Journée de la paix. Célébration de l’Aïd el Kébir. Le recueillement était au rendez-vous au cours de ce long week-end dans notre pays, même si cela n’a donné lieu à aucune trêve dans les deux états-majors en lice pour le second tour de l’élection présidentielle prévu le 28 Novembre prochain. (...) A onze jours du scrutin ici en Côte d’Ivoire, l’on ne peut manquer de songer à ce qui se passe en Guinée. Un pays si proche. Mais sommes nous Guinéens ? Oui nous sommes un peu guinéen, mais pas tout à fait. Avec ses Peulh, ses Soussou, ses forestiers et ses Malinkés la Guinée fait un peu Côte d’Ivoire, d’autant plus qu’on retrouve quelques cousins ivoiriens parmi les Peulh, les Malinké, les forestiers et même les Soussous de Guinée. Nous sommes également un peu Guinéens, parce que nous avons deux tours. Toutefois, nous allons au deuxième tour, tout en restant dans la dynamique du premier tour, alors qu’en Guinée, les quatre mois ayant séparé les deux tours, ont brisé bien de dynamique d’une part, et d’autre part, ont aidé un camp à se rassembler et à se remobiliser. En clair, la victime des successifs reports de l’élection en Guinée aura été El Hadj Mamadou
Chacun voit un peu de Guinée en lui
Dallein Cellou Diallo. Largement vainqueur du premier tour, il a dû avoir le triomphe modeste et le profil bas, pour éviter de paraître trop pressé d’arriver au pouvoir. Sa vigilance n’a pas pu avoir raison de la coalition tout sauf Dallein qui a eu le temps de mettre tout en oeuvre pour lui barrer la route. Cela dit, il faut noter que l’écart de 140 mille voix interpelle, et pose le problème du taux de participation qui est d’environ 65 pour cent. Deux leçons à retenir et qui font que nous sommes vraiment un peu guinéens : d’abord l’arithmétique électorale n’a pas bien fonctionné en Guinée. Malgré le ralliement de Sidya Touré à Dallein Diallo, celui-ci a été presque seul, et n’a accru son score du premier tour que grâce à son seul clan. En clair, Sidya Touré n’a pas été suivi, ou bien il n’a pas joué franc jeu. Cela est bien rassurant pour la Majorité présidentielle en Côte d’Ivoire. L’autre leçon est que le deuxième peut devenir premier. Au RHDP, on préfère voir cela et argumenter que la mécanique RHDP n’est pas circonstancielle et qu’elle dure cinq ans, alors qu’en Guinée, c’est du bout des lèvres que Sidya Touré a soutenu Dallein Diallo, après un premier tour très fratricide. Chacun voit un peu de Guinée en lui, en prenant bien sûr le côté qu’il l’arrange. C’est de bonne guerre. Cela dit, l’occasion est bonne d’attirer l’attention de tous sur les dangers de recours à l’ethnie. Quand Houphouët-Boigny était mis en difficulté par Laurent Gbagbo, il convoquait les bons et les vrais Bété de l’époque qui étaient feu Bra Kanon, Gnoléba, Pierre Kipré et bien d’autres qu’il opposait au fils indigne et au faux Bété. Les Bété PDCI montaient alors au créneau. Dans le film d’Henri Duparc, dont s’est inspiré Mamadou Ben Soumahoro, pour réaliser une excellente et enrichissante série de films sur l’homme de la situation, Laurent Gbagbo a dénoncé avec vigueur cette façon de faire la politique. Aujourd’hui avec la course aux Baoulé, n’est-ce pas le même scénario qui n’a pourtant pas brisé l’élan et le parcous de l’enfant du peuple face à Houphouët. Jusqu’où peut-on encourager les allégeances et ralliements du genre : artistes baoulés, juristes baoulé, universitaires et enseignants Akan et baoulé, paysans baoulé, baoulé de Daloa du Moyen Cavaly, baoulé de la diaspora,etc.… . Un candidat ayant avec lui, Gadji Celi président de tous les artistes de Côte d’Ivoire, et le grand Alpha Blondy, (qu’on n’entend plus et qui dit-on serait opposé à ce qu’il considère comme dérive identidaire); a-t-il besoin du soutien des seuls artistes baoulé ? Aïcha Koné et d’autres artistes mandingues devront-ils convoquer leur tribu ? Candidat trans-ethnique et représentatif d’une vraie majorité nationale, Laurent Gbagbo, en allant lui-même à la rencontre des populations, en renforçant le corps à corps pour chercher à connaître lui-même le maximum d’électeurs, comme il a toujours fait, en parcourant le pays, depuis toujours, se donne plus d’atouts que les éléments télévisés qui passent ces temps-ci. Et qui ont l’avantage de convaincre et rassurer ses seuls partisans. Mais ces éléments télévisés peuvent avoir du mal à conquérir de nouveaux électeurs si l’angle d'attaque est mal trouvé. Quid de la thématique du Kangaba ? Là encore on doit savoir qu’à chacun son esclave, à chacun son kangaba. Dans l’Etat moderne de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo a toujours prôné la démocratie