec Sarkozy, les choses évoluent rapidement"

© L’intelligent d’Abidjan Par Nathan Koné
Cinquantenaire / colloque international pluridisciplinaire : les travaux ont commencé à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix
Lundi 2 août 2010. Yamoussoukro, Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Début des travaux à la grande salle. Photo: le président du comité d`organisation du cinquantenaire, Pr Pierre Kipré
Les élections en Côte d’Ivoire sont prévues pour le 31 octobre 2010 et sont censées mettre fin à 8 années de crise militaro politique. Au cours de cette crise, les rapports entre Paris et Abidjan sont devenus éprouvants. Où en sont les relations entre ces deux pays au moment où les Ivoiriens partent aux élections et quelles peuvent être leurs influences sur le déroulement du prochain scrutin en Côte d’Ivoire ? Pour la première fois SEM Pierre Kipré, ambassadeur de Côte d’Ivoire près la République française, lève le voile sur une relation tumultueuse mais intelligente.
A quelques semaines du scrutin présidentiel dans votre pays, quelle est votre analyse de toute l’évolution de la situation politique en Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002 ?
L’évolution de la situation en Côte d’Ivoire est bonne. Elle permet à notre pays de légitimer ou de relégitimer ses autorités les plus éminentes. Elle permet à la Côte d’Ivoire de renouer plus que par le passé avec l’évolution démocratique, le fonctionnement le plus normal d’institutions, la remise en route des activités de développement économique et social, la croissance plus soutenue mais surtout la paix. C’est donc à l’honneur des autorités de notre pays, principalement le président de la République et le Premier Ministre Soro Guillaume qui tous les deux ont accepté de discuter pour arriver à une situation de paix véritable. C’est tout à l’honneur aussi de toute la classe politique ivoirienne d’avoir chacune, à sa manière, cherché à accompagner ce désir de paix. C’est enfin tout à l’honneur de notre pays de montrer que, par nous mêmes d’abord et avec l’appui de la communauté internationale, nous pouvons régler nos problèmes. Et nous devons rester dans cette logique pour les années à venir. En tant qu’ivoirien et en tant que représentant de Côte d’Ivoire à l’Etranger, je ne peux qu’être satisfait de l’évolution heureuse de la situation politique dans notre pays. Il reste, comme tous les responsables politiques, que la bonne conduite de la campagne même sur un ton contradictoire, restera dans des limites acceptables. Et que chacun des acteurs de la vie politique, chacun de nos concitoyens, comprendra que les élections, c’est pas la guerre. Chacun comprendra que le temps des folies, des complots, des coups bas est passé. Il est enfin important que chaque ivoirien cultive l’idéal démocratique, la protection de notre pays. Que chacun donc aille à cette compétition, le cœur apaisé et dans un esprit démocratique.

Où en sont les relations entre la Côte d’Ivoire et la France ?
Les relations entre notre pays, un jeune Etat, et un grand pays, membre du conseil de sécurité des nations unies, la France, sont bonnes en tout cas au moment où je vous parle, tous les éléments en ma possession ne montrent pas que la France, pays démocratique, soit opposée à cette évolution de l’action démocratique dans notre pays. Il est évident que comme dans toute relation, même entre des jumeaux, il peut y avoir des moments difficiles Qu’il y ait des problèmes, ce n’est pas cela le plus important, mais plutôt la manière de sortir de cette difficulté.

Pour autant ni la France, ni les autorités ivoiriennes n’ont toujours pas oublié les évènements de novembre 2004 en Côte d’Ivoire.
Les évènements de novembre 2004 correspondent à une conjoncture politique bien précise et se réfère à un jeu politique et diplomatique qui se comprend par rapport à une logique des relations entre les grands pays et les petits pays. Une certaine partie de la classe politique française s’inscrit dans la logique des relations asymétriques. Cette catégorie de la classe politique française qui a d’ailleurs son homologue en Côte d’Ivoire, reste dans la logique de la Françafrique. C’est cela qui nous a emmenés tout ce que nous avons connu de désordre et d’interrogation dans la nature des relations entre la Côte d’Ivoire et la France. Et beaucoup d’Ivoiriens ont pu s’interroger sur la qualité des relations entre l’ancienne puissance coloniale et notre pays. Tous ces jeunes qui en novembre 2004 sont sortis massivement ont à l’esprit de dire à tout étranger que la Côte d’Ivoire appartient d’abord aux Ivoiriens et qu’elle est un pays indépendant et libre, dont on ne peut pas faire bon marché la dignité. Mais depuis tout cela, aussi bien au niveau de la communauté internationale qu’en Côte d’Ivoire, les choses ont évolué. Les choses ont évolué d’autant plus rapidement depuis que le président Sarkozy est à la tête de la France. Pour ce qui m’a été donné de constater jusqu’ici, pour ce chef d’Etat français dont la carrière ne doit rien, semble-t-il, à la Françafrique, les relations françafriques sont d’un autre temps et que la France doit défendre sans complexe, ses intérêts, son image et sa vision des relations internationales équitables. Pour cela il ne semble pas que la politique africaine de la France, avec le Président Sarkozy, s’inscrive dans la même logique que celle de son prédécesseur. D’où sa volonté de réviser tous les accords de coopération qui lient nos pays à la France. Chacun devant défendre ses intérêts. Et cela rejoint les préoccupations du président Laurent Gbagbo, pour qui les relations entre la Côte d’Ivoire et la France doivent être bonnes, amicales et fondées sur l’analyse réelle de l’état actuel de nos sociétés respectives.

Alors que la célébration du cinquantenaire de l’indépendance des pays africains, une autre occasion pour la Côte d’Ivoire et la France de réchauffer leurs relations fut un rendez-vous manqué.
J’ai appris ici et là que j’aurais eu des mots durs à cette occasion envers la France. Non. C’était des rappels. C’est mon anniversaire et si mes parents m’aiment vraiment alors que je suis adulte avec une famille en charge, c’est de m’aider à assumer ma maturité, à être responsable et non à m’infantiliser davantage. Même diplomate je ne dois pas mentir à des amis. C’est le véritable ami qui vous dit la vérité. Il y a un certain nombre de dossiers difficiles entre amis, on doit les évacuer courageusement pour relancer les relations sur des bases saines et plus durable. C’est faisable.

Avez-vous un message particulier pour les Ivoiriens de France ?
Je voudrais dire à tous que l’organisation des élections, que nous soyons en Côte d’Ivoire comme à l’étranger, relève de la CEI nationale et de ses représentations locales. L’ambassade doit mettre simplement à la disposition de la CEI locale la logistique nécessaire. Mais en même temps, en qualité d’Ambassadeur, j’ai aussi une responsabilité morale. Je dois faire en sorte que mes compatriotes donnent une bonne image de notre pays en France. Depuis mon arrivée en 2008, j’ai fait plusieurs tournées en province et il ressort de mes échanges avec beaucoup de responsables français, que nos compatriotes se comportent bien. Mais comme le moment des élections est toujours un moment de passion, j’ai l’intention, en présence d’un représentant de la CEI locale, de rencontrer les différentes communautés ivoiriennes vivant en France pour leur répéter ce que j’ai dit plus haut.

Propos recueillis par Philippe Kouhon
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