Le Professeur Bamba Moriféré ne se fait de doute. Pour le numéro un du Parti pour le Progrès et le Socialisme (PPS) qui ne cesse d’appeler les Ivoiriens à porter leur choix sur le candidat du RHDP, Gbagbo sera battu au second tour de la présidentielle.
LP: Vous avez appelé les Ivoiriens à voter ADO au premier tour. Il arrive au second avec Laurent Gbagbo qui est votre compagnon de lutte. Réitérez-vous toujours votre soutien au candidat Ouattara pour le second tour?
Pr BM: Je réitère ce soutien au nom du PPS et du CAP, organisations que je préside. J’ai déjà expliqué pourquoi Alassane OUATTARA était l’homme de la situation, en raison non seulement de ses compétences, mais également en raisons de ses qualités d’intégrité, de son honnêteté morale et intellectuelle. D’ailleurs, d’autres partis et organisations viennent également de porter leur choix sur le candidat du RHDP, comme le MDS du professeur TOURE SIAKA et GUEI ROBERT, président de la Renaissance. Je me félicite que tous les leaders de la Gauche Démocratique des années 1990 aient ainsi tourné le dos à Laurent GBAGBO et au régime FPI, en raison de leur grave trahison des idéaux et des valeurs de la Gauche et des principes démocratiques. Soutenir le candidat du RHDP et bouter Laurent GBAGBO et le FPI hors du pouvoir est devenu une exigence démocratique. A ce titre, je ne peux que me réjouir de la position que vient de prendre le PIT avec à sa tête le Pr Francis WODIE, de soutenir Alassane OUATTARA.
Le Patriote : Vous attendiez-vous à ce résultat pour le second tour ?
Pr Bamba Moriféré : C’est avec beaucoup de surprises que j’ai appris ces résultats. Parce qu’à mon sens, politiquement au vu du bilan catastrophique de Laurent Gbagbo, personnellement je ne pense pas qu’aujourd’hui dans les urnes, Laurent Gbagbo puisse être crédité d’un tel pourcentage. Par la suite, renseignement pris, il s’est avéré qu’en réalité, au vu des éléments dont nous disposons, il est de notoriété publique que Laurent Gbagbo n’a pas atteint ce score. Il a atteint ce score de manière frauduleuse, par différents procédés frauduleux qui ont émaillé ce scrutin. Je ne vais pas m’attarder sur ces différents cas de fraude dont la presse s’est d’ailleurs fait l’écho. Entre les PV non signés, qui ont été concoctés en dehors de la Commission électorale indépendante (CEI), cela dû au retard qui a été mis par l’ONUCI pour le ramassage des PV et des urnes. Il y a eu également le vote massif de personnes déguisées en corps habillés. Il y a eu dans certaines régions une forme de terreur et d’intimidation que des populations ont subie localement pour les empêcher de voter. Au regard de tout cela, c’est un échec pour Laurent Gbagbo parce que malgré toutes ces fraudes, il a été incapable d’atteindre les 50 % qui était son objectif initial. Et on comprend alors pourquoi il se targuait avant le scrutin, de gagner dès le 1er tour avec bien entendu tous les faux sondages qui ont été réalisés à cet effet. Mais ce qui est le plus important, c’est de constater que malgré tout cela, le candidat que j’ai soutenu, en la personne du président du RDR Alassane Ouattara, se retrouve au second tour. En considérant donc le score réel obtenu par le Président sortant, il ne fait aucun doute pour moi que Alassane Ouattara sortira vainqueur du scrutin du 2e tour le 28 Novembre prochain. D’ailleurs, tout le monde s’accorde pour reconnaître que les vrais résultats des urnes donnaient BEDIE et OUATTARA au 2e tour.
LP: Justement, à ce propos que pensez-vous du soutien du RHDP à OUATTARA au 2e tour et de l’attitude du Président BEDIE à cette occasion ?