au détriment de la tribucratie. C’est cela sa force et son atout. Exalter autour de lui, les valeurs d’une tribu, peut avoir un revers. Car ce n’est pas seulement le Mossi ou l’étranger qui est l’esclave de l’autre. Hors de l’Etat et de la Nation, chacun devient l’esclave de l’autre. C’est pourquoi nous faisons souvent appel aux alliances interethniques pour assumer nos différences. Par ailleurs, l’esclave ne peut-il pas aller au front pour le chef, et le Nanan ? Voici donc l’ouvrier et le Kangaba Ouattara au front et en mission commandée pour sauver et laver l’affront que le Nanan Bédié, le vrai chef Bédié aurait subi. Avec N’Zueba dans un rôle joyeux et heureux de patriarche qui regarde Ouattara aller en combat et prendre le coup pour lui. Tout discours a une connotation et en même temps son revers. Pendant que d’un côté on dénonce les assassins de gendarmes, les égorgeurs d’Ivoiriens, le drame des enfants orphelins, la misère des jeunes, et des femmes victimes de guerre, l’étranger qui veut s’emparer du pays ;de l’autre côté, on montre les images du charnier. On parle de l’escadron de la mort, du bombardement des villes détenues par les FN. On parle de victoire volée au PDCI, qu’il faut venger. On parle de ne pas voter les tueurs et les assassins de Guéi. Le raccourci n’arrange personne, parce que chacun de nous a sa part de douleurs et de souffrances dans l’histoire cinquantenaire de notre pays.
Rendre le monde meilleur
Avec les raccourcis, les programmes et les idées foutent le camp. Et l’on a du mal à identifier celui qui peut rendre le monde meilleur, pour emprunter une expression. Le temps est venu de mettre en exergue les qualités et les atouts de celui qui peut rendre le monde meilleur! Au lieu de mettre l’accent sur les défauts de Laurent Gbagbo, et si au RHDP on mettait l’accent sur les qualités d’Alassane Ouattara. Vice-versa ! Le temps est venu de sortir de l’arithmétique tribale et ethnique. Heureusement l’espoir arrive avec l’attente de la campagne officielle.
En effet selon des observateurs, le ton deviendra plus courtois, plus apaisé moins agressif, et plus civilisé à partir du 20 Novembre prochain. A travers les médias d’Etat, le bon ton sera à l’honneur. L’on pourrait même voir Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara s’embrasser et se donner l’accolade, à l’issue du face à face annoncé et confirmé par le CNCA, mais redouté dans les deux camps.
Une belle image! Entre l’enfant du peuple Laurent Gbagbo, père de la bonne humeur et de la convivialité politiques d’une part. Et d'autre part Alassane Ouattara qui entretient son image de technocrate et d’économiste, connaissant ses dossiers, qui s’essaie aussi à la convivialité et qui joue de plus en plus le populiste à sa façon (je rendrai au PDCI, et au RHDP la victoire que Gbagbo lui a volée). L’espoir n’est pas définitivement perdu. Ou bien !
Par Charles Kouassi
Chacun voit un peu de Guinée en lui
Dallein Cellou Diallo. Largement vainqueur du premier tour, il a dû avoir le triomphe modeste et le profil bas, pour éviter de paraître trop pressé d’arriver au pouvoir. Sa vigilance n’a pas pu avoir raison de la coalition tout sauf Dallein qui a eu le temps de mettre tout en oeuvre pour lui barrer la route. Cela dit, il faut noter que l’écart de 140 mille voix interpelle, et pose le problème du taux de participation qui est d’environ 65 pour cent. Deux leçons à retenir et qui font que nous sommes vraiment un peu guinéens : d’abord l’arithmétique électorale n’a pas bien fonctionné en Guinée. Malgré le ralliement de Sidya Touré à Dallein Diallo, celui-ci a été presque seul, et n’a accru son score du premier tour que grâce à son seul clan. En clair, Sidya Touré n’a pas été suivi, ou bien il n’a pas joué franc jeu. Cela est bien rassurant pour la Majorité présidentielle en Côte d’Ivoire. L’autre leçon est que le deuxième peut devenir premier. Au RHDP, on préfère voir cela et argumenter que la mécanique RHDP n’est pas circonstancielle et qu’elle dure cinq ans, alors qu’en Guinée, c’est du bout des lèvres que Sidya Touré a soutenu Dallein Diallo, après un premier tour très fratricide. Chacun voit un peu de Guinée en lui, en prenant bien sûr le côté qu’il l’arrange. C’est de bonne guerre. Cela dit, l’occasion est bonne d’attirer l’attention de tous sur les dangers de recours à l’ethnie. Quand Houphouët-Boigny était mis en difficulté par Laurent Gbagbo, il convoquait les bons et les vrais Bété de l’époque qui étaient feu Bra Kanon, Gnoléba, Pierre Kipré et bien d’autres qu’il opposait au fils indigne et au faux Bété. Les Bété PDCI montaient alors au créneau. Dans le film d’Henri Duparc, dont s’est inspiré Mamadou Ben Soumahoro, pour réaliser une excellente et enrichissante série de films sur l’homme de la situation, Laurent Gbagbo a dénoncé avec vigueur cette façon de faire la politique. Aujourd’hui avec la course aux Baoulé, n’est-ce pas le même scénario qui n’a pourtant pas brisé l’élan et le parcous de l’enfant du peuple face à Houphouët. Jusqu’où peut-on encourager les allégeances et ralliements du genre : artistes baoulés, juristes baoulé, universitaires et enseignants Akan et baoulé, paysans baoulé, baoulé de Daloa du Moyen Cavaly, baoulé de la diaspora,etc.