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Économie Publié le mercredi 3 novembre 2010 | Le Nouveau Réveil

Entreprises d`exploitation pétrolière : Le code pétrolier et le contrat de partage piétinés ?

Le code pétrolier ivoirien est-il source de malaise chez les travailleurs du secteur ? En tout cas, ils ne semblent guère apprécier leur traitement au sein des entreprises. En effet, voici ce que dit le contrat de partage de production en son article 30 "Personnel & Formation" et singulièrement à l'alinéa 30.1 : "Le contracteur (ndlr : entreprise) devra, pour la réalisation des opérations pétrolières, employer en priorité, la main-d'œuvre nationale de la Côte d'Ivoire, dans une proportion minimale de 75% de l'effectif total. Les directeurs, techniciens, ingénieurs, comptables, géologues, géophysiciens, hommes de science, chimistes, foreurs, contremaîtres, mécaniciens, ouvriers spécialisés, secrétaires et employés supérieurs pourront être engagés en dehors de la Côte d'Ivoire, si des spécialistes de même qualification ne peuvent pas être recrutés dans le pays ou détachés de Petroci. Dès l'octroi d'une autorisation exclusive d'exploitation, un plan d'ivoirisation sera soumis à l'approbation du gouvernement". Les choses paraissent différentes sur le terrain.

Des cas qui inspirent réflexion
Selon nos sources, pour exploitation, le bloc pétrolier ivoirien CI-26 a été attribué à la compagnie Canadian Natural Ressources (Cnr). Qui sous-traite avec la compagnie Prosafe spécialisée dans les navires de production Fpso (Floating production storage and offloading) en vue de la gestion quotidienne du navire de production Fpso "espoir ivoirien". Ce qui soumet alors celle-ci aux mêmes contraintes/conditions du contrat de partage liant la Côte d'Ivoire à Cnr. Prosafe a présenté un plan d'ivoirisation au gouvernement de Côte d'Ivoire et à Cnr. Ses employés nationaux devaient donc occuper depuis 2008, 90% des postes, allant de superviseurs aux ouvriers. Malheureusement, indiquent nos sources, depuis 10 ans, ce plan n'est pas appliqué et les formations ne sont octroyées qu'aux expatriés qui occupent toujours ces positions et même des postes d'ouvriers. Ce sont, à ce jour, 55% d'Ivoiriens pour 45% d'expatriés. "Dans les pays africains dont le Gabon, le Ghana, le Nigeria, l'Angola et dans le monde, lorsque nous sommes en phase production, les postes de superviseur jusqu'aux ouvriers sont occupés par des nationaux. Ce qui est différent de la phase de forage où chaque structure peut faire venir son équipe pour des interventions de courtes durées bien déterminées. Pour le contrôle de la présence des expatriés dans le cadre de la production pétrolière, un permis de travail n'excédant pas deux ans est instauré dans tous les pays du monde afin de s'assurer que tous les postes suscités reviennent aux nationaux dans ce délai. Mais en Côte d'Ivoire, aucun permis de travail n'est exigé aux travailleurs expatriés offshore, ce qui explique leur présence prolongée sur les installations offshore de la compagnie Prosafe (propriétaire du navire Espoir ivoirien) et la compagnie Modec (propriétaire du navire Baobab), toutes deux sous-traitantes de la compagnie Cnr International Côte d'Ivoire. Dans le cas spécifique de la compagnie Prosafe, un système de pérennisation des expatriés semble avoir été mis en place et se matérialise par le fait que chaque fois qu'un Ivoirien est promu, un sous-poste est automatiquement créé pour maintenir l'expatrié au poste auquel l'Ivoirien a droit. Ce qui bloque la promotion de cadres ivoiriens. Prosafe justifie cette politique discriminatoire par le fait que son client Cnr International refuse le départ des expatriés. Cnr International serait-elle au-dessus des lois ivoiriennes ? Les faits décrits ici se sont produits lors du projet d'accroissement de la capacité de production du navire "espoir ivoirien" où toute la main-d'œuvre a été importée (les ouvriers : peintres, soudeurs, les matelots…) de l'Indonésie, de l'Inde, de la Thaïlande… Et cela, pendant presque deux ans", explique notre interlocuteur.

Grogne des employés…
Cnr International, opérant dans le domaine de la production pétrolière sur le champ espoir, exerce en Côte d'Ivoire depuis fin 2000, notent nos sources qui font les révélations suivantes : "Prosafe refuse de prendre en compte les deux premières années de travail de ses employés (2001-2003) alors qu'elle utilisait la Compagnie d'avitaillement maritime (Ciam) comme structure de placement pour la gestion de son personnel. Les travailleurs excédés par cette attitude ont porté l'affaire devant la justice, mais ils se trouvent confrontés à une nébuleuse qui prétend pouvoir contrôler la justice. Depuis 10 ans de présence effective en Côte d'Ivoire, Prosafe ne possède pas de compte bancaire sur le territoire ivoirien et toutes ses opérations financières sont gérées par Ciam, notamment le paiement des salaires. Cet état de fait pose de sérieux problèmes au niveau des banques qui refusent d'octroyer des prêts bancaires d'un certain montant aux travailleurs Prosafe. Car, disent-elles, l'existence légale de Prosafe n'est pas prouvée. Les travailleurs se plaignent de forte discrimination salariale entre les expatriés et les nationaux pour le même poste et les mêmes risques. L'expatrié étant quatre fois mieux payé que l'Ivoirien souvent pour des compétences moindres. L'Ivoirien, malgré une position plus élevée et une ancienneté plus grande, est moins payé que l'expatrié qui vient d'arriver. Alors que depuis 10 ans, la nourriture et tous les biens de consommation sont importés de Singapour parce qu'on estime que le coût de la vie est trop élevé en Côte d'Ivoire". La situation ne parait donc pas reluisante pour ces travailleurs qui crient justice.

La réaction d'un responsable de Prosafe
Dans le souci d'équilibrer notre travail, nous avons essayé de joindre des responsables des structures nommément citées. Seul un des chefs de l'entreprise Prosafe nous a répondu sous le couvert de l'anonymat. Avec d'ailleurs des menaces. "Si vous me citez, je vous envoie en justice." A cette menace, nous lui avons indiqué que "notre souci reste d'équilibrer notre papier. Et qu'il n'est pas correct qu'on publie l'information, sans entendre les sociétés mises en cause". Réponse : "Je n'ai pas le droit de parler. J'ai une obligation de réserve". Une obligation qu'il violera en déclarant ceci avec une désinvolture linguistique : "Dites à ceux qui sont venus vous voir qu'ils ont une obligation de réserve. Ils savent où ils doivent poser leurs problèmes et non dans les journaux. Moi, je ne peux pas vous répondre. Adressez-vous à une autre personne". Sans vouloir parler, il n'a pu se retenir.

C. KWAGNE
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