On le savait brillant économiste, rompu aux arcanes de la haute finance. Il se révèle aussi stratège en communication politique. Alassane Ouattara, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a révolutionné la campagne lors des deux tours de l’élection présidentielle. De l’avis de plusieurs observateurs, il a surclassé ses adversaires avec des affiches innovantes. Elles étaient tout simplement originales. Et cela pour deux raisons essentielles. D’abord, sur le plan visuel, elles ne présentaient jamais le candidat seul, comme on l’a habitude de le constater, mais toujours parmi le peuple, en compagnie de différentes couches sociales de la population : les écoliers, les jeunes cadres dynamiques, les femmes et les nourrices… Et cela, avec des couleurs éclatantes qui expriment la joie et le bonheur. Ensuite, coté thématique, elles tranchaient avec la rengaine habituelle « Votez Untel », pour des textes instructifs, sur sa vision future pour le pays. C’est à ce niveau que Ouattara, selon les spécialistes, a « fait mouche ». En jetant un coup d’œil, même furtif, au petit matin du 15 octobre 2010, date du début de la campagne électorale du 1er tour, sur les panneaux d’Alassane Ouattara, les électeurs savaient, en quelques secondes, que l’unique Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny veut créer 1 million d’emplois en cinq ans, construire 65 000 classes primaires, 5 universités ou encore offrir les frais d’accouchement gratuit. Pas donc besoin de se rendre forcement à un de ses meetings ou encore de l’écouter à la radio ou de le voir à la télé pour savoir ce qu’il envisage de faire, une fois élu Président. Dans les rues d’Abidjan, il y avait une nette différence entre les affiches de Ouattara et celles des autres candidats qui se contentaient, pour la plupart, d’appeler uniquement à les voter. Cette démarche, à la fois offensive et incisive, a séduit une bonne partie de la population et des observateurs internationaux. De l’avis de la majorité d’entre eux, l’ex-DGA du FMI a, de loin, fait, durant le 1er tour, la meilleure campagne.
Preuve que la stratégie du candidat Ouattara était vraiment pertinente, le camp Gbagbo ne va pas hésiter à s’en inspirer implicitement au cours de la campagne pour le second tour... sans l’avouer.
En témoigne, le caractère, un tantinet, offensif des affiches du candidat Gbagbo, qui ressassent la rhétorique de la guerre et dressent en quelques mots son bilan chétif à la tête du pays qui se résume, grosso modo, en la création de communes et sous-préfectures, au recrutement d’enseignants, qui n’est à priori pas une performance puisque cela entre dans le fonctionnement habituel de la Fonction publique.
Naturellement comme il fallait s’y attendre, pendant la campagne pour le second tour qui s’est achevée hier, Alassane Ouattara est passé à une autre étape. Celle-là, plus directe et percutante. Là encore, le staff du candidat du RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix) fait montre d’une grande ingéniosité. Sur les affiches, le poids des mots prend résolument le pas sur l’esthétique. La tactique est claire : titiller le camp Gbagbo sur ses tares et ses dérives. Les messages invitent pêle-mêle les Ivoiriens à ne pas donner leur voix à la violence, l’échec scolaire, la corruption, la pauvreté et aux déchets toxiques… des pages sombres des dix années de gestion calamiteuse du pays par Laurent Gbagbo.
Ce n’est pas tout. Car Ouattara ne se contente pas d’envoyer des piques, via ses affiches, à son adversaire, mais il rappelle, c’est une belle option, aux Ivoiriens qu’il restaurera la discipline, prônera l’union et surtout redonnera à ses compatriotes le goût du travail. Autre message fort qu’il a donné durant cette seconde campagne électorale, l’unité retrouvée entre les fils d’Houphouët-Boigny (Bédié, Anaky, Mabri et lui-même) à travers le RHDP et aussi ceux qui croient en la philosophie houphouétiste (Gnamien Konan et le Pr Francis Wodié ). Une alliance, comme le stipule l’un de ses slogans de campagne, pour changer la vie des Ivoiriens.
Toutefois, la révolution Ouattara ne se limite pas qu’à la campagne d’affichage. L’ex-gouverneur de la Bceao a également ébloui le petit écran, avec ses capsules de 5min (pour le 1er tour) et 10 min (pour le second tour) captivants qui instruisent, avec attrait, les téléspectateurs sur son ambitieux projet de société, en évoquant bien entendu l’état de délabrement dans lequel les refondateurs ont plongé la Côte d’Ivoire.
De toute évidence, Alassane Ouattara a gratifié les Ivoiriens d’une campagne haut de gamme. A la dimension de sa réputation et de son honneur. Il ne reste plus qu’aux électeurs à faire, dimanche, le vote qui sauve. En accordant massivement leurs suffrages au candidat du RHDP.
Y. Sangaré
Preuve que la stratégie du candidat Ouattara était vraiment pertinente, le camp Gbagbo ne va pas hésiter à s’en inspirer implicitement au cours de la campagne pour le second tour... sans l’avouer.
En témoigne, le caractère, un tantinet, offensif des affiches du candidat Gbagbo, qui ressassent la rhétorique de la guerre et dressent en quelques mots son bilan chétif à la tête du pays qui se résume, grosso modo, en la création de communes et sous-préfectures, au recrutement d’enseignants, qui n’est à priori pas une performance puisque cela entre dans le fonctionnement habituel de la Fonction publique.
Naturellement comme il fallait s’y attendre, pendant la campagne pour le second tour qui s’est achevée hier, Alassane Ouattara est passé à une autre étape. Celle-là, plus directe et percutante. Là encore, le staff du candidat du RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix) fait montre d’une grande ingéniosité. Sur les affiches, le poids des mots prend résolument le pas sur l’esthétique. La tactique est claire : titiller le camp Gbagbo sur ses tares et ses dérives. Les messages invitent pêle-mêle les Ivoiriens à ne pas donner leur voix à la violence, l’échec scolaire, la corruption, la pauvreté et aux déchets toxiques… des pages sombres des dix années de gestion calamiteuse du pays par Laurent Gbagbo.
Ce n’est pas tout. Car Ouattara ne se contente pas d’envoyer des piques, via ses affiches, à son adversaire, mais il rappelle, c’est une belle option, aux Ivoiriens qu’il restaurera la discipline, prônera l’union et surtout redonnera à ses compatriotes le goût du travail. Autre message fort qu’il a donné durant cette seconde campagne électorale, l’unité retrouvée entre les fils d’Houphouët-Boigny (Bédié, Anaky, Mabri et lui-même) à travers le RHDP et aussi ceux qui croient en la philosophie houphouétiste (Gnamien Konan et le Pr Francis Wodié ). Une alliance, comme le stipule l’un de ses slogans de campagne, pour changer la vie des Ivoiriens.
Toutefois, la révolution Ouattara ne se limite pas qu’à la campagne d’affichage. L’ex-gouverneur de la Bceao a également ébloui le petit écran, avec ses capsules de 5min (pour le 1er tour) et 10 min (pour le second tour) captivants qui instruisent, avec attrait, les téléspectateurs sur son ambitieux projet de société, en évoquant bien entendu l’état de délabrement dans lequel les refondateurs ont plongé la Côte d’Ivoire.
De toute évidence, Alassane Ouattara a gratifié les Ivoiriens d’une campagne haut de gamme. A la dimension de sa réputation et de son honneur. Il ne reste plus qu’aux électeurs à faire, dimanche, le vote qui sauve. En accordant massivement leurs suffrages au candidat du RHDP.
Y. Sangaré