Soubré : Affaire “Tô toxique fait 8 morts” / Karidja Koné, la rescapée de l’intoxication raconte

Suite à l’intoxication alimentaire qui a fait 8 morts dans la famille Diarrassouba, Nord-Sud quotidien a rendu visite à la rescapée du drame, dame Karidja Koné.

Après le décès de votre mari, de votre rivale et de 6 enfants, quel est votre état d’esprit ?
Je dois vous avouer que je ne sais plus où je suis aujourd’hui. Je suis complètement perdue voire désespérée. Je ne comprends toujours pas comment le sort peut s’acharner ainsi sur ma famille. Je me pose de nombreu­ses questions. Je m’en remets à Dieu, car lui seul peut expliquer ce genre de drame.

Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est réellement passé, ce dimanche 09 octobre ?
Tous les matins, je quitte très tôt la maison pour le marché où je fais le commerce de savon. Je ne rentre que le soir à 18 h ou à 19h. A mon arrivée, ce jour-là tout semblait bien comme d’ordinaire. C’est vers 20 h que nous avons été alertés d’une crise chez le fils du petit-frère de mon époux. Nous sommes allés à la clinique. Au moment où ma rivale a commencé sa crise, nous avons fait appel à mon mari. Elle semblait souffrir terriblement, nous lui avons donné quelques médicaments que nous avions sous la main, sans succès. Tard la nuit, elle est décédée. Entre-temps, pendant qu’on s’occupait d’elle, d’autres enfants ont commencé à faire la même crise dont ma fille de 8 ans. Jusqu’au petit matin, nous avons enregistré 4 morts. Mais manquant de moyens financiers, nous ne pouvions envisager d’aller à l’hôpital. C’est vers 6 h 30 que certains de nos parents nous ont conduits à l’hôpital. Là-bas, il y a eu 3 autres décès, dont mon mari.

Savez-vous que partout en ville, les gens racontent que c’est vous qui avez empoisonné votre rivale, ses enfants et votre mari ?

Ce sont des accusations ignobles et sans fondements. Tous ceux qui le disent sont des irresponsables. Comment aurais-je pu éliminer ma rivale, mon mari et mes propres enfants ? J’ai perdu 2 de mes enfants dans ce drame. J’ignore ce qui s’est passé, car j’étais absente de la maison pour raison de commerce. Aujourd’hui, le constat est que tous ceux qui ont mangé le repas de midi sont soit décédés, soit hospitalisés. Seul mon petit garçon qui refuse de manger le ‘’tô‘’ et moi som­mes saufs. Donc, ce sont des ragots de méchancetés auxquels je ne fais pas attention. Les médecins pensent que c’est le repas de midi qui serait à la base de cette intoxication. Alors que moi je suis sortie tôt le matin pour ne revenir que la nuit. A quel moment aurais-je pu mettre du poison dans le repas de midi que ma rivale a préparé à mon absence ? Je m’en remets à Dieu, lui seul sait ce qui a pu bien se passer.

Entretien réalisé par K. M. Nadège à Soubré