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Politique Publié le vendredi 19 novembre 2010 | Le Temps

2e tour de la présidentielle 2010/L’appel de Bernard B. Dadié aux Ivoiriens : «Rejetons la candidature de Ouattara par un vote massif pour Gbagbo»

© Le Temps Par Prisca
Littérature - La Côte d`Ivoire rend hommage à l`écrivain Bernard B. Dadié
L’Afrique a rendu un vibrant hommage à l’écrivain Bernard Binlin Dadié, les 30 et 31 août 2010, à la salle Ernesto Djédjé-Lougah-François du Palais de la culture d’Abidjan- Treichville
Le défi de l’histoire qui s’annonce à travers l’élection présidentielle, met aux prises deux visions : la première, la renaissance incarnée par Laurent Gbagbo. La deuxième la perpétuation de l’oppression capitaliste incarnée par Alassane Dramane Ouattara. Pour aider à comprendre pourquoi choisir la renaissance, l’émérite écrivain Bernard Bélin Dadié lance un appel aux Ivoiriens. Il a choisi la tribune des Communicateurs bénévoles, pour s’adresser aux Ivoiriens.
Du combat multiséculaire contre l’asservissement des sociétés faibles

Si Bernard B. Dadié passe le flambeau de la lutte pour la liberté à Laurent Gbagbo c’est parce que ce dernier associe sa vie, depuis son jeune âge, à un vieux combat. Le combat multiséculaire, la croisade contre tous les mécanismes d’asservissement, de pillage, d’exploitation et de domination des sociétés faibles, notamment les sociétés africaines. Des personnalités comme Kwame N’Kruma et Patrice Lumumba y ont laissé leur vie.

De la lutte contre la traite des Noirs et l’esclavage

Il y a eu la lutte contre la traite des Noirs et l’esclavage, forme d’exploitation la plus inhumaine que le monde ait connue. Pendant 3 siècles et ½, du début du 16e au milieu du 19e, l’Afrique a été régulièrement étripée de sa population active par des esclavagistes au service de la bourgeoisie occidentale en plein essor. Les chiffres relatifs à cette saignée ne sont pas connus avec précision. Mais les historiens avancent que, pendant cette période, 12 millions d’esclaves ont été déportés d’Afrique pour les Amériques. C’étaient, parmi les enfants vaillants qui construisaient l’Afrique, les bras les plus valides, les plus robustes qui étaient sélectionnés. Et nul doute aujourd’hui que cette saignée humaine est une des causes principales de la longue léthargie que l’Afrique a connue dans toute son histoire. Nul doute aussi que la sueur, le sang et le travail de ces esclaves a constitué, au détriment du développement et de la croissance de l’Afrique, l’essentiel du capital qui a permis l’expansion industrielle fulgurante de l’Occident au début du 19e siècle.

De la lutte contre la colonisation

Il y a eu aussi la lutte contre le pacte colonial. De la conférence de Berlin (14 novembre 1884 – 26 février 1885) aux années 1960, l’Afrique, balkanisée en propriétés exclusives de huit empires occidentaux (espagnol, belge, italien, portugais, néerlandais, allemand, français et britannique), a connu, à la suite des Amériques (début 16e, début 19e) et après la traite et l’esclavage, plus de 70 ans de colonisation. Les puissances impérialistes occidentales se sont attribué des pouvoirs d’Etat absolus sur les peuples d’Afrique. Elles en ont profité pour écumer l’Afrique, en toutes sortes de ressources aussi bien humaines que naturelles, pour le compte de l’industrie capitaliste croissante. L’exploitation, par le travail forcé à la chicotte et non rémunéré, a été un trait caractéristique essentiel de la période. Les communautés africaines se virent imposer d’accueillir les entreprises occidentales, de construire des réseaux d’échange et de communication, d’apprendre une langue européenne, d’adopter une monnaie reliée à un système monétaire international dans le but de faciliter le pillage et l’exploitation des ressources locales.

