Laurent Gbagbo ne rate plus d’occasion pour traiter ses principaux adversaires de valets de l’impérialisme étranger. Une posture qui contient les germes d’un cocktail explosif.
«Il y a deux types de candidats : il y a d’un côté, un candidat pour la Côte d’Ivoire et de l’autre côté des candidats qui regardent toujours dehors», a déclaré samedi, Laurent Gbagbo, à son investiture officielle. «On peut tout me reprocher, mais on ne peut pas me reprocher d’avoir tourné le dos à la Côte d’Ivoire (…) Mais regardez un peu parmi les candidats. Pourquoi candidat en Côte d’Ivoire, je dois acheter des maisons à Paris. C’est pour faire quoi», a-t-il ajouté. «Confiez-moi un second mandat (…) Je suis avec vous à tout moment. Je ne suis pas le candidat qui prend la fuite dès le moindre coup de feu», a-t-il entonné deux jours plutôt à Korhogo. Le constat est net. La problématique de l’étranger va être un des axes majeurs de la campagne du candidat de La majorité présidentielle (Lmp).
Une question récurrente
Dans le contexte ivoirien, la question des étrangers n’est pas un détail. Elle s’est peu à peu imposée comme une question centrale, terriblement mal posée, dans la lutte politique. Le discours de Gbagbo sur le sujet fait référence à Henri Konan Bédié qui a choisi le chemin de l’exil lors du coup d’Etat de 1999 et à Alassane Dramane Ouattara, accusé de Burkinabé depuis 20 ans. Il transpire du discours du président Laurent Gbagbo, une sorte de campagne de dénigrement contre les leaders de l’opposition. La rhétorique utilisée tend à présenter les deux poids lourds de l’opposition comme des valets au service de la France, prêts à brader le patrimoine national à tout venant. Cette campagne, à fort relent nationaliste, malheureusement devenue coutumière dans le landerneau politique, a de quoi inquiéter. Dans les lieux publics, les transports en commun voire les bureaux administratifs, les partisans de Laurent Gbagbo ne s’empêchent plus de dire que les étrangers, par le biais d’Alassane Ouattara, veulent prendre le pouvoir pour en faire voir de toutes les couleurs aux Ivoiriens authentiques, «aux détenteurs exclusifs du titre foncier ivoirien». En Afrique, les enfants reprennent toujours les discours de leurs parents. En clair, si les uns et les autres affichent publiquement ce sectarisme, c’est qu’ils le tiennent d’une idéologie mûrement conçue. Pourtant, le candidat du Rdr, en prenant la décision de promouvoir le «vivre ensemble», affirme vouloir privilégier l’ouverture au détriment du repli identitaire et du féodalisme primaire. Malheureusement, cette option est modérément appréciée par tous. D’ailleurs, les contempteurs promettent la géhenne «aux dissidents » et à tous ceux qui soutiennent les candidats de l’extérieur. Avec quelques amalgames savamment distillés, les étrangers se trouvent clairement menacés. Par ailleurs, les militants de Gbagbo veulent, par la même occasion, faire apparaître aux yeux de ceux qui sont sensibles à «la préférence nationale», Henri Konan Bédié comme un traître qui marche sur la solidarité républicaine et qui empêche sa communauté culturelle de défendre le pouvoir.
La fibre xénophobe
Cette pratique d’un autre temps peut diviser et compromettre l’apaisement des cœurs tant souhaité. D’autant que tous les calculs électoralistes qui sous-tendent cette démarche, reposent sur une série de présupposés sans grand fondement. Un exemple entre mille : comment peut-on parler d’immigrés à propos de gens qui n’ont émigré de nulle part et dont on dit par ailleurs qu’ils sont de seconde génération? Confusion intentionnelle qui autorise à présenter les politiciens concernés comme des criminels.
A force de matraquage médiatique, les hommes politiques finissent par faire croire que leurs arguments politiciens sont partagés par tous les électeurs. La propagande électoraliste repose, en effet, sur le postulat que l’opinion publique est hostile aux étrangers, à toute espèce d’ouverture des frontières. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est qu’avant d’imputer à la seule immigration, les échecs, il faudrait s’interroger sur quelques autres facteurs, comme les affaires de corruption notamment dans le café-cacao qui frappent l’univers «médiatico-politique». Le débat est ouvert. Il faut que la question des étrangers soit bien posée. Elle doit être le schibboleth qui permettra de juger de la capacité des candidats à prendre parti, dans tous leurs choix, contre la Côte d’Ivoire étriquée, régressive, sécuritaire, protectionniste, xénophobe, et pour la Côte d’Ivoire ouverte, progressiste, internationaliste, universaliste. Il y a lieu de rappeler que chaque communauté culturelle doit être considérée comme une lettre de l’alphabet. Si une seule vient à manquer, il sera difficile d’écrire tous les mots de la langue. Aucune communauté culturelle, ne doit être exclue dans la gestion publique. La diversité n’est pas une tare. La différence existe pour créer la beauté et l’harmonie. Elle permet de produire une dynamique de progrès.