Pr BM: Le RHDP a respecté ses engagements, ce qui est très important en politique et ce qui est à son honneur. A cette occasion, j’ai particulièrement apprécié la hauteur de vue de BEDIE qui a fait preuve de grandeur en se comportant en homme de parole et de paix, et en plaçant au-dessus de toute l’unité nationale et l’intérêt supérieur de la nation. D’ailleurs, je me félicite de l’hommage mérité que OUATTARA a rendu au Président BEDIE en cette circonstance. Vous savez, le Président BEDIE et moi, nous nous connaissons bien puisque j’étais moi-même Vice-Président de notre Assemblée Nationale lorsqu’il en était le Président. Nos chemins ont ensuite divergé en raison des vicissitudes politiques de l’époque. Mais je peux vous affirmer qu’aujourd’hui, dans les circonstances politiques actuelles, face à la trahison des principes démocratiques par mon ancien compagnon Laurent GBAGBO et le régime FPI, j’aurais soutenu le candidat du RHDP, donc BEDIE, s’il avait été qualifié pour le second tour, en raison du programme du RHDP. La politique étant la saine appréciation des réalités à un moment donné ou encore « l’analyse concrète de la situation concrète ».
LP : Que pensez vous de l’attaque délibérée que viennent de subir les jeunes du RHDP à leur siège de la part de certains étudiants de la FESCI, lorsque l’on sait le rôle éminent que vous avez joué dans la création de cette organisation?
Pr BM : Je condamne sans appel ces pratiques indignes qui rappellent des pratiques profascistes de triste mémoire et d’un autre âge. Ces jeunes doivent savoir que nous avons à l’époque soutenu cette organisation pour promouvoir le pluralisme à l’Université et permettre à la jeunesse d’apporter sa contribution à la lutte pour la démocratie à l’époque. Ces pratiques doivent conforter notre détermination à bouter dehors ce régime par la voie démocratique, car c’est en définitive ce régime qui instrumentalise les jeunes pour les amener dans une telle voie.
LP: Vous justifiez le score du candidat Laurent Gbagbo par la fraude massive qu’il a opérée.
Comment cela est possible quand on sait que la CEI qui est la structure en charge de
l’organisation de l’élection et qui centralise tout, est quand même dominée par l’opposition?
Pr BM : Quand on regarde et qu’on observe bien la situation, il s’avère qu’en partie, il y a eu disfonctionnement au niveau de la CEI. Mais certains de ces disfonctionnements n’étaient pas tout à fait dus à la CEI elle-même. Dans la mesure où l’ONUCI et ses services, ont été incapables d’aller récupérer les urnes et PV dans les délais requis comme ils l’avaient promis. Ne serait ce que dans la région d’Abidjan, région des Lagunes, il y a des urnes qui étaient encore là jusqu’à 5 heures du matin. Cela est inacceptable. Alors, on ne peut pas dire que c’est le fait de la CEI, dans la mesure où elle a fait confiance à l’ONUCI pour le ramassage des urnes. C’est le premier aspect.
Le second aspect c’est que les autres candidats ont fait preuve de bonne foi au départ. Ils ne pensaient pas que nos amis d’en face feraient preuve d’autant d’imagination pour frauder. C’est le cas par exemple des personnes déguisées en corps habillés. Maintenant que la chose est connue, des dispositions idoines doivent être prises. Ce qu’on peut reprocher non seulement au RHDP mais aux autres candidats, c’est le manque de sérieux dans la désignation de certains de leurs représentants dans les bureaux de vote. Je pense que ces représentants auraient dû faire preuve de plus de vigilance. Par ailleurs, Il paraissait inimaginable qu’en 2010, plus de 20 ans après la proclamation formelle du multipartisme, certains ivoiriens empêcheraient d’autres ivoiriens de voter le candidat de leur choix, notamment dans les zones forestières. Je pense que la CEI a pris la mesure de la situation au vu de leur dernier communiqué et qu’elle prendra les dispositions nécessaires au second tour.
LP: Cela vous surprend-il de la part de Francis Wodié et du PIT,
Pr BM: Pas du tout. Parce que je sais que Francis WODIE est un homme d’honneur, que je connais depuis des décennies, nous avons été ensemble dans la clandestinité. C’est un homme d’intégrité et d’honnêteté morale et intellectuelle. Il ne peut pas suivre les dérives et les déviations de Laurent Gbagbo et de son régime. Je lance même un appel à certains camarades au sein du FPI, parce qu’il existe encore au sein de ce parti de vrais démocrates, je sais qu’ils m’entendent ;
Parce qu’en réalité l’orientation ultranationaliste actuelle de ce parti est le fait d’une minorité ultranationaliste et antipatriote. J’exhorte ces camarades qui sont restés de gauche, à prendre leur responsabilité devant l’histoire, à se démarquer de cette orientation qui est sans issue, parce que le 28 novembre est une date importante pour la Côte d’Ivoire, parce qu’un jour nouveau va se lever pour que le processus démocratique puisse repartir à nouveau de l’avant, pour la renaissance d’une Côte d’Ivoire nouvelle, unie, démocratique, juste et prospère.
LP: Une fois Gbagbo battu, il retournera dans l’opposition. Quand on connait sa capacité de nuisance, ne faut-il pas craindre pour le nouveau président dans la mesure où Gbagbo mettra tout en œuvre pour que celui-ci ne puisse pas mettre en œuvre son programme de gouvernement?
Pr BM: Nous rentrons dans une nouvelle période historique. La situation de la Côte d’Ivoire est tout à fait différente de celle d’il y a 20 ans. En réalité, ce qui a été fait en 1990, a été possible parce que nous étions sur une ligne juste de combat pour la démocratie et le pluralisme face au parti unique. Et l’espoir qui était suscité en 1990, n’était pas dû à Laurent Gbagbo en tant qu’individu. C’était la gauche démocratique dans son ensemble qui était mobilisée. Je viens de vous en citer les éminents acteurs. La mobilisation de la jeunesse qui était entreprise dans les années 90 était le fait de la gauche démocratique. Et comme vous le savez, à l’époque, c’est le PPS qui a crée la FESCI, qui a aidé les jeunes gens de la FESCI à s’organiser. Le contexte à l’époque était mondial, international, c’était l’époque du discours de La BAULE de François MITTERRAND. Mais la situation est bien différente aujourd’hui. Gbagbo est à contre-courant de l’histoire. Il a tourné le dos à toutes les valeurs de justice et de démocratie que nous défendions à l’époque. Donc les camarades de l’époque également lui ont tourné le dos. Je ne vois donc pas sur qui Laurent GBAGBO pourra s’appuyer, lui , l’ « enfant des élections » d’hier, dont les partisans utilisent l’intimidation et la terreur, méthodes d’un autre temps pour empêcher d’autres ivoiriens de voter le candidat de leur choix. Donc Alassane Ouattara va être légitimé par l’ensemble du peuple ivoirien, il sera le rassembleur de toutes les énergies pour la reconstruction de notre pays. Donc on aura une minorité face à la grande majorité des ivoiriens. Laurent Gbagbo va se retrouver archi minoritaire. Je viens de dire d’ailleurs que l’orientation actuelle qu’ils ont impulsée au FPI est le fait d’une infime minorité. Je sais de quoi je parle. Parce que ce sont d’anciens camarades. Beaucoup sont obligés de suivre parce qu’il a l’appareil de l’Etat avec lui.
Mais demain, lorsqu’il n’aura plus cet appareil d’Etat, je suis convaincu que nombre de ses éléments vont se détourner de cette politique ultranationaliste et minoritaire. Ouattara aura avec lui, la grande majorité du peuple ivoirien. C’est-à-dire, non seulement le RHDP, mais aussi les Forces vives et toutes les forces qui l’ont soutenu, y compris les ancien compagnons de Laurent GBAGBO de 1990
Par conséquent Laurent Gbagbo ne représentera que lui-même. Dans ces conditions, Alassane Ouattara sera oint de la légitimité populaire et il aura tout ce qu’il faut pour agir au nom du peuple ivoirien. Pour reconstruire le pays, pour la renaissance de la Côte d’Ivoire, pour faire avancer la démocratie et pour sortir le pays de la situation catastrophique actuelle. Et là-dessus, je n’ai aucun doute.
LP: Que devient justement la Gauche démocratique, cette force politique dont vous partiez tantôt et qui a impulsé la démocratie en Côte d’Ivoire?
Pr BM: Si aujourd’hui, on a pu organiser cette élection pluraliste, même si les conditions ne sont pas parfaites, c’est le fruit des luttes que nous avons entamées en 1990. D’abord le multipartisme et les acquis de nos luttes dont notamment la Commission électorale indépendante (CEI), le code électoral. Mais il faut continuer à aller de l’avant. Je vous ai cité un certain nombre de personnalités qui ont fait la Gauche démocratique et c’est pour cela, justement qu’il faut que ces personnalités-là, continuent de suivre le processus pour que les idéaux pour lesquels, nous avons lutté puissent aller de l’avant. Et la dessus, je n’ai aucun doute que demain ces forces se retrouveront certainement pour soutenir la nouvelle donne et pour soutenir Alassane Ouattara dans le programme qu’il propose pour la renaissance de la Côte d’Ivoire. C’est la raison pour laquelle je me réjouis que la quasi-totalité des leaders de la Gauche démocratique de 1990 aient tourné le dos à la politique ultranationaliste de Laurent GBAGBO et apporté leur soutien au candidat du RHDP
Réalisée par Yves-M. ABIET
LP: Vous avez appelé les Ivoiriens à voter ADO au premier tour. Il arrive au second avec Laurent Gbagbo qui est votre compagnon de lutte. Réitérez-vous toujours votre soutien au candidat Ouattara pour le second tour?
