Le ton est monté d’un cran samedi dernier, dans la deuxième phase de la campagne présidentielle. Le docteur Alassane Dramane Ouattara devant des centaines de milliers de militants RHDP, au Parc des Sports de Treichville, a tenu à mettre en garde son adversaire du deuxième tour, Laurent Gbagbo, face à la campagne de poubelle que lui et ses partisans ont initié depuis l’annonce du second tour de la présidentielle. « Je mets en garde Laurent Gbagbo et le FPI. Qu’ils arrêtent de mentir et d’insulter les Ivoiriens, diviser les Ivoiriens et de mentir sur nous. Trop, c’est trop ! », a martelé le candidat du RHDP. C’est un Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny, visiblement très remonté contre les contrevérités et la campagne de dénigrement du FPI qui a rappelé à l’auditoire qu’il n’a insulté personne partout où il est allé en Côte d’Ivoire. « Parce que je respecte tous les Ivoiriens y compris Laurent Gbagbo », a-t-il justifié. L’ancien directeur général adjoint du FMI a précisé que partout où il est passé en Côte d’Ivoire, il a toujours mis en exergue son programme de gouvernement. Et rien d’autre. Pour lui donc, l’attitude du camp présidentiel ne s’explique pas. Cependant, il a tenu à donner ce conseil à Laurent Gbagbo et à son clan : « Je voudrais dire ceci : quand on a aucun bilan et aucun programme, on la ferme. Les Ivoiriens veulent entendre la comparaison des bilans. Quand on a échoué, on ne s’accroche pas au pouvoir. Laurent Gbagbo calme-toi ! ». Il a continué sur sa lancée en lançant toujours à l’intention de son adversaire : « Arrête ! Car je suis un responsable et je ne veux pas trainer cette campagne dans la boue. Mais si tu continues, tu m’entendras ». Selon le prote-flambeau des Houphouétistes, ce n’est pas parce qu’ils ont peur que les fils de Félix Houphouët-Boigny ne réagissent pas. « Si nous ne répondons pas maintenant, c’est parce que nous voulons la paix », a-t-il tenu à indiquer. Car, selon le président Ouattara, « être Houphouétistes, c’est penser à l’intérêt de la Côte d’Ivoire ». Aussi a-t-il, sur un ton qu’on ne lui connait pas d’habitude, demandé au champion de la refondation d’arrêter de donner dans la manipulation et le mensonge. « Arrête tes mensonges ! Ca t’a réussi pendant dix ans, mais dans une semaine, tu seras out ! ». Et d’ajouter : « On se connait ! Alors attention ! On se connait ! » Toujours dans le même état d’esprit, le champion des Houphouétistes n’a pas hésité, pour prouver à celui qu’il affronte au second tour qu’il n’a pas l’apanage de la violence verbale, à faire des révélations et des précisions historiques. « C’est toi qui a amené la violence en politique en Côte d’Ivoire. C’est par un coup d’Etat que tu es arrivé au pouvoir», a-t-il rappelé à Laurent Gbagbo. Avant d’assener : « C’est le FPI qui a assassiné le général Robert Guéi ». Le candidat du RHDP, comme pour dire au camp présidentiel que l’heure n’est plus à ressasser les souvenirs douloureux, a tenu à préciser que malgré tout, il reste un homme de paix et que la Côte d’Ivoire doit aller de l’avant. « La Côte d’Ivoire est fatiguée des montages, des SMS haineux, des DVD de la haine. Sortons des difficultés. Les Ivoiriens veulent aller de l’avant dans la paix », a-t-il conseillé. Sans toutefois omettre de faire cette mise en garde : « Vous arrêtez, autrement vous allez m’entendre ». Pour le docteur Alassane Ouattara, le moment est venu de faire des propositions concrètes aux Ivoiriens. « Les Ivoiriens ont toute sorte de problèmes. Qui peut sauver la Côte d’Ivoire ? Qui a des solutions ? », a-t-il demandé à l’assistance qui répondait après lui : « C’est ADO ! ». C’est la raison pour laquelle, il a invité tous les Ivoiriens à tourner le dos au mensonge, à la haine et à la violence en votant pour le candidat du RHDP. « Celui qui n’a pas pu faire quelque chose en dix ans, qu’est-ce qu’il peut faire en cinq ans ? Je vous demande de donner cinq ans à ADO pour changer la Côte d’Ivoire », a-t-il plaidé. Car, le candidat du RHDP reste convaincu que seuls les Houphouétistes ont la compétence nécessaire pour sortir la Côte d’Ivoire de l’ornière. « Au RHDP, nous avons des solutions. Nous allons construire des routes, des hôpitaux, des écoles et des universités », a-t-il promis. Comme pour rappeler aux sceptiques que ce ne sont pas des slogans creux de campagne, il a tenu à dire ceci : « Nous avons géré la Côte d’Ivoire et nous avons l’expérience de la gestion. Nous allons bâtir une Côte d’Ivoire respectée de tous à l’intérieur comme à l’extérieur ». Mais le candidat du RHDP sait que la victoire n’est pas encore acquise. C’est pourquoi, il a exhorté les militants du RHDP à se mettre en ordre de bataille. « Mobilisons nous pour barrer la route à l’imposture et à la fraude », a-t-il lancé. A sujet de la fraude, il a lancé à l’intention du FPI cet adage populaire : « Premier gaou n’est pas gaou ». Avant de terminer, le candidat du RHDP a appelé les militants Houphouétistes à ne pas céder aux provocations et à aller voter le 28 novembre dans la paix. Sur ce chapitre, il a demandé à son adversaire de ne pas s’accrocher au pouvoir et prendre son téléphone pour le féliciter pour sa victoire le 28 novembre soir. Avant le candidat du RHDP, le ministre Hamed Bakayoko, directeur national de campagne adjoint du candidat du RHDP chargé de la jeunesse, a pris la parole pour demander aux jeunes de ne pas tomber dans la provocation. Car, selon lui, le camp présidentiel ne veut pas aller au second tour. Aussi a-t-il appelé à l’union sacrée entre les Houphouétistes pour bouter Laurent Gbagbo hors du pouvoir. Mme Emma Kouassi, qui parlait au nom des femmes, a expliqué que le docteur Alassane Dramane Ouattara est le dernier recours des femmes de Côte d’Ivoire. « L’heure du changement est arrivée. Prenons notre destin en main en votant Alassane Ouattara », a-t-elle lancé à l’intention des femmes. Le président de l’Union pour la Côte d’Ivoire, le colonel Gnamien Konan, qui a rejoint fraichement le RHDP, quant à lui, a déclaré que le RHDP va imposer la paix et la discipline en Côte d’Ivoire. Mais surtout remettre les Ivoiriens au travail.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly