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Politique Publié le jeudi 18 novembre 2010 | L’Inter

2nd tour de la présidentielle - Anne Ouloto (porte-parole d’Ado) : "Pourquoi Gbagbo ne peut pas être élu"

© L’Inter Par Prisca
2è tour de la présidentielle 2010: Le porte-parole principal du candidat du RHDP, Albert Mabri Toikeusse face à la presse
Mercredi 17 novembre 2010. Abidjan. Maison du RHDP à Cocody Ste-Marie. Le porte-parole principal du candidat Alassane Ouattara, Albert Mabri Toikeusse anime une conférence de presse, entouré de son équipe composée de Maurice Kakou Guikahué, Joël N’Guessan et Mme Anne Ouloto (photo)
Secrétaire nationale chargée de la solidarité au RDR, Anne Désirée Ouloto est également porte-parole du candidat Alassane Ouattara. Dans cet entretien, elle explique pourquoi son candidat présente le meilleur profil pour diriger la Côte d’Ivoire.
Mme Anne Désiré Ouloto, vous êtes directrice de campagne, porte-parole, chef de cabinet… Est-ce que j’en oublie ?
Je suis aussi secrétaire nationale chargée de la solidarité au sein du RDR. Vous avez oublié cette fonction à laquelle je tiens tant.
Dans laquelle des fonctions vous sentez-vous le mieux ?
Pour l’heure, je me sens bien dans la fonction de porte-parole du candidat. Notre candidat a un très bon produit. Quand j’ai été nommée porte-parole par le président Ouattara, j’ai eu peur de la tâche, vu la qualité de l’homme. Je me suis demandé ce que ce grand monsieur a vu en moi, cette petite femme de l’Ouest, pour me nommer. Et est-ce que je pourrai porter la parole d’un homme d’une telle qualité ?
Etes-vous satisfaite du premier tour de l’élection présidentielle ?
Quand on est admis à aller à un second tour, on est forcément satisfait. Mais j`ai beaucoup de regrets, concernant notamment les nombreux dysfonctionnements et irrégularités constatés. Beaucoup de regrets parce que nos adversaires politiques, je veux parler du Front populaire ivoirien, n`ont pas été des adversaires à la hauteur de notre candidat. Nous aurions voulu être en face d’adversaires avec qui nous devrions parler de choses pertinentes, de programme, de vision pour la Côte d’Ivoire, sur un ton apaisé, sur un ton rassurant pour les Ivoiriens. Malheureusement, nous n’avons pas eu cette opportunité, et c’est dommage. Pour ce second tour qui s’annonce apparemment beaucoup plus rude que le premier, nous constatons que nos adversaires persistent dans cette voie que nous déplorons. Ecoutez, les Ivoiriens apprécieront le type de chef d’Etat et de président de la République qu’ils souhaiteraient avoir.
Avec l’appel du président Bédié à soutenir votre candidat, peut-on dire que la victoire de M. Ouattara est déjà acquise ?
Je voudrais avant de répondre à votre question rendre hommage au doyen du Rhdp, le président Henri Konan Bédié. Son appel est la suite naturelle des choses. Le Rhdp est une alliance de quatre partis politiques, qui sont des partis démocratiques, qui ont dit qu`au nom de la démocratie, chacun se présente. Mais au second tour, celui qui sera en tête bénéficiera de l’appui de tous les autres. C’est pourquoi je dis que c’est la suite logique des choses. C’est vrai, et je comprends votre question, les Ivoiriens ont eu l’habitude, depuis plusieurs années, d’avoir affaire à certains hommes politiques en Côte d’Ivoire, notamment le candidat du FPI, Laurent Gbagbo, réputé pour sa roublardise et sa propension à vouloir rouler les gens dans la farine. Au Rhdp, nous voulons dire qu’en face ou à côté, il y a un meilleur type d’hommes politiques qui sont des hommes d’honneur et des hommes de parole. Le président Henri Konan Bédié qui est le président de la Conférence des présidents du Rhdp, a lancé cet appel tout à fait naturel parce que c’est un homme loyal et c’est pourquoi nous lui rendons hommage. Voilà comment est-ce qu’il faut percevoir cet appui du président Bédié, des présidents Mabri et Anaky à leur frère Alassane Ouattara. Le président Ouattara a dit dans son discours à l’occasion de son investiture en tant que candidat du Rhdp qu`il salue le sens du sacrifice d’Henri Konan Bédié. C’est tout à son honneur et je ne crois pas que cela aurait été possible avec Laurent Gbagbo.
