La lecture du rapport du mois d'octobre 2010 de l'organisation humanitaire " Human Rights Watch " sur la situation des droits de l'homme en Côte d'Ivoire et particulièrement dans la zone des Montagnes donne froid dans le dos. Ce rapport de 72 pages est intitulé : " Terrorisés et abandonnés : l'anarchie, le viol et l'impunité dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire ". Très équilibré, le rapport épingle à la fois les Forces nouvelles, les milices créées par le camp présidentiel et les Forces de défense et de sécurité, sans manquer de dénoncer vertement l'inaction et l'indifférence du gouvernement ivoirien devant la souffrance indicible des populations, livrées et abandonnées à la merci des criminels : " Alors que la Côte d'Ivoire s'achemine vers une élection présidentielle longtemps retardée et prévue désormais pour le 31 octobre 2010, l'extrême Ouest du pays connaît une situation proche de l'anarchie. Ici, le pouvoir des armes l'emporte et l'Etat de droit s'est tout simplement désintégré dans un contexte croissant de violences politiques, liées au conflit et criminelles. Les gangs criminels, les policiers, les gendarmes et les forces rebelles infligent à la population un flux incessant d'exactions, notamment des actes de banditisme, des agressions, des extorsions et viol de femmes, de filles et même de bébés. Les institutions de l'Etat chargées de la prévention et de faire rendre des comptes aux auteurs de ces violences se sont largement abstenues d'agir, permettant à une dangereuse culture de l'impunité de s'installer… ". Peut-on lire dans ce rapport. A la fin, l'organisation fait des recommandations au gouvernement ivoirien à qui elle demande d'assumer ses devoirs régaliens en " prenant toutes les mesures raisonnables pour protéger les personnes se trouvant sur son territoire, mettre fin à l'impunité qui permet la prolongation des violences et d'autres pratiques criminelles exige une autorité exercée aux plus hauts niveaux de l'Etat. ". Signalons que ce rapport s'appuie sur des entretiens menés auprès de plus de 80 victimes et témoins des actes de violence et d'extorsion, ainsi que de fonctionnaires, de membres des forces de l'ordre et de l'armée, de soldats rebelles, des représentants des Nations Unies et d'organisations non gouvernementales, et de diplomates. Signalons également que la protection des droits de l'homme ne semble pas être un grand thème retenu par les candidats à l'élection présidentielle. Et pourtant…
Assale Tiemoko
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