Pr BM: Je réitère ce soutien au nom du PPS et du CAP, organisations que je préside. J’ai déjà expliqué pourquoi Alassane OUATTARA était l’homme de la situation, en raison non seulement de ses compétences, mais également en raisons de ses qualités d’intégrité, de son honnêteté morale et intellectuelle. D’ailleurs, d’autres partis et organisations viennent également de porter leur choix sur le candidat du RHDP, comme le MDS du professeur TOURE SIAKA et GUEI ROBERT, président de la Renaissance. Je me félicite que tous les leaders de la Gauche Démocratique des années 1990 aient ainsi tourné le dos à Laurent GBAGBO et au régime FPI, en raison de leur grave trahison des idéaux et des valeurs de la Gauche et des principes démocratiques. Soutenir le candidat du RHDP et bouter Laurent GBAGBO et le FPI hors du pouvoir est devenu une exigence démocratique. A ce titre, je ne peux que me réjouir de la position que vient de prendre le PIT avec à sa tête le Pr Francis WODIE, de soutenir Alassane OUATTARA.
Le Patriote : Vous attendiez-vous à ce résultat pour le second tour ?
Pr Bamba Moriféré : C’est avec beaucoup de surprises que j’ai appris ces résultats. Parce qu’à mon sens, politiquement au vu du bilan catastrophique de Laurent Gbagbo, personnellement je ne pense pas qu’aujourd’hui dans les urnes, Laurent Gbagbo puisse être crédité d’un tel pourcentage. Par la suite, renseignement pris, il s’est avéré qu’en réalité, au vu des éléments dont nous disposons, il est de notoriété publique que Laurent Gbagbo n’a pas atteint ce score. Il a atteint ce score de manière frauduleuse, par différents procédés frauduleux qui ont émaillé ce scrutin. Je ne vais pas m’attarder sur ces différents cas de fraude dont la presse s’est d’ailleurs fait l’écho. Entre les PV non signés, qui ont été concoctés en dehors de la Commission électorale indépendante (CEI), cela dû au retard qui a été mis par l’ONUCI pour le ramassage des PV et des urnes. Il y a eu également le vote massif de personnes déguisées en corps habillés. Il y a eu dans certaines régions une forme de terreur et d’intimidation que des populations ont subie localement pour les empêcher de voter. Au regard de tout cela, c’est un échec pour Laurent Gbagbo parce que malgré toutes ces fraudes, il a été incapable d’atteindre les 50 % qui était son objectif initial. Et on comprend alors pourquoi il se targuait avant le scrutin, de gagner dès le 1er tour avec bien entendu tous les faux sondages qui ont été réalisés à cet effet. Mais ce qui est le plus important, c’est de constater que malgré tout cela, le candidat que j’ai soutenu, en la personne du président du RDR Alassane Ouattara, se retrouve au second tour. En considérant donc le score réel obtenu par le Président sortant, il ne fait aucun doute pour moi que Alassane Ouattara sortira vainqueur du scrutin du 2e tour le 28 Novembre prochain. D’ailleurs, tout le monde s’accorde pour reconnaître que les vrais résultats des urnes donnaient BEDIE et OUATTARA au 2e tour.
LP: Justement, à ce propos que pensez-vous du soutien du RHDP à OUATTARA au 2e tour et de l’attitude du Président BEDIE à cette occasion ?
Pr BM: Le RHDP a respecté ses engagements, ce qui est très important en politique et ce qui est à son honneur. A cette occasion, j’ai particulièrement apprécié la hauteur de vue de BEDIE qui a fait preuve de grandeur en se comportant en homme de parole et de paix, et en plaçant au-dessus de toute l’unité nationale et l’intérêt supérieur de la nation. D’ailleurs, je me félicite de l’hommage mérité que OUATTARA a rendu au Président BEDIE en cette circonstance. Vous savez, le Président BEDIE et moi, nous nous connaissons bien puisque j’étais moi-même Vice-Président de notre Assemblée Nationale lorsqu’il en était le Président. Nos chemins ont ensuite divergé en raison des vicissitudes politiques de l’époque. Mais je peux vous affirmer qu’aujourd’hui, dans les circonstances politiques actuelles, face à la trahison des principes démocratiques par mon ancien compagnon Laurent GBAGBO et le régime FPI, j’aurais soutenu le candidat du RHDP, donc BEDIE, s’il avait été qualifié pour le second tour, en raison du programme du RHDP. La politique étant la saine appréciation des réalités à un moment donné ou encore « l’analyse concrète de la situation concrète ».
