Vie politique - Dieu aime Alassane

Quelqu’un d’autre à sa place, aurait jeté l’éponge. Son moral aurait pris un coup. Sa santé l’aurait abandonné depuis fort longtemps. Or, malgré tout, malgré tous les coups reçus, les humiliations subies, les menaces physiques vécues, Alassane Ouattara est toujours et encore là. Mieux, il est favori pour le second tour de l’élection présidentielle. Certains disent même qu’il a déjà remporté ce scrutin. Si son destin n’était pas inscrit dans les cieux, si Dieu ne l’avait pas sous sa protection, si lui-même n’avait pas foi en son étoile, il n’en serait pas à ce stade aujourd’hui. Plus d’une fois, il a été proche du pouvoir, autant de fois, le Seigneur ne lui a pas permis de franchir le pas. Pauvres mortels que sont tous ceux qui l’aiment et l’admirent, ne comprenant rien à la façon d’agir de l’Eternel, maudissaient les cieux et les hommes pour tous ces rendez-vous manqués. Si Dieu n’aimait pas Alassane, et n’avait pas un plan pour lui, il ne l’aurait pas soumis à toutes ces épreuves. Simplement, il a voulu le préparer à sa divine mission. Ayant souffert, il saura comment faire pour éviter à son semblable pareille situation. Ayant connu l’humiliation, il saura l’éviter à son prochain. Pour avoir connu les départs brutaux de nombre de ses partisans et proches collaborateurs, victimes des tueries organisées, il n’oubliera pas que quand le cœur saigne, il n’y a pas pire supplice. Si Dieu n’aimait pas Alassane Ouattara il aurait exaucé les prières de ses ennemis. Comme il l’aime, il s’est plutôt montré magnanime envers ses amis. Il n’a pas voulu qu’il arrive au pouvoir avant l’heure. Avant que les Ivoiriens n’aient goûté à la gestion de celui qui leur promettait monts et merveilles. Avant qu’il n’apprenne à mieux connaître ses compatriotes et ces derniers, à mieux le connaître.

C’est au début des années 90 qu’Alassane Dramane Ouattara est apparu sur la scène politique. Pour avoir fait presque toute sa scolarité à l’étranger, pour avoir travaillé exclusivement à l’international, au moment où Félix Houphouët-Boigny l’appelait pour redresser une situation alarmante, la plupart de ses concitoyens ne le connaissaient pas bien, ou pas du tout. Or, tout le monde sait que l’inconnu est toujours le diable. A l’époque, l’on lui prêtait tout. On le voyait en tout et on l’habillait de tout. A l’époque, ces thèses prospéraient parce que l’homme était mal connu et surtout, est arrivé dans un pays traversant une grave crise économique et connaissant une mutation politique d’envergure. Mais, on aura remarqué que tout ce qu’on a dit de lui et sur lui, au lieu de le rendre impopulaire, a concouru à sa très grande popularité. De retour de Washington où il s’était rendu pour voir ses nouveaux bureaux du FMI où il venait d’être nommé directeur général adjoint, ses partisans lui ont réservé un accueil triomphal. Tout le boulevard Giscard d’Estaing, depuis l’aéroport jusqu’à Treichville, était noir de monde. Une population qui l’a accompagné jusqu’à son domicile. Le phénomène ADO venait de naître et ira s’amplifiant. Si Dieu n’avait pas sa main sur Alassane Ouattara, il y a longtemps qu’il serait tombé dans les oubliettes.

Au lendemain du coup d’Etat de 1999, quand le Général Guéi affirme que le scrutin présidentiel à venir sera ouvert à tous, tout le monde parie sur une victoire de l’ancien Premier ministre d’Houphouët. Tout calcul fait, il ne pouvait pas perdre cette élection. Et ses partisans s’étaient déjà inscrits dans la perspective de cette victoire. Mal leur en prit. Parce qu’aux côtés du général est arrivé « le boulanger » et le scrutin s’est ouvert à tous sauf à Konan Bédié et à Alassane Ouattara. Et quand l’ancien allié du Front républicain, en l’occurrence Laurent Gbagbo prend les rênes du pouvoir après s’être moqué de Robert Guéi, la descente aux enfers se poursuit pour le président du RDR. Laurent Gbagbo jure sur tous les toits que l’ancien DGA du FMI ne « sera rien dans ce pays ». Le cas Alassane, il le règlerait politiquement et tous ceux qui sont avec lui iront manger dans sa main. Récemment, l’inspirateur de l’article 35 de la nouvelle et confligène constitution, disait sur le plateau de la télévision Africa 24, qu’autoriser la candidature d’Alassane Ouattara pour la présidentielle faisait partie des graves décisions qu’il a eu à prendre au cours de son double mandat. Sans le savoir, Laurent Gbagbo avouait ainsi son échec dans sa tentative d’effacer le président du RDR de la scène politique ivoirienne. Comme Dieu aime Alassane Ouattara, il ne pouvait laisser prospérer pareille ignominie. Et voilà Alassane Ouattara s’en allant pour la magistrature suprême de la Côte d’Ivoire. Et ce, après un parcours jalonné d’épreuves diverses.

Les spirituels affirment que ce qui est écrit se réalise. Celui que Dieu a oint ne peut être vaincu par la méchanceté gratuite, l’ingratitude, la jalousie, les montages honteux et autres manipulations. Tel est Alassane Ouattara. Tel est son destin. Après la providence, ses frères et amis du RHDP, fils et petits fils d’Houphouët ont accepté que ça soit lui qui, comme en 1990, barre le chemin au verbe creux et aux promesses sans lendemain de ceux qui étaient venus pour gouverner la Côte d’Ivoire autrement et qui l’ont fait pour le malheur des Ivoiriens. C’est donc lui qui, comme en 1990, a été commis pour sauver l’héritage du père de la nation. Il l’avait fait en 1990, il n y a pas de raison qu’il ne le réussisse pas une fois encore.

Quand Dieu t’aime, il t’éprouve avant de te délivrer « un certificat d’aptitude ». C’est ce qu’il a fait pour Alassane Ouattara, lequel recevra son parchemin, le 28 novembre prochain, pour présider avec sagesse et compétence, à la destinée de la Côte d’Ivoire.

Raphaël Lakpé
Journaliste-sociologue, consultant