II. De la «Sainte Alliance Capitaliste»

Obligés d’accorder les indépendances après la deuxième guerre mondiale, les empires coloniaux devenant inopportuns et couteux. Persuadées que la concurrence avec le bloc de l’Est allait être économiquement onéreuse, et pour continuer de disposer des matières premières et ressources naturelles des anciennes colonies, les puissances occidentales concluent tacitement «la sainte alliance capitaliste ». Une nébuleuse informelle d’interalliés au contours diffus mais qui comprend essentiellement l’entreprise capitaliste - de la plus petite à la multinationale - comme noyau fondamental, l’Etat capitaliste, les Institutions financières et commerciales internationales, notamment les Institutions de Bretton Woods, les organisations politiques et mafieuses de toutes sortes comme la Françafrique, enfin le relai africain que Doumbia Major appelle «le Bounty» dans son ouvrage «Le manifeste pour l’Afrique», et qui est choisi pour son allégeance inconditionnelle à l’alliance à travers un quelconque de ses membres.

Cette alliance tacite mais efficace a pour mission fondamentale de soumettre le monde faible et notamment l’Afrique à l’exploitation et au pillage des entreprises capitalistes. Elle accompagne le développement de l’entreprise capitaliste partout dans le monde et à tout moment. Elle sécurise et accompagne l’optimisation de ses activités de pillage et d’exploitation. Chacun des membres joue de façon optimale sa partition à tout moment et en tout lieu. L’Etat capitaliste, en utilisant toutes ses potentialités et tous ses pouvoirs, concourt à l’élaboration de toutes sortes de traités et de conventions entre les états. Les Institutions financières internationales prescrivent, voire imposent l’application de la doctrine néolibérale c’est-à-dire le libéralisme économique, les privatisations et le libre échange à tous les marchés. Les puissances financières et leurs entreprises créent et achètent des entreprises ou des filiales sur le marché des entreprises africaines. Ce sont ces dernières qui traient, comme des sangsues, la sève de l’Afrique, en exploitant le travailleur, les ressources minières et agricoles à vil prix. Le Bounty accompagne sur son territoire toute action de l’alliance.

La mutualisation des puissances pour leurs intérêts communs est un grand trait des peuples occidentaux que la pensée néolibérale a aiguisé au fil du temps. Les puissances aristocratiques occidentales (l’Empereur de Russie, celui d’Autriche et le Roi de Prusse) avaient constitué une «sainte alliance » dite réactionnaire, à travers un pacte signé en 1815, pour installer les Bourbons au pouvoir, traquer et détruire dans toute l’Europe l’œuvre de la révolution bourgeoise de 1789. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer le spectre du communisme. Pour le pape et le tsar, Metternich et Guizot, les radicaux de France et les policiers d’Allemagne le communisme était une épouvante qui hantait l’Europe. Il fallait la conjurer. Et puis l’organisation et la mise en œuvre de la Conférence de Berlin par treize Nations européennes et les Etats-Unis est une illustration.

«La sainte alliance capitaliste » réussit, grâce à l’Etat américain et à l’Etat français deux dispositions historiques majeures constituant le corset de fer qui soumet jusqu’aujourd’hui les nouveaux états indépendants d’Afrique à l’exploitation tous azimuts des entreprises capitalistes occidentales : la consolidation du morcellement du continent en micro états et la signature de traités léonins avec ces « bébés » micros Etats et leurs dirigeants au moment même où ils ont la fragilités du nouveau-né.

De la balkanisation de l’Afrique comme mécanisme d’asservissement de la «sac»

D’abord, le découpage de l’Afrique en micro Etats réalisé à la conférence de Berlin devrait être, coûte que coûte, préservé. Il fallait tout mettre en œuvre pour empêcher l’unification de l’Afrique en un seul Etat, en une seule Nation. Et c’est l’Etat américain qui, dans la Sainte Alliance Capitaliste, s’en est occupé en grande partie.

Des dirigeants africains menés par Kwame Nkrumah du Ghana ont fait campagne entre 1960 et 1963 pour remettre en cause les frontières africaines élaborées à la Conférence de Berlin et créer une union africaine. Ce projet a été tué dans l’œuf, par les puissances impérialistes occidentales aidées par des leaders africains comme William Tubman.