Vous prêtez là des intentions à M. Gbagbo ?
Mais comment expliquez-vous qu`un candidat dise, avant même le premier tour de l’élection présidentielle : « Je ne permettrai jamais à M. Ouattara d’être président dans ce pays ».
Il a plutôt parlé des héritiers d’Houphouët-Boigny.
Quoi qu’on dise, même s’il ne cite pas Alassane Ouattara, il fait partie des héritiers d’Houphouët-Boigny. Alors, qu’adviendra-t-il au soir du second tour du scrutin si le président Gbagbo, comme nous l’envisageons, est sanctionné par le peuple de Côte d’Ivoire ? On nous dit que des dispositions sont prises çà et là pour revendiquer la victoire et pour un hold-up électoral. Nous nous en remettons à Dieu, car nous n’avons pas d’armes, nous n’avons pas les forces de défense et de sécurité avec nous, nous n’avons que Dieu.
Qu` adviendra-t-il si M. Ouattara n’est pas élu ?
Au Rhdp, nos responsables sont des hommes de parole, des hommes d’honneur. Ouattara a dit qu`il faut que les élections soient justes, transparentes, crédibles, acceptées par tous, et que ces élections voient la participation de tous les Ivoiriens. Dès lors que toutes ces conditions sont réunies, pourquoi ne voulez-vous pas respecter le verdict des urnes quand vous-même vous avez la preuve que le résultat est crédible, quand vous avez la preuve que les élections ont été libres. Alassane Ouattara est un grand homme capable de respecter le choix des Ivoiriens. Que Gbagbo Laurent soit capable de respecter le choix des Ivoiriens, j’en doute fort.
Que répondez-vous à ceux qui, analysant les scores réalisés par votre candidat au Nord, concluent qu’il y a eu une fraude massive ?
Je préfère ne pas m’attarder sur des non-sens. Quelle est la raison pour laquelle ces populations vivant dans cette partie de la Côte d’Ivoire devraient choisir Laurent Gbagbo ? Donnez-moi une seule raison, parce que moi je n’en connais pas…
Laurent Gbagbo est un Ivoirien…
D’accord, donc elles auraient pu choisir Francis Wodié ou bien Gnamien Konan. Pourquoi forcément Laurent Gbagbo ?
Pourquoi forcément Alassane Ouattara, pourrait-on vous rétorquer ?
Mais justement, Alassane Ouattara, parce que la première chose qu’il ne faut pas oublier, c’est que ces populations se sont senties visées par les méchancetés gratuites faites à Ouattara par le camp présidentiel et Gbagbo. Laurent Gbagbo a trahi le peuple de Côte d’Ivoire, il a trahi Alassane Ouattara, il a trahi les communautés du Nord. Il faut le voir comme ça. Je me demande si Laurent Gbagbo se souvient que nous avons été dans le Front républicain et que ce front n’a pas pu prospérer par qu’il y a eu divergence de vues à un moment donné, après le boycott actif.
La carte électorale issue du premier tour nous a présenté une répartition, avec le Rdr concentré au Nord, le Pdci quelque peu au Centre et Lmp fortement au Sud. Quel commentaire faites-vous de cette carte ?
