Que retenir donc de l'homme politique Gbagbo Laurent qui a été baptisé par ses partisans dans les années 90 comme un animal politique ? Qui a appris à connaître cet homme leader du FPI, puis aujourd'hui candidat d'une certaine mouvance présidentielle, ne peut le reconnaître depuis 2000, où il a accédé au pouvoir, dans des conditions calamiteuses. Le parcours de ses 20 ans d'activités politiques au grand jour est fait de reniement et de volte-face les plus spectaculaires au grand dam du scrupule et de l'intelligence de ceux qu'il a en face de lui. Le deuxième tour de la présidentielle lui a tellement pris la tête que tout porte à croire qu'il l'a perdue. Alassane Ouattara en face de lui, fait perdre le sommeil à Gbagbo. Surtout quand ce dernier est soutenu par le Rhdp qui regroupe au moins 80% de l'électorat ivoirien. De fait, le candidat de Lmp ne sait plus où donner de la tête. Il ne cherche même plus à convaincre les électeurs, mais plutôt à abattre coûte que coûte l'adversaire qu'il voit comme l'ennemi. L'arme est toute trouvée : Présenter Ouattara comme le mal absolu, l'envoyé des démons de l'étranger pour assassiner les Ivoiriens et détruire la Côte d'Ivoire. Ignorant royalement que c'est bien lui Gbagbo qui a signé un décret pour admettre que Ouattara est éligible. Venir le brandir comme un étranger, n'est rien d'autre que le reniement de sa propre signature. Mieux, Gbagbo et ses suiveurs avaient clamé partout que cette campagne électorale se fera sur la base du bilan contre bilan. Au moment où les Ivoiriens et tous les observateurs s'attendent à ce que Gbagbo défende son bilan, il axe son programme électoral sur un faux débat retrograde et nuisible à l'unité nationale. "Ouattara est un étranger ou un pion de l'étranger", est-ce cela le bilan du FPI ? Si oui, alors Gbagbo n'aura rien fait depuis dix ans que de chercher à détruire les autres. Si non, alors, on peut dire que ce slogan sera son programme de gouvernement. Dans ce cas, les Ivoiriens n'ont plus rien à attendre de lui. Dans tous les cas, Gbagbo semble ne rien comprendre aux attentes et aux motivations des Ivoiriens qui sont sortis massivement pour voter le 31 octobre dernier. Les Ivoiriens veulent sortir du marasme, de la misère. Ils veulent la paix, la fin de l'impunité, la restauration du mérite et de l'excellence. Ils veulent être mis au travail… Ils cherchent un homme qui peut être devant eux pour réaliser ces rêves, pour refaire de la Côte d'Ivoire un pays stable et prospère. Les Ivoiriens se moquent de la couleur ou de l'ethnie de celui qui recréera les conditions du sursaut ivoirien. De fait, Gbagbo n'est pas sur la même longueur d'ondes que la grande majorité des Ivoiriens. Tel est le sens réel de son échec au premier tour face au RHDP. Et ses chances de l'emporter au deuxième tour sont encore plus minces, parce qu'il s'éloigne de jour en jour de leur attente. Mais tout indique qu'il n'est pas prêt à abandonner le pouvoir et tout est mis en œuvre pour. Si cela est vrai, alors qu'il se rappelle ce que lui-même a dit en 1977 : " Des processus électoraux mal ficelés conduisent toujours les gens à la violence, comme au Libéria. Chaque fois que les opposants sont frustrés de leur victoire, ça finit de cette manière. ". Que Gbagbo cherche d'autres argument pour convaincre les électeurs.
Eddy PEHE
Eddy PEHE