Lanciné Bakayoko
«Il y a deux types de candidats : il y a d’un côté, un candidat pour la Côte d’Ivoire et de l’autre côté des candidats qui regardent toujours dehors», a déclaré samedi, Laurent Gbagbo, à son investiture officielle. «On peut tout me reprocher, mais on ne peut pas me reprocher d’avoir tourné le dos à la Côte d’Ivoire (…) Mais regardez un peu parmi les candidats. Pourquoi candidat en Côte d’Ivoire, je dois acheter des maisons à Paris. C’est pour faire quoi», a-t-il ajouté. «Confiez-moi un second mandat (…) Je suis avec vous à tout moment. Je ne suis pas le candidat qui prend la fuite dès le moindre coup de feu», a-t-il entonné deux jours plutôt à Korhogo. Le constat est net. La problématique de l’étranger va être un des axes majeurs de la campagne du candidat de La majorité présidentielle (Lmp).
Une question récurrente
Dans le contexte ivoirien, la question des étrangers n’est pas un détail. Elle s’est peu à peu imposée comme une question centrale, terriblement mal posée, dans la lutte politique. Le discours de Gbagbo sur le sujet fait référence à Henri Konan Bédié qui a choisi le chemin de l’exil lors du coup d’Etat de 1999 et à Alassane Dramane Ouattara, accusé de Burkinabé depuis 20 ans. Il transpire du discours du président Laurent Gbagbo, une sorte de campagne de dénigrement contre les leaders de l’opposition. La rhétorique utilisée tend à présenter les deux poids lourds de l’opposition comme des valets au service de la France, prêts à brader le patrimoine national à tout venant. Cette campagne, à fort relent nationaliste, malheureusement devenue coutumière dans le landerneau politique, a de quoi inquiéter. Dans les lieux publics, les transports en commun voire les bureaux administratifs, les partisans de Laurent Gbagbo ne s’empêchent plus de dire que les étrangers, par le biais d’Alassane Ouattara, veulent prendre le pouvoir pour en faire voir de toutes les couleurs aux Ivoiriens authentiques, «aux détenteurs exclusifs du titre foncier ivoirien». En Afrique, les enfants reprennent toujours les discours de leurs parents. En clair, si les uns et les autres affichent publiquement ce sectarisme, c’est qu’ils le tiennent d’une idéologie mûrement conçue. Pourtant, le candidat du Rdr, en prenant la décision de promouvoir le «vivre ensemble», affirme vouloir privilégier l’ouverture au détriment du repli identitaire et du féodalisme primaire. Malheureusement, cette option est modérément appréciée par tous. D’ailleurs, les contempteurs promettent la géhenne «aux dissidents » et à tous ceux qui soutiennent les candidats de l’extérieur. Avec quelques amalgames savamment distillés, les étrangers se trouvent clairement menacés. Par ailleurs, les militants de Gbagbo veulent, par la même occasion, faire apparaître aux yeux de ceux qui sont sensibles à «la préférence nationale», Henri Konan Bédié comme un traître qui marche sur la solidarité républicaine et qui empêche sa communauté culturelle de défendre le pouvoir.
La fibre xénophobe
Cette pratique d’un autre temps peut diviser et compromettre l’apaisement des cœurs tant souhaité. D’autant que tous les calculs électoralistes qui sous-tendent cette démarche, reposent sur une série de présupposés sans grand fondement. Un exemple entre mille : comment peut-on parler d’immigrés à propos de gens qui n’ont émigré de nulle part et dont on dit par ailleurs qu’ils sont de seconde génération? Confusion intentionnelle qui autorise à présenter les politiciens concernés comme des criminels.
A force de matraquage médiatique, les hommes politiques finissent par faire croire que leurs arguments politiciens sont partagés par tous les électeurs. La propagande électoraliste repose, en effet, sur le postulat que l’opinion publique est hostile aux étrangers, à toute espèce d’ouverture des frontières. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est qu’avant d’imputer à la seule immigration, les échecs, il faudrait s’interroger sur quelques autres facteurs, comme les affaires de corruption notamment dans le café-cacao qui frappent l’univers «médiatico-politique». Le débat est ouvert. Il faut que la question des étrangers soit bien posée. Elle doit être le schibboleth qui permettra de juger de la capacité des candidats à prendre parti, dans tous leurs choix, contre la Côte d’Ivoire étriquée, régressive, sécuritaire, protectionniste, xénophobe, et pour la Côte d’Ivoire ouverte, progressiste, internationaliste, universaliste. Il y a lieu de rappeler que chaque communauté culturelle doit être considérée comme une lettre de l’alphabet. Si une seule vient à manquer, il sera difficile d’écrire tous les mots de la langue. Aucune communauté culturelle, ne doit être exclue dans la gestion publique. La diversité n’est pas une tare. La différence existe pour créer la beauté et l’harmonie. Elle permet de produire une dynamique de progrès.
Lanciné Bakayoko