… . Un candidat ayant avec lui, Gadji Celi président de tous les artistes de Côte d’Ivoire, et le grand Alpha Blondy, (qu’on n’entend plus et qui dit-on serait opposé à ce qu’il considère comme dérive identidaire); a-t-il besoin du soutien des seuls artistes baoulé ? Aïcha Koné et d’autres artistes mandingues devront-ils convoquer leur tribu ? Candidat trans-ethnique et représentatif d’une vraie majorité nationale, Laurent Gbagbo, en allant lui-même à la rencontre des populations, en renforçant le corps à corps pour chercher à connaître lui-même le maximum d’électeurs, comme il a toujours fait, en parcourant le pays, depuis toujours, se donne plus d’atouts que les éléments télévisés qui passent ces temps-ci. Et qui ont l’avantage de convaincre et rassurer ses seuls partisans. Mais ces éléments télévisés peuvent avoir du mal à conquérir de nouveaux électeurs si l’angle d'attaque est mal trouvé. Quid de la thématique du Kangaba ? Là encore on doit savoir qu’à chacun son esclave, à chacun son kangaba. Dans l’Etat moderne de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo a toujours prôné la démocratie au détriment de la tribucratie. C’est cela sa force et son atout. Exalter autour de lui, les valeurs d’une tribu, peut avoir un revers. Car ce n’est pas seulement le Mossi ou l’étranger qui est l’esclave de l’autre. Hors de l’Etat et de la Nation, chacun devient l’esclave de l’autre. C’est pourquoi nous faisons souvent appel aux alliances interethniques pour assumer nos différences. Par ailleurs, l’esclave ne peut-il pas aller au front pour le chef, et le Nanan ? Voici donc l’ouvrier et le Kangaba Ouattara au front et en mission commandée pour sauver et laver l’affront que le Nanan Bédié, le vrai chef Bédié aurait subi. Avec N’Zueba dans un rôle joyeux et heureux de patriarche qui regarde Ouattara aller en combat et prendre le coup pour lui. Tout discours a une connotation et en même temps son revers. Pendant que d’un côté on dénonce les assassins de gendarmes, les égorgeurs d’Ivoiriens, le drame des enfants orphelins, la misère des jeunes, et des femmes victimes de guerre, l’étranger qui veut s’emparer du pays ;de l’autre côté, on montre les images du charnier. On parle de l’escadron de la mort, du bombardement des villes détenues par les FN. On parle de victoire volée au PDCI, qu’il faut venger. On parle de ne pas voter les tueurs et les assassins de Guéi. Le raccourci n’arrange personne, parce que chacun de nous a sa part de douleurs et de souffrances dans l’histoire cinquantenaire de notre pays.
Rendre le monde meilleur
Avec les raccourcis, les programmes et les idées foutent le camp. Et l’on a du mal à identifier celui qui peut rendre le monde meilleur, pour emprunter une expression. Le temps est venu de mettre en exergue les qualités et les atouts de celui qui peut rendre le monde meilleur! Au lieu de mettre l’accent sur les défauts de Laurent Gbagbo, et si au RHDP on mettait l’accent sur les qualités d’Alassane Ouattara. Vice-versa ! Le temps est venu de sortir de l’arithmétique tribale et ethnique. Heureusement l’espoir arrive avec l’attente de la campagne officielle.
En effet selon des observateurs, le ton deviendra plus courtois, plus apaisé moins agressif, et plus civilisé à partir du 20 Novembre prochain. A travers les médias d’Etat, le bon ton sera à l’honneur. L’on pourrait même voir Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara s’embrasser et se donner l’accolade, à l’issue du face à face annoncé et confirmé par le CNCA, mais redouté dans les deux camps.
Une belle image! Entre l’enfant du peuple Laurent Gbagbo, père de la bonne humeur et de la convivialité politiques d’une part. Et d'autre part Alassane Ouattara qui entretient son image de technocrate et d’économiste, connaissant ses dossiers, qui s’essaie aussi à la convivialité et qui joue de plus en plus le populiste à sa façon (je rendrai au PDCI, et au RHDP la victoire que Gbagbo lui a volée). L’espoir n’est pas définitivement perdu. Ou bien !
Par Charles Kouassi