Il est fort probable qu’on ne sache jamais la nature du poison qui a décimé la famille Diarrassouba dans la nuit du 10 au 11 octobre dernier. Cette famille a décidé de s’en remettre à Dieu. Les corps des victimes ont donc été inhumés. Ce qui éloigne la possibilité des autopsies indispensables à l’identification de la cause précise de l’intoxication collective. Sur dix personnes affectées, une seule a survécu. Elle se nomme Diarassouba Nafouchatta. Cinq sont décédées à Soubré, et les quatre autres à Gagnoa après leur évacuation. Des prélèvements ont été effectués sur les aliments à l’origine des décès, mais ceux-ci n’ont jamais quitté la capitale du Nawa pour des analyses poussées dans les laboratoires spécialisés d’Abidjan. Selon Yara Nahounou Edouard, responsable de l’hygiène et des actions sanitaires au district de Soubré, les premiers prélèvements ont été faits par la police. C’était sur le reste du dîner de la veille du drame. Ces prélèvements ont été conservés dans des sachets noirs sans aucune forme de conditionnement. Ce qui a posé problème : “Après les constats d’usage, la police a pris le reste de la nourriture du soir : le «kabatô» et la sauce d’arachide qu’elle a fait remettre au directeur de l’hôpital. Lorsque l’équipe du district s’est rendue sur les lieux, il n’y avait plus de reste de nourriture. Nous nous sommes contentés de faire des prélèvements sur la farine de maïs, celle de manioc ayant servi à faire le repas. C’est seulement l’après-midi que nous avons su que la police, avant nous, avait pris le reste du repas de la veille. Le temps pour nous d’entrer en possession de ces restes, ils étaient déjà dégradés à cause des mauvaises conditions de conservation », indique M. Yara. Et d’ajouter qu’après les investigations sur le terrain, ils se sont rendus compte qu’une des victimes qui n’avait mangé que de la viande sans toucher la pâte et donc le «kabatô» avait succombé, ce qui suppose que c’est la sauce qui est à la base de l’intoxication alimentaire. Pour M. Méité Yacouba, un des témoins du drame, il sera difficile de découvrir la vraie piste car les prélèvements faits par la police, l’ont été sur le repas du soir alors qu’il semble que c’est plutôt ceux qui ont mangé le repas de midi qui sont victimes d’intoxication. Alors qu’il n’y a aucune trace de ce repas de midi.”Toutes les forces sont concentrées sur le repas du soir, alors que certains ont pris part à ce repas et ne présentent aucun signe d’intoxication, ce sont donc tous ceux qui ont pris part au repas de midi qui sont morts. Donc c’est de ce côté-là qu’il faut voir.” a-t-il indiqué.
K.M. Nadège à Soubré
K.M. Nadège à Soubré