«Les Usa et des pays occidentaux ont pensé qu’une Afrique unie leur poserait problème. Ne dit-on pas l’union fait la force ? Pour tuer le projet d’union africaine les Usa ont financé, par William Tubman interposé, l’organisation de la Conférence de Morovia qui a divisé les dirigeants africains et empêché l’union de l’Afrique », disait récemment Charles Taylor, ancien Président du Liberia, devant le tribunal de La Haye, pour exprimer la honte que le peuple libérien ressentait du fait que William Tubman se soit laissé manipuler par les Usa et l’Occident. Le plus gros philanthrope actuel de l’Afrique, Mo Ibrahim, homme d’affaires soudanais estime que certains pays sont trop petits pour s’en sortir. «Certains de nos pays, je le regrette bien, ne sont pas viables», a-t-il lancé à l’occasion d’une conférence sur la bonne gouvernance en Tanzanie en 2009. «Pour qui nous prenons-nous pour croire que nous pouvons avoir 53 minuscules pays et faire concurrence à la Chine, à l’Inde, à l’Europe qui se regroupe et aux Amériques ? Nous nous sommes trompés. Nous avons besoin de grands pays tout de suite, pas demain, ni l’an prochain », poursuit-il.
Le Chancellier allemand Otto Eduard Leopold von Bismarck (1815 -1898), qui a organisé la Conférence de Berlin pour diviser l’Afrique, venait de se battre 14 ans durant pour l’unité de l’Allemagne. Mais il fallait renforcer l’Allemagne et l’Europe en les unissant, et affaiblir l’Afrique en la divisant pour la soumettre plus facilement à toutes sortes de prédations occidentales. Pratiquement à jamais, aucun des 53 pays africains ne peut défendre seul l’intérêt de son peuple. Aucun ne gagne de bataille sur le plan international. Aussi, les 53 Etats africains peinent aujourd’hui, encore à construire les Etats Unis d’Afrique. Beaucoup continuent d’être faits sous table pour les en empêcher. A chaque sommet de l’Union africaine, on voit la presse occidentale passer l’essentiel de son temps à tourner en dérision le comportement de parade du Colonel Mohamed Khadafi plutôt que de couvrir les débats sur les grands thèmes du projet de création des Etats-Unis d’Afrique, si cher et si nécessaire à l’Afrique et même au monde.

Du pacte néocolonial comme mécanisme d’asservissement de la «sac»

Autre performance de «la sainte alliance capitaliste » est la signature, comme une violation de mineur, au début des années 1960, de toutes sortes de pactes néocoloniaux avec les nouveaux micro Etats dépourvus de toute capacité de négociations et de défense.
De 1885 à 1902, chacun des récipiendaires de morceaux d’Afrique à la Conférence de Berlin s’est rendu sur son territoire. Il signa des traités avec les chefs autochtones. Cette signature se faisait souvent par apposition d’empreintes digitales sur le traité dont le contenu était généralement ignoré des populations indigènes. C’est l’ensemble des traités de cette époque qui forment ce qu’on appelle le pacte colonial. En 1902, hormis le Liberia et l’Ethiopie, le continent était entièrement sous le contrôle des puissances coloniales. Le pacte colonial conférait la valeur juridique à la possession coloniale. Le récipiendaire avait un droit illimité sur son territoire, y compris celui de disposer de la vie des indigènes.

Les traités néocoloniaux ont été, eux, signés après la deuxième guerre mondiale autour des années 1960, entre les Etats ex-colonisateurs et les nouveaux Etats africains. Ce sont des accords bilatéraux ou multilatéraux qui ont porté sur tous les domaines d’activités nationales. C’est ainsi, par exemple, que la République française a signé un ensemble de traités avec 6 Etats d’Afrique occidentale, 5 Etats d’Afrique centrale, Madagascar et les Iles Comores. Dont le traité du 14 novembre 1973, instituant l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) par la création d’une zone monétaire comprenant la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina, le Niger, le Sénégal et le Togo et la création aussi d’une monnaie commune, le Fcfa.

