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Politique Publié le vendredi 12 novembre 2010 | Le Nouveau Réveil

En 1997 à "L`autre Afrique" : Laurent Gbagbo : “L’accès au pouvoir est bloqué par des pratiques électorales”

© Le Nouveau Réveil Par Prisca
Présidentielle 2010 : Laurent Gbagbo au QG de campagne de LMP
Mardi 9 novembre 2010. Abidjan, Quartier général de campagne de LMP à Cocody. Le candidat Laurent Gbagbo anime une conférence de presse
" Chaque fois que les opposants sont frustrés de leur victoire, ça finit par la violence ". Ces paroles sont de Laurent Gbagbo. Il les a dites dans une interview qu`il a accordée au magazine panafricain "L`autre Afrique" qui les a publiées dans son édition du 29 octobre 1977. Cette interview a été reprise par "Le Nouveau Réveil" dans son édition du vendredi 13 août 2004. Elle est plus que d`actualité aujourd`hui, au moment où Gbagbo et Ouattara se retrouvent au second tour de la Présidentielle et que pour s`accrocher au pouvoir, le premier veut faire du second un paria pour le pays. La tension monte, au fur et à mesure que les partisans de Gbagbo s`installent dans les injures gratuites, dans le tribalisme et dans la fraude électorale.





L`autre Afrique: La stratégie du boycott a été beaucoup utilisée en Afrique ces dernières années, sans grand succès. Qu`en pensez-vous ?

S`il y avait des solutions miracles pour transformer les dictatures en démocraties, et faire que les élections soient transparentes, cela se saurait.

Effectivement, l`alternance politique a été plutôt limitée ces dernières années tout comme. Nous avons boycotté l`élection présidentielle en 1995, les opposants maliens ont boycotté à leur tour cette année, comme les Camerounais. Un nombre important de partis politiques boycottent les élections en Afrique, au point que, depuis 1990, il devient difficile de les compter. Mais cela me semble un peu facile d`accuser les oppositions. Ce constat, en réalité, amène à s`interroger non pas sur les oppositions, mais sur les systèmes politiques en place. Ce n`est sans doute pas un hasard si, dans le reste du monde, on ne boycotte pas de cette manière. Les hommes qui sont au pouvoir en Afrique ne veulent pas de systèmes démocratiques. Ils ne veulent pas organiser des élections et les perdre. Quand les oppositions arrivent au boycott, c`est qu`elles y sont littéralement acculées. Le boycott est une solution désespérée, je1e reconnais.



Qui ne semble pas amener le changement... Boycotterez-vous-les prochaines élections?

Pour tous ceux qui, comme nous, ont tenté la technique du boycott, le temps est en effet venu de tirer les leçons de nos échecs. Il nous faut imaginer d`autres stratégies. Les gens de l`opposition sont même condamnés à les trouver. Ceux qui sont au pouvoir ont déjà trouvé: c`est de ne pas faire la démocratie. Nous sommes donc en train de travailler sur d`autres méthodes pour arriver à nos fins, mais il est un peu tôt pour dévoiler nos batteries. Maintenant, la prochaine échéance est l`élection présidentielle de l`an 2000:



Et si rien ne change ?

Prenons le Congo. C`est un exemple de faillite de la démocratie. Les chefs de l`Etat des régimes en place doivent savoir qu`aujourd`hui, lorsqu`un consensus national chargé d`amener des réformes démocratiques échoue, ce sont les armes qui parlent. Soit le coup d`Etat, soit enfin, la solution de Brazzaville, qui est une guerre préventive contre la démocratie. A quelques jours des élections, les deux candidats se battent parce qu`aucun d`entre eux n`est d`accord pour aller aux élections, à moins d`être sûr de les remporter. Remarquez que ce ne sont pas les opposants qui conduisent à ces situations, mais les gouvernements. La démocratie, finalement, c`est quoi ? C`est pouvoir aller au pouvoir sans avoir besoin de tuer. C`est la possibilité de l`alternance, en somme.



Est-ce le cas aujourd`hui en Côte d`Ivoire ?

L`accès au pouvoir est bloqué par des codes électoraux et des pratiques électorales. C`est à croire que ce régime veut la guerre... Le jour où je serai fatigué d`apaiser tout le monde et que je me retirerai dans mon village, on verra ce qui se passera. Si le pouvoir n`a pas affaire à Gbagbo, il aura affaire à quelqu`un d`autre. Il y aura peut-être un autre langage, alors.



Les opposants sont-ils condamnés à la violence, pour exister?

Les Kabila sont fabriqués par le pouvoir. Kabila est une créature de Mobutu. Si le Maréchal avait joué le jeu démocratique, s`il avait investi l`argent pour développer son pays, construit des hôpitaux, il aurait sans doute été battu à un moment ou un autre, mais le pays serait resté une démocratie. On accuse le peuple ou les opposants d`être responsables du désordre mais ce n`est pas vrai. Maintenant, tous les opposants décidés à accéder au pouvoir, semblent parler le langage des armes. C`est aux pouvoirs en place d`en tirer les leçons! Le jour où nos dirigeants le comprendront, l`Afrique sera sauvée du point de vue politique. J`ai bien peur que ce ne soit pas encore le cas en Côte d`Ivoire, puisque le président ne comprend pas du tout que les temps ont changé. Des processus électoraux mal ficelés conduisent toujours les gens à la violence, comme au Libéria. Chaque fois que les opposants sont frustrés de leur victoire, ça finit de cette manière.



Que pensez-vous de "l`ivoirité", thème abondamment développé par le pouvoir ?

L`ivoirité" est une aberration, proche des thèses de l`extrême droite. Je me bats pour que cela ne soit jamais une idéologie populaire en Côte d`Ivoire. Là où l`être humain est né, là est sa première terre. Il décidé ensuite d`être Ivoirien ou Français. Il décide après. Cela fait partie des choses que nous voulons établir si nous sommes au pouvoir. Il y a des Burkinabé qui sont en Côte d`Ivoire depuis bien avant ma naissance et qui n`ont pas la nationalité ivoirienne. Nombre d`entre eux sont nés en Côte d`Ivoire mais on conteste cette nationalité



A quoi ressemble la gauche en Afrique aujourd`hui? Existe-t-elle ?

Je n`aime pas qu`on parle de la gauche africaine. Il n`y a pas une recette politique que les partis de gauche distribuent pour mener leur politique de la même façon dans tous les pays. Cela n`empêche pas de leur reconnaître des valeurs communes. Ces partis, d`une manière générale, travaillent pour le grand nombre. A chaque moment, il faut donc réfléchir à une politique qui va dans l`intérêt du peuple. Nous nous reconnaissons sur un certain nombre de valeurs idéologiques, mais nous avons des opinions différentes sur les manières de mettre en œuvre les politiques. Une politique, cela diffère d`un pays à l`autre (...)

In “Notre Afrique”

du 29 octobre 1997

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