Si le second tour de l’élection présidentielle constitue un enjeu pour l’ensemble des Ivoiriens, il l’est encore plus pour les Houphouétistes réunis au sein du Rhdp. Pour eux, il s’agit d’un grand défi à relever dans la bataille de la reconquête du pouvoir d’Etat ; bien plus, pour la survie de leur mouvement. Mathématiquement, au vu des résultats du premier tour, le Palais présidentiel est à leur portée avec plus de 60 % des voix. C’est donc, l’occasion ou jamais de reprendre le pouvoir perdu en 1999 avec le coup d’Etat, en ce qui concerne le Pdci-Rda . Alassane Ouattara a d’ailleurs promis de gouverner la Côte d’Ivoire sous l’autorité du président du Pdci Henri Konan Bédié. Son commando mis sur pied a donc là, une mission historique celui d’ouvrir une nouvelle page de la Cote d’Ivoire avec les enfants de Félix Houphouet Boigny. Autrement dit, une éventuelle défaite du candidat du Rhdp serait synonyme d’un désaveu pour l’Houphouétisme ; sinon au moins de ses leaders. Soit, ce courant de pensée n’aurait pas convaincu, soit les leaders n’ont pas su incarner les valeurs chères au père de la Nation Félix Houphouét-Boigny, incontestable icône pour tous les Ivoiriens. Au moment des bilans, chacun des quatre partis membres du Rhdp sera contraint de se conformer aux nouvelles exigences pour retrouver son identité propre. Nul doute qu’il y aura des bouleversements jusqu’au sommet des instances de ces formations politiques. Et il n’est pas évident que les nouveaux responsables s’inscrivent totalement dans la même logique que leurs prédécesseurs. La plate-forme des Houphouétistes signée en 2005 à Paris par Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara, Mabri Toikeusse et Anaky Kobena pourrait donc être battue en brèche par ceux qui auront pour les prochaines années en charge, la destinée des quatre partis frères : le Pdci, le Rdr, l’Udpci et le Mfa. La preuve, déjà, à la faveur de la présidentielle de 2010, l’idée de la candidature unique défendue par Anaky Kobena n’a pu rencontrer l’agrément des militants mus par les intérêts personnels. C’est pourquoi, la mobilisation exceptionnelle autour d’Alassane Ouattara, plus qu’un symbole doit aider à consolider les liens entre tous les Houphouétistes, surtout avec une éventuelle victoire à la présidentielle. Dans la négative, Laurent Gbagbo pourrait provoquer encore des saignées au sein des partis du Rhdp surtout au Pdci. Car, d’autres cadres sans véritable conviction politique et attirés par le gain facile n’hésiteront pas à suivre les pas de N’Zi Paul David, N’Dri Appolinaire, Palé Dimaté et autres.
Marcel Bénié
Marcel Bénié