La monnaie est un objet économique que crée un Etat pour servir, sur son territoire, d’unité de mesure, de compte, de paiement de tout accomplissement marchand. Comme la balance mesure le poids, la monnaie mesure la valeur de tout accomplissement. Elle sert de réserve de valeur qui quantifie la richesse nationale et permet de la comparer à celles des autres Nations du monde. Elle est un instrument d’intégration communautaire et un puissant outil d’implémentation de politique économique. La liberté pour un Etat de battre et de gérer sa propre monnaie est un attribut de souveraineté.

Et c’est pour influer efficacement, en faveur des entreprises capitalistes françaises, sur les orientations économiques de ses ex-colonies d’Afrique, au mépris de leur souveraineté fraichement acquise, que la France confisque, par ce traité du 14 novembre 1973, la production et la gestion du Fcfa. Elle s’est octroyé à cet effet et dès le départ un droit de véto sur les décisions des Conseils d’Administration de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) et la Banque centrale des Comores (Bcc). Au Conseil d’Administration de la Bcc 4 Administrateurs sur 8 sont Français alors que les décisions sont votées à la majorité. A la Bceao 2 Administrateurs sur 16 sont Français. A la Beac 3 Administrateurs sur 13 sont Français. Mais dans ces deux derniers cas l’unanimité est requise pour les décisions majeures, notamment les politiques de change, de crédit, de modification des statuts, etc.

Chaque banque centrale de la zone Franc possède un compte d’opérations au Trésor public français et doit y verser 50% (65% avant 2005) de ses recettes de devises extérieures. Ainsi pendant que cet espace communautaire s’endette régulièrement à grand frais sur les marchés financiers pour financer son développement, ses devises stockées au Trésor public français sont utilisées au développement de l’économie française.

Le sadisme français va plus loin. La France garantit la convertibilité Fcfa / Euro des pays africains de la zone Franc à la France et inversement. Mais elle interdit ce principe de convertibilité aux échanges entre les trois zones africaines (Bceao, Beac et Bcc). De sorte que pendant que les échanges inter – africains sont interdits, la France peut acquérir allègrement café, cacao, bois tropicaux, uranium, etc., exploiter les ressources naturelles sans sortir de devises. Contrôlant le système bancaire et celui des assurances de cet espace communautaire et protégées des risques de change, les entreprises françaises dominent et pillent sans vergogne l’Afrique « française » et se gargarisent, chaque année, de profits colossaux. C’est pour continuer de bénéficier de ces nombreux avantages que la France a joué bien des coudes en 1999 pour arrimer le franc Cfa à l’euro. Pour mettre en œuvre l’esprit et la lettre de son pacte néocolonial, c’est-à-dire l’ensemble des traités signés avec ses anciennes colonies, la France crée au Titre XII articles 77 à 87 de sa Constitution du 4 octobre 1958 une Communauté française qui regroupe la France, les 7 Etats d’Afrique occidentale, les 5 Etats d’Afrique centrale, Madagascar et les Iles Comores. L’article 78 donne le domaine de compétence qui comprend la politique étrangère, la défense, la monnaie, la politique économique et financière commune et la politique des matières premières stratégiques. L’article 80 précise que le Président de la République française préside et représente à l’extérieur cette Communauté qui comprend trois organes : un Conseil exécutif, un Sénat et une Cour arbitrale. Des accords particuliers conclus pour l’application de ce Titre XII sont approuvés par le Parlement français et l’Assemblée législative de chaque pays concerné.

Au terme de ce pacte, les nouveaux partenaires « mineurs », sont soumis à l’acceptation des clauses ci-dessous : «interdiction totale ou partielle du marché colonial aux produits étrangers ; obligation d’exporter les produits coloniaux exclusivement ou principalement vers la métropole ; interdiction pour la colonie, de produire des objets manufacturés, son rôle économique se bornant à celui de productrice de matières premières et de débouché commercial; traitement de faveur accordé par la métropole aux produits coloniaux, accompagné d’une aide politique, militaire, culturelle et souvent économique, fournie par la métropole ».