Je trouve que cette carte est assez excessive. Elle n’est pas très juste à mon avis parce qu’on ne peut pas considérer que M. Ouattara est confiné dans le nord du pays, tout en sachant pertinemment que dans pratiquement toutes les grandes villes de la Côte d’Ivoire, le Rdr était en tête du scrutin. Ce qui d’ailleurs ne s’expliquerait pas puisque nous avons la majorité des communes de Côte d’Ivoire. Déjà à ce niveau, il y a un problème. Deuxièmement, il aurait été plus intéressant dans cette carte de montrer effectivement là où Laurent Gbagbo était en tête. On ne nous l’a pas montré et c’est pourquoi je dis attention. Quand vous regardez le Rhdp opposé à Lmp, on se rend compte que le Rhdp constitue cette majorité nationale réelle. Et ce qui est curieux et même intéressant, c`est que dans les zones forestières de l`Ouest, du Centre-ouest, de l`Agneby, dites favorables à Lmp, vous remarquerez qu’en dehors de l’Agneby, ils ont rarement dépassé les 50 %. Ce qui veut dire qu’ils ont eu ces résultats au forceps. Donc cette manière de présenter les choses n’est pas très régulière. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que le Rhdp est cette majorité nationale naturelle et incontestable et il faut que Lmp le reconnaisse.
Certains estiment par exemple que l’appel du président Bédié à soutenir le candidat Ouattara pose problème.
Nous retenons tout simplement que le président Henri Konan Bédié n’est pas un dictateur et que les gens dans les partis politiques ne sont pas des automates. Même au premier tour, des militants de partis politiques n’ont pas voté pour leurs candidats. Donc il ne faut pas qu’on fasse un drame autour de cette question. Le président Henri Konan Bédié se comporte comme un responsable de formation politique qui a une alliance avec un autre parti politique. Au Rhdp, nous sommes quatre partis politiques, et on a dit que celui qui est en tête du scrutin sera soutenu par les autres au second tour. Chaque président de parti a appelé ses militants à voter pour le candidat Alassane Ouattara. Pourquoi on ne se préoccupe pas de l’appel lancé par les présidents Mabri et Anaky à voter pour Alassane Ouattara, et c’est le mot d’ordre de Bédié qui poserait problème. Pendant la campagne à Yamoussoukro, Gbagbo disait qu`il a lavé la maison d’Houphouët-Boigny, la maison que ses propres enfants n’ont pas pu nettoyer. Mais il a perdu à Yamoussoukro. Les populations ne se sont pas senties obligées de voter pour lui. L`autre observation que je voudrais faire, c`est de m`interroger sur l`intérêt subit que Laurent Gbagbo a pour le peuple baoulé.
Vous savez bien que l’électorat captif du candidat du Pdci sera déterminant pour le second tour..
Laurent Gbagbo aime à répéter qu’il est historien, nous, nous ne le sommes pas, mais nous sommes des contemporains de l’histoire ivoirienne et en tant que tel, nous savons que les malheurs de la Côte d’Ivoire ont commencé depuis l’arrivée de Laurent Gbagbo dans la politique. Nous pouvons quand même nous souvenir de ce que Laurent Gbagbo est ce seul Ivoirien qui a passé son temps à vouloir perturber et même humilier le président Houphouët-Boigny. En 1992, c’est M. Laurent Gbagbo qui a fait marcher les enfants au Plateau pour traiter Houphouët-Boigny de voleur. Aujourd’hui, fort curieusement, il se trouve des qualités d’Houphouétiste, lui qui hier traitait Houphouët-Boigny de dictateur, de voleur. Je crois qu’il faut respecter les Baoulé, il faut respecter les Ivoiriens.
Cela fait beaucoup de maux que vous prêtez au président Laurent Gbagbo, mais comment expliquez-vous qu`il soit resté au pouvoir jusqu’en 2010 ?
Laurent Gbagbo est resté au pouvoir parce qu’en 2003 à Marcoussis et à Kléber, il s’est trouvé des hommes politiques, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, pour dire qu’il faut qu’il soit maintenu à la tête du pays. Il s’est trouvé de vrais patriotes, des hommes de responsabilité pour demander au Premier ministre Guillaume Soro, qui était à l’époque le représentant des Forces nouvelles, que Laurent Gbagbo soit président de la Côte d’Ivoire. Il le doit à Henri Konan Bédié, il le doit à Alassane Ouattara. Qu’il ait l’humilité et la sagesse de le reconnaître. Personne n’a voulu qu’il parte par les armes. C`est la première raison. La deuxième raison, c’est l’esprit de démocratie des partis d’opposition de Côte d’Ivoire, parce qu’en 2005, il devait y avoir l’élection présidentielle et nous nous sommes tous battus pour cette élection. Il a fallu encore que nos mêmes responsables politiques acceptent que Laurent Gbagbo revienne à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire jusqu’en 2006, le temps pour lui d’organiser l’élection présidentielle. C’est comme cela que Charles Konan Banny est devenu Premier ministre en Côte d’Ivoire. Malgré tout cela, il n’a pas pu organiser l’élection présidentielle en 2006. Il a encore tourné les gens en rond jusqu’en 2007, en disant qu’il s’engage dans le dialogue direct. On a marché encore dans tout cela. Soro Guillaume est venu, on a accepté, on a contribué au processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire et tout cela au nom de la paix. De report en report, on s’est retrouvé en 2010, tout simplement parce que Laurent Gbagbo a à faire à une opposition responsable.
Comment réagirez-vous si à l`issue des élections, Laurent Gbagbo est maintenu au pouvoir ?
Mais vous voyez bien qu’il ne peut pas rester au pouvoir...
Il est arrivé en tête au premier tour…
Avec 14 candidats au premier tour. Au second tour, il n’y aura plus qu’un seul candidat avec le RHDP en face de lui. Le Rhdp a obtenu un peu plus de 60 % au premier tour. Quelle est donc cette gymnastique politique que va faire Laurent Gbagbo pour réussir à vaincre cette coalition ? Admettons que les reports de voix ne sont jamais systématiques. Il y a des pertes à prévoir. Mais quel est cette gymnastique que Laurent Gbagbo va faire pour avoir plus de 50 % ? Je n’y crois pas. Par ailleurs, on sait qu’il y a eu des tripatouillages, les vrais chiffres nous les avons. Donc à la vérité, les 38 %, il ne les a pas. Mais compte tenu du fait qu’au second tour, nous allons faire en sorte que cette fraude, ce tripatouillage et ces irrégularités ne se reproduisent pas, on va prendre des dispositions et dans ces conditions, il ne peut pas passer. A moins d’appliquer encore leur sorcellerie politique. Ça va relever de la sorcellerie que Laurent Gbagbo se retrouve à la tête de l’Etat.
Vous parlez des vrais chiffres. Dites-nous qui ces vrais chiffres donnent gagnant ?
Ce n’est pas ce qui est important. Ce qui est important, c’est que Laurent Gbagbo sache qu`il ne gagnera pas ces élections. Voyez-vous, il y a une chose qui est très parlante aujourd’hui et les Ivoiriens ne sont pas dupes, c’est le comportement des cadres du FPI. Curieusement, leur retenue, ou un silence contraint, mais en tout cas, leur attitude aujourd’hui montre bien qu’ils ne sont pas sereins. Les Ivoiriens les connaissent, ils sont vantards, orgueilleux. S`ils avaient réussi à être premiers comme ils le démontrent là, je vous assure qu’on ne serait pas tranquilles dans ce pays, parce qu’ils nous auraient rabâché cela. Mais ils sont conscients qu’ils ont un pied dehors. Ils savent qu’ils sont en train de partir et c’est difficile pour eux, mais ils manquent d’humilité. Les Ivoiriens veulent le changement, ils veulent autre chose.
Qu`est-ce qui va donc changer dans la campagne de votre candidat au second tour ?
Ce qui va changer, c`est que Ouattara est désormais le candidat du Rhdp. Et de ce fait, la base de soutien s`est élargie, est devenue beaucoup plus forte. Ouattara a toujours basé sa campagne sur la paix, sur le changement et sur le développement. Aujourd’hui, le Rhdp est la preuve manifeste que les Ivoiriens peuvent réapprendre à vivre ensemble et en paix. On dit que la paix, c`est l`arme des forts. Donc si Ouattara et Bédié ont réussi à faire la paix au point de se retrouver dans une alliance très forte et dynamique, cela veut dire qu`ils sont les plus forts.
En une seule phrase, si vous aviez là maintenant Laurent Gbagbo en face de vous, que lui diriez-vous ?
Je lui dirais d`arrêter de mentir aux Ivoiriens et de prendre l`option de partir par la grande porte.

Interview réalisée par Hamadou ZIAO
Coll Hervé Kpodion

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