Le Gouverneur Amondji (Ddc de Gbagbo à Adjamé) : “Pourquoi Gbagbo vient à Adjamé”

Sauf changement de dernière minute, le Président Laurent Gbagbo anime aujourd’hui, un meeting à Adjamé. Son Ddc dans la commune, Djédji Amondji Pierre, par ailleurs, Gouverneur du District d’Abidjan, lève ici un coin de voile sur la cérémonie.

Adjamé reste avec Treichville et Abobo, les trois communes où le Président Gbagbo a perdu les élections au premier tour. En tant que Ddc à Adjamé, pouvez-vous nous dire ce qui n’a pas marché ?

Merci de nous permettre de faire l’analyse de ce qui a marché et de ce qui n’a pas marché à Adjamé. Je suis heureux que dans le grand District d’Abidjan que j’ai l’honneur de diriger nous ayons gagné dans 10 communes sur 13. Nous avons perdu dans trois communes, qu’on peut qualifier de commune Cedeao. Comprenez que si vous êtes dans une commune où il y a une population hétéroclite qu’on ne peut pas maitriser, tout peut arriver. Malgré cela, nous avons fait des efforts. En 2000, le Président Gbagbo était arrivé en tête devant Guéi, sans atteindre les 20 000 voix. Cette année, nous sommes à un peu plus de 24 000 voix. Il y a un progrès. Mais je vous le dis, il n’est pas facile de battre le Rdr. On ne peut battre le Rdr que s’il y a un travail de nettoyage qui est fait.

24 617 voix pour vous, 49 917 pour le Rdr, c’est quasiment le double. Comment l’expliquez vous ? Est-ce la démographie ?

Adjamé est dominé par une population nordiste. Quand l’élection est beaucoup plus ethnique que démocratique, vous comprenez que tout peut arriver. Nous avons mis de gros moyens pour débusquer les fraudeurs. Nous avons effectivement identifié des fraudeurs. Nous avons établi des documents pour les remettre à qui de droit. Nous avons tout fait pour avoir des pièces à conviction. Sur les 14 000 fraudeurs que nous avons identifiés, nous avons pu obtenir 9853 cartes de séjour. Avec toutes ces preuves tangibles, nous avons été déboutés au Tribunal. Malheureusement.

A vous écouter, le ver est dans le fruit. Malgré tout, comment comptez-vous améliorer votre score au deuxième tour ?

Je suis au regret de dire qu’il n’y a rien à faire. Peut-être pour les autres élections, on peut arriver à rouvrir le débat. Le ver reste dans le fruit. Il nous faut l’empêcher de le pourrir. Et nous allons l’empêcher de le pourrir. Ce que nous allons faire, c’est de resserrer l’écart.

En faisant quoi ?

Je viens de faire une réunion avec les chefs Tchaman. Depuis, je suis sur le terrain pour rencontrer les chefs Baoulé. Nous avons reçu beaucoup de jeunes du Pdci. Nous les avons mis, pour beaucoup, en mission, à Toumodi, à Tiébissou, etc. Ils sont venus spontanément à nous. S’ils sont de vrais patriotes, ils vont faire leur travail. Nous ne lésinons pas sur les moyens pour améliorer notre score.

Y a –t-il quelque chose qui est fait en direction de l’électorat du Rdr pour mieux expliquer votre programme de société ?

Comme je l’ai dit plus haut, au premier tour,le vote a été ethnique, clanique. Vous avez beau expliquer votre programme, si les gens ne veulent rien savoir, ils ne vous voteront pas. Au moment où j’étais maire d’Adjamé, mes meilleurs amis et collaborateurs étaient Malinké et non mes parents. Jusqu’aujourd’hui, nous sommes en de bons termes. Ce qui est humainement possible, je l’ai fait. Même après la défaite, nous avons échangé. En des termes imagés, je leur ai expliqué l’urgence et la nécessité de se ranger derrière mon candidat au deuxième tour.

Le Président Gbagbo est annoncé à Adjamé le 22 novembre (ndlr, aujourd’hui). Est-ce ce résultat en demi-teinte du premier tour qui motive son déplacement ?

Gbagbo est un homme politique, un grand stratège. Il fait des analyses. Et puis, en venant à Adjamé, il ne vient pas seulement pour la commune d’Adjamé et celle d’Attécoubé. Après le meeting, il doit rencontrer tous les chefs Tchaman. Bien sûr, avec les résultats qu’on connait, il a un message pour les populations d’Adjamé.

Où en êtes-vous avec les préparatifs ?

Les préparatifs vont bon train. Je vous disais tantôt que je viens d’une réunion avec des chefs Tchaman. Ce sont au total 60 villages. Au niveau de la communication, nous nous soumettons au feu roulant de vos questions. Nous faisons déjà des communiqués à la télé, à la radio et dans la presse. Bien que convaincu de la popularité de Laurent Gbagbo qui n’a pas forcément besoin d’un tapage médiatique autour de son déplacement. Malgré cela, nous prenons des précautions, en informant les populations.

Êtes-vous optimiste sur l’issue du vote du 28 novembre prochain ?
Je vous garantis que Gbagbo sortira largement vainqueur et le développement de la Côte d’Ivoire va reprendre.

Entretien réalisé par : Tché Bi Tché