Ce pacte néocolonial français est un exemple d’ensemble de traités, c’est-à-dire de normes juridiques internationalement reconnues qui relèvent du domaine de l’état capitaliste et qui forment le cadre et l’instrument de protection de toutes les activités de pillage et d’exploitation des pays faibles du monde, notamment d’Afrique. En toute sécurité et tranquillité les sangsues capitalistes aspirent chaque jour les richesses du continent.
Du contrôle du pouvoir d’Etat comme mécanisme d’asservissement de la «sac»

Après la deuxième guerre mondiale les puissances occidentales ont libéré progressivement les colonies de leurs empires issues de la Conférence de Berlin. Mais elles ont conservé ces empires sous forme de zones d’influence, considérées comme des chasses gardées. Chacune des puissances continuent d’asservir, d’exploiter, de piller et de dominer les Etats de sa zone sous la complicité des autres puissances.

L’accession de Laurent Gbagbo au pouvoir d’état en 2000, en Côte d’Ivoire, a été considérée comme une menace par les autorités françaises, contre l’intégrité de leur zone d’influence de l’Afrique occidentale. La Côte d’Ivoire risquait, selon elles, de sortir de la zone d’influence française, avec toutes les conséquences aussi bien, géostratégiques, politiques, économiques que culturelles. Et cela au profit de puissances généralement rivales. Laurent Gbagbo et son régime étaient donc considérés comme un danger qu’il fallait rapidement conjurer avant qu’il ne soit trop tard. Il fallait donc tout faire pour les chasser du pouvoir au profit d’un homme et d’un régime de paille.

François Mitterrand disait un jour qu’à défaut d’élargir l’empire chaque Président de la République Française a le devoir de protéger son intégrité. Jacques Godfrain, ancien ministre français de la coopération souligne très clairement cette exigence dans cet extrait de son ouvrage intitulé l’«Afrique, notre avenir » : « ou bien, la France veut encore tenir sa place dans le monde, ou bien elle se résigne à n’avoir pour dimension que celle qui va de Perpignan à Dunkerque et de Brest à Strasbourg. Dans le premier cas, il faut qu’elle soit capable de dire haut et fort : je parle avec au moins vingt pays africains amis. Cette voix forte, nous ne pourrons l’adopter que si nous continuons d’entretenir des relations personnelles avec les pays d’Afrique ».

L’Etat capitaliste français de Jacques Chirac décide de reprendre les rênes de l’Etat de Côte d’Ivoire des mains du Président Laurent Gbagbo pour les remettre à un homme de paille. Il commandite une rébellion, en instrumentalisant des préoccupations parfois légitimes des populations du nord du pays, avec la complicité des pays voisins comme le Burkina Faso et le Mali qui ont hébergé les préparations et servi de base arrière à l’attaque armée du 19 septembre 2002. Et avec la participation d’homme paille comme Alassane Ouattara et de dizaines de militaires et civils ivoiriens à l’intérieur de la Côte d’Ivoire elle-même. Après l’échec du coup d’Etat militaire, la sainte alliance capitaliste a essayé en vain le coup d’Etat juridique, au travers des accords de Linas-Marcoussis et de Kleber de janvier 2003, en mettant à contribution toutes ses composantes. C’est ainsi que nous avons vu à l’œuvre à Linas-Marcoussis et surtout à Kléber Jacques Chirac, Pierre Mazeau et Dominique de Villepin pour le compte de l’Etat capitaliste français, Kofi Annan pour l’Onu, les Institutions financières Internationales et «les Bounty » africains comme feu Omar Bongo, Denis Sassou N’Guesso et Abdoulaye Wade. La Côte d’Ivoire a vécu la plus grande perfidie de son histoire, en voyant en direct l’instrumentalisation par les Autorités françaises de l’Onu, la plus grande organisation internationale sur laquelle l’humanité compte pour le progrès de l’humain.