LP : Que pensez vous de l’attaque délibérée que viennent de subir les jeunes du RHDP à leur siège de la part de certains étudiants de la FESCI, lorsque l’on sait le rôle éminent que vous avez joué dans la création de cette organisation?
Pr BM : Je condamne sans appel ces pratiques indignes qui rappellent des pratiques profascistes de triste mémoire et d’un autre âge. Ces jeunes doivent savoir que nous avons à l’époque soutenu cette organisation pour promouvoir le pluralisme à l’Université et permettre à la jeunesse d’apporter sa contribution à la lutte pour la démocratie à l’époque. Ces pratiques doivent conforter notre détermination à bouter dehors ce régime par la voie démocratique, car c’est en définitive ce régime qui instrumentalise les jeunes pour les amener dans une telle voie.
LP: Vous justifiez le score du candidat Laurent Gbagbo par la fraude massive qu’il a opérée.
Comment cela est possible quand on sait que la CEI qui est la structure en charge de
l’organisation de l’élection et qui centralise tout, est quand même dominée par l’opposition?
Pr BM : Quand on regarde et qu’on observe bien la situation, il s’avère qu’en partie, il y a eu disfonctionnement au niveau de la CEI. Mais certains de ces disfonctionnements n’étaient pas tout à fait dus à la CEI elle-même. Dans la mesure où l’ONUCI et ses services, ont été incapables d’aller récupérer les urnes et PV dans les délais requis comme ils l’avaient promis. Ne serait ce que dans la région d’Abidjan, région des Lagunes, il y a des urnes qui étaient encore là jusqu’à 5 heures du matin. Cela est inacceptable. Alors, on ne peut pas dire que c’est le fait de la CEI, dans la mesure où elle a fait confiance à l’ONUCI pour le ramassage des urnes. C’est le premier aspect.
Le second aspect c’est que les autres candidats ont fait preuve de bonne foi au départ. Ils ne pensaient pas que nos amis d’en face feraient preuve d’autant d’imagination pour frauder. C’est le cas par exemple des personnes déguisées en corps habillés. Maintenant que la chose est connue, des dispositions idoines doivent être prises. Ce qu’on peut reprocher non seulement au RHDP mais aux autres candidats, c’est le manque de sérieux dans la désignation de certains de leurs représentants dans les bureaux de vote. Je pense que ces représentants auraient dû faire preuve de plus de vigilance. Par ailleurs, Il paraissait inimaginable qu’en 2010, plus de 20 ans après la proclamation formelle du multipartisme, certains ivoiriens empêcheraient d’autres ivoiriens de voter le candidat de leur choix, notamment dans les zones forestières. Je pense que la CEI a pris la mesure de la situation au vu de leur dernier communiqué et qu’elle prendra les dispositions nécessaires au second tour.
LP: Cela vous surprend-il de la part de Francis Wodié et du PIT,
Pr BM: Pas du tout. Parce que je sais que Francis WODIE est un homme d’honneur, que je connais depuis des décennies, nous avons été ensemble dans la clandestinité. C’est un homme d’intégrité et d’honnêteté morale et intellectuelle. Il ne peut pas suivre les dérives et les déviations de Laurent Gbagbo et de son régime. Je lance même un appel à certains camarades au sein du FPI, parce qu’il existe encore au sein de ce parti de vrais démocrates, je sais qu’ils m’entendent ;
Parce qu’en réalité l’orientation ultranationaliste actuelle de ce parti est le fait d’une minorité ultranationaliste et antipatriote. J’exhorte ces camarades qui sont restés de gauche, à prendre leur responsabilité devant l’histoire, à se démarquer de cette orientation qui est sans issue, parce que le 28 novembre est une date importante pour la Côte d’Ivoire, parce qu’un jour nouveau va se lever pour que le processus démocratique puisse repartir à nouveau de l’avant, pour la renaissance d’une Côte d’Ivoire nouvelle, unie, démocratique, juste et prospère.
