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Société Publié le mardi 12 octobre 2010 | L’expression

Retrait des cartes d’électeurs et d’identité - L’école tourne au ralenti

La distribution des cartes d’identité et d’électeurs est effective depuis quelques jours dans les écoles qui ont servi de centres d’enrôlement. Seulement, cette opération perturbe énormément la bonne tenue des cours.
Vendredi 8 octobre, il est 16 h. L’ambiance est inhabituelle au Groupe scolaire Jean Porquet à Williamsville non loin de la grande mosquée. Une foule nombreuse, venue pour le retrait des cartes d’identité et d’électeurs, encombre l’entrée. Preuve que la distribution de ces documents, débutée depuis quelques jours, draine du monde. Dans l’enceinte de l’école, des hommes et des femmes, arrêtés par petits groupes, discutent. Ils n’ont pas l’air d’être contents. Notre équipe de reportage les approche. Ils nous informent que les agents commis pour la distribution des cartes viennent de quitter le centre à cause du désordre qui y régnait. Ils leur demandent de revenir le lendemain (samedi), le temps pour ces derniers de s’organiser. Mais chose curieuse, il n’y a pas d’élèves ni dans la cour de l’école ni dans les salles de classe. Nous décidons d’en savoir plus. L’une des rares institutrices encore présente au sein de l’établissement nous explique le motif de l’absence des élèves cet après-midi. «Ce matin, les élèves étaient là. Mais il y a eu un cafouillage monstre. Les enfants ont eu très peur. Ils n’ont pas pu travailler. Et donc ce soir, ils ne sont pas venus», révèle cette enseignante qui a requis l’anonymat. Elle nous apprend par la suite que les élèves ne sont pas du tout en sécurité, vu le monde qui entre et sort de cet établissement. Et tout cela en l’absence des forces de défense et de sécurité. Une telle atmosphère ne peut qu’étouffer l’envie d’apprendre de ces tout-petits. «Il est impossible de retenir l’attention des enfants pour leur enseigner quelque chose. Ils sont tous physiquement présents en classe mais spirituellement absents», conclue-t-elle. Il est évident que devant une telle atmosphère contraire aux normes d’apprentissage, ‘’les élèves du groupe scolaire Jean Porquet ont été plus sages en décidant, de façon unilatérale, de rester à la maison’’.
Les élèves, les grands perdants
A l’Ecole privée ‘’Konaté’’, établissement situé en face de la ‘’Croix-bleue’’, le décor semble être différent. Les portails sont hermétiquement fermés. De jeunes gens aux biceps impressionnants tentent de filtrer l’entrée. Des centaines de personnes attendent d’avoir accès à l’école. Nous nous frayons difficilement un chemin dans la foule afin d’accéder à l’école. Une fois à l’intérieur, nous nous rendons vite compte que cette école n’offre pas meilleur spectacle. Les pétitionnaires sont pour certains debout et accoudés au mur des salles, pour d’autres assis à même le sol ou dans des salles de classe. Ici encore, les élèves sont absents cet après-midi. M. Hissiffou Konaté, le directeur de cette école primaire, s’explique : «Ce matin (vendredi 8 octobre, Ndlr) les élèves étaient là. Mais il y a eu des débordements, la foule est entrée dans la cour. J’ai pris la décision de les libérer alors qu’on a un programme à achever», explique-t-il avec regret. A l’en croire, depuis que la distribution des cartes a débuté, l’insécurité s’est installée dans son établissement. En plus, la foule traumatise les élèves. Les cours sont continuellement perturbés. Les enfants, une fois à l’intérieur, ne peuvent plus sortir car les pétitionnaires obstruent le passage. Ce que confirme M. Koné Katiana, le maître de CE2 A. « Il est difficile que les enfants suivent la leçon. On a été obligés de fermer les portes des salles de classe ce matin. Mais cela n’a rien donné », regrette-t-il avant de souhaiter que des forces de sécurité soient dépêchées pour assurer la sécurité des pétitionnaires et des élèves. Au groupe scolaire ‘’Shalom’’ des Deux Plateaux, le cafouillage a occasionné une dispute entre policiers et parents d’élèves. Pour parer à toute éventualité, l’administration de l’école a décidé ce vendredi soir de fermer l’établissement. Au groupe scolaire ‘’La fine fleur’’, établissement au cœur de Port Bouet 2, la situation était la même. M. Irié Bi Kouaï, le directeur des études, nous informe qu’il a été obligé de limiter les inscriptions à cause d’une salle qu’il a libérée pour l’opération. Il reconnaît que les enfants sont gênés par le bruit que font les pétitionnaires. M Gnahoré Justin, instituteur en charge de la classe de Cm2 enfonce le clou : « Les enfants sont distraits. Leur idée n’est pas en classe à cause du vacarme. J’ai été obligé d’arrêter la leçon aujourd’hui », s’est-il indigné. Que ce soit à l’école primaire publique ‘’Azur 2000’’ du Plateau Dokui ou à l’école primaire ‘’Kassemblé’’ dans la commune de Songon, la situation n’est guère reluisante. Dans les autres écoles que nous avons visitées, les élèves des classes réquisitionnées pour la distribution des cartes ont été repartis dans des classes de même niveau. Avec des effectifs déjà pléthoriques, il est évident que les cours ne peuvent pas se dérouler dans de bonnes conditions. Au groupe scolaire Jean Porquet par exemple, les élèves de la première classe de Cp1 ont été repartis dans les trois autres classes. Dans chacune de ces salles, les élèves étaient assis à trois par table et atteignaient la centaine. Une situation qui n’est pas propice à l’apprentissage. Pire à l’Epp Kassemblé qui n’a que 6 classes, trois classes ont été réquisitionnées pour la distribution des cartes. Il n’en reste plus que trois. Les instituteurs ont alors décidé de faire la double vacation. Idée géniale a priori. Mais les élèves perdent gros surtout que la fin de l’opération n’est pas prévue pour demain.

Jean Jacques Guédé
Leg : La distribution des cartes d’identité et d’électeurs empêche le bon déroulement des cours.

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