Aujourd’hui, après leur échec politique, «la sainte alliance capitaliste» et le Rassemblement des Houphouétistes (Rhdp) veulent faire élire Alassane Ouattara contre Laurent Gbagbo. Ils veulent réussir par les urnes ce qu’ils n’ont réussi ni par les armes ni par les manœuvres de toutes sortes. C’est-à-dire chasser Gbagbo et installer Ouattara, leur bras séculier. Ils se battent à cet effet depuis l’Accord politique de Ouagadougou de mars 2007. C’est pourquoi, l’écrivain et Président du Congrès national de la Résistance pour la démocratie lance l’appel suivant aux Ivoiriennes et aux Ivoiriens.

III. Conclusion : l’Appel de B. B. Dadié

Ivoiriennes, Ivoiriens, quelle que soit notre diversité politique, religieuse et culturelle, et pour rejoindre tous ceux qui se sont préoccupés avant nous de notre destin commun, une ligne harmonique s’impose à nous. C’est celle de la résurrection totale de notre pays en menant collectivement une croisade contre tout mécanisme d’asservissement, d’exploitation, de pillage et de domination de notre société. Le mécanisme le plus prisé par les puissances financières est le contrôle du pouvoir d’état des sociétés faibles. Le contrôle du pouvoir d’Etat des sociétés faibles est le corset de fer le plus sûr qui sécurise le mieux le pillage et l’exploitation des ressources de ces sociétés faibles dont la plupart sont en Afrique. C’est pourquoi, le capitalisme français s’acharne sur notre pays qu’il sait très riche. La Côte d’Ivoire est un géant qui pèse 40% de l’économie de l’Afrique de l’Ouest. Ce n’est donc pas fortuit, ce n’est pas par gentillesse que la France a entretenu pendant plusieurs décennies la 43e Bima d’Abidjan et dépense 135 milliards de franc Cfa par an, depuis le début de l’agression armée, pour entretenir la Force Licorne dans notre pays. Il s’agit du contrôle d’un pays extrêmement important de la sous région.

Aussi, les entrailles de toute société agressée et asservie enfantent toujours des idées neuves et des hommes pour les porter. De Gbagbo et de Ouattara qui sollicitent nos suffrages au deuxième tour de l’élection présidentielle, Gbagbo est le plus apte à conduire la croisade collective pour la libération de notre pays. Gbagbo est une puissance endogène qui puise sa force dans les tréfonds de notre société. Ouattara est un « Bounty » pour reprendre le terme de Doumbia Major. Ouattara est l’homme de paille du capitalisme français qui est commis et entretenu pour lui servir de cheval de Troie pour asservir notre société.

Je demande donc aux Ivoiriennes et aux Ivoiriens de bien vouloir barrer la route aux puissances financières internationales en rejetant la candidature d’Alassane Ouattara et accompagner le Président Gbagbo dans sa quête pour une Côte d’Ivoire libre, affranchie de toute tutelle extérieure avilissante et humiliante. Pour une Côte d’Ivoire engagée vers une nouvelle société de liberté et de progrès, avec de nouveaux paradigmes de la modernité comme l’accomplissement intégral de l’humain, la culture du capital humain et la solidarité active. Il faut accompagner Gbagbo en le votant, le 28 novembre 2010 prochain.

Nous devons donc rejeter la candidature d’Alassane Ouattara par un vote massif pour Laurent Gbagbo. Non pas parce que le père de Ouattara, paix à son âme, a été enterré au Burkina Faso ; ou qu’il est marié à une femme étrangère ; ou que ses résidences principales sont en France. Tout cela importe peu. Mais parce que derrière Ouattara, lui-même faisant l’effort d’apparaître aujourd’hui comme un agneau qui veut se mettre au service des Ivoiriens, se cachent des intérêts étrangers divers, des puissances financières internationales qui financent la rébellion depuis près de dix ans, prêtes à asservir, à piller, à exploiter et à dominer notre pays. Pour cette coalition d’intérêts la rébellion est un investissement.

Bernard Bélin Dadié
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