LP: Une fois Gbagbo battu, il retournera dans l’opposition. Quand on connait sa capacité de nuisance, ne faut-il pas craindre pour le nouveau président dans la mesure où Gbagbo mettra tout en œuvre pour que celui-ci ne puisse pas mettre en œuvre son programme de gouvernement?
Pr BM: Nous rentrons dans une nouvelle période historique. La situation de la Côte d’Ivoire est tout à fait différente de celle d’il y a 20 ans. En réalité, ce qui a été fait en 1990, a été possible parce que nous étions sur une ligne juste de combat pour la démocratie et le pluralisme face au parti unique. Et l’espoir qui était suscité en 1990, n’était pas dû à Laurent Gbagbo en tant qu’individu. C’était la gauche démocratique dans son ensemble qui était mobilisée. Je viens de vous en citer les éminents acteurs. La mobilisation de la jeunesse qui était entreprise dans les années 90 était le fait de la gauche démocratique. Et comme vous le savez, à l’époque, c’est le PPS qui a crée la FESCI, qui a aidé les jeunes gens de la FESCI à s’organiser. Le contexte à l’époque était mondial, international, c’était l’époque du discours de La BAULE de François MITTERRAND. Mais la situation est bien différente aujourd’hui. Gbagbo est à contre-courant de l’histoire. Il a tourné le dos à toutes les valeurs de justice et de démocratie que nous défendions à l’époque. Donc les camarades de l’époque également lui ont tourné le dos. Je ne vois donc pas sur qui Laurent GBAGBO pourra s’appuyer, lui , l’ « enfant des élections » d’hier, dont les partisans utilisent l’intimidation et la terreur, méthodes d’un autre temps pour empêcher d’autres ivoiriens de voter le candidat de leur choix. Donc Alassane Ouattara va être légitimé par l’ensemble du peuple ivoirien, il sera le rassembleur de toutes les énergies pour la reconstruction de notre pays. Donc on aura une minorité face à la grande majorité des ivoiriens. Laurent Gbagbo va se retrouver archi minoritaire. Je viens de dire d’ailleurs que l’orientation actuelle qu’ils ont impulsée au FPI est le fait d’une infime minorité. Je sais de quoi je parle. Parce que ce sont d’anciens camarades. Beaucoup sont obligés de suivre parce qu’il a l’appareil de l’Etat avec lui.
Mais demain, lorsqu’il n’aura plus cet appareil d’Etat, je suis convaincu que nombre de ses éléments vont se détourner de cette politique ultranationaliste et minoritaire. Ouattara aura avec lui, la grande majorité du peuple ivoirien. C’est-à-dire, non seulement le RHDP, mais aussi les Forces vives et toutes les forces qui l’ont soutenu, y compris les ancien compagnons de Laurent GBAGBO de 1990
Par conséquent Laurent Gbagbo ne représentera que lui-même. Dans ces conditions, Alassane Ouattara sera oint de la légitimité populaire et il aura tout ce qu’il faut pour agir au nom du peuple ivoirien. Pour reconstruire le pays, pour la renaissance de la Côte d’Ivoire, pour faire avancer la démocratie et pour sortir le pays de la situation catastrophique actuelle. Et là-dessus, je n’ai aucun doute.
LP: Que devient justement la Gauche démocratique, cette force politique dont vous partiez tantôt et qui a impulsé la démocratie en Côte d’Ivoire?
Pr BM: Si aujourd’hui, on a pu organiser cette élection pluraliste, même si les conditions ne sont pas parfaites, c’est le fruit des luttes que nous avons entamées en 1990. D’abord le multipartisme et les acquis de nos luttes dont notamment la Commission électorale indépendante (CEI), le code électoral. Mais il faut continuer à aller de l’avant. Je vous ai cité un certain nombre de personnalités qui ont fait la Gauche démocratique et c’est pour cela, justement qu’il faut que ces personnalités-là, continuent de suivre le processus pour que les idéaux pour lesquels, nous avons lutté puissent aller de l’avant. Et la dessus, je n’ai aucun doute que demain ces forces se retrouveront certainement pour soutenir la nouvelle donne et pour soutenir Alassane Ouattara dans le programme qu’il propose pour la renaissance de la Côte d’Ivoire. C’est la raison pour laquelle je me réjouis que la quasi-totalité des leaders de la Gauche démocratique de 1990 aient tourné le dos à la politique ultranationaliste de Laurent GBAGBO et apporté leur soutien au candidat du RHDP
Réalisée par Yves-M. ABIET