Dans l'entretien qui suit, le ministre Maurice Kakou Guikahué, membre du Conseil politique du Rhdp, invite les militants du Rhdp qui se posent actuellement mille et une questions sur la situation, à rester sereins. Un travail, selon lui, est en train d'être fait pour sortir le pays de la crise aiguë dans laquelle il est plongé depuis l'annonce du résultat du second tour de l'élection présidentielle.
Dans quel état d'esprit se trouvent aujourd'hui les militants du Rhdp après la proclamation des résultats du second tour de l'élection présidentielle ?
Les militants du Rhdp sont dans un esprit dégagé. Le Rhdp a tenu parole. Les militants du Pdci ont suivi les directives de leur leader le président Henri Konan Bédié en votant massivement le président Ouattara. Je suis donc soulagé parce que les militants ont suivi les mots d'ordre de leur président. Mais avec la situation qui se passe, nous sommes déçus du comportement de Laurent Gbagbo qui a perdu les élections. Le Conseil constitutionnel a fabriqué un article qui n'existe pas dans le code électoral. Ce que le président du Conseil constitutionnel pouvait décider tout au plus, c'est qu'on reprenne les élections. Mais il ne pouvait pas aller au-delà. Yao N'dré a fait le contraire de ce qu'il devrait faire. C'est ce qui est dommage ; et cette situation entraine des pertes en vie humaine. Nous comptabilisons déjà près de 59 décès du côté du Rhdp.
Vous parlez de confiscation du pouvoir par Laurent Gbagbo, que comptez-vous faire alors ?
Des choses sont faites. Après la démission du Premier ministre entre les mains du président Ouattara, il a été reconduit dans ses fonctions. Une partie du gouvernement a été formée. Les uns et les autres sont au travail. La voie diplomatique a été privilégiée. Quand on veut régler un problème et qu'on engage une procédure, il faut aller jusqu'au bout pour connaitre les résultats de cette procédure avant de changer. Nous sommes actuellement dans la procédure diplomatique.
Vos militants estiment que tout ce que vous entreprenez se passe à l'hôtel du Golf et non dans les bureaux de l'administration. A quoi doivent-ils s'attendre ?
Ce que les Ivoiriens doivent voir, c'est qu'une nouvelle page de leur histoire est en train de s'écrire. L'accès au pouvoir peut ne pas être facile, seulement il y a les symboles. Quand des fois, Gbagbo prend des décrets à partir de Mama, son village, est pour autant ce que ce décret n'est pas valable ? Où est-ce que Gbagbo a nommé Seydou Diarra ? C'est à l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris. Ce n'est pas seulement au palais de la présidence qu'on peut travailler. Mais je vous comprends. Les militants sont inquiets. Mais nous leur demandons de rester sereins, un travail se fait.
Il y a beaucoup de négociations qui se font. Le président Thabo M'béki était Abidjan le dimanche. Il a eu plusieurs rencontres. Que peut-on retenir de sa médiation ?
Ses rencontres n'ont pas été sécrètes, d'autant plus que le président Ouattara s'est exprimé. Il a demandé à Thabo M'béki de dire à Gbagbo de quitter le pouvoir parce qu'il a perdu les élections. Il n'y a pas de non dits. C'est ce qui s'est passé qui a été dit. Au premier tour, c'est quand l'Onu a certifié les élections qu'on a eu le second tour. Il faut donc suivre le même schéma. Nous sommes dans un système où il est dit que la Commission électorale proclame les résultats, le Conseil constitutionnel les contrôle. Si le Conseil constitutionnel avait demandé qu'on reprenne les élections, et que l'Onu avait dit non, on pouvait alors discuter. Mais ce n'est pas ça. Le Conseil constitutionnel est allé au-delà de ses prérogatives en proclamant les résultats et en désignant un vainqueur. Ce qui n'est pas son rôle. Entre-temps, l'Onu a pour mission de certifier les élections. La liste électorale a été certifiée par l'Onu, on a accepté. Le premier tour a été certifié par l'Onu et on a accepté. Le deuxième tour a été certifié par l'Onu, on doit aussi l'accepter.
Le président Ouattara a nommé un Premier ministre qui a formé une partie de son gouvernement. On apprend aussi que du côté de Laurent Gbagbo, un Premier ministre a été désigné qui, assurément, va former son gouvernement.
Tout cela est inédit, n'est ce pas ?
Ce n'est pas à moi qu'il faut poser la question, mais à Gbagbo. Il a été président de la République, il a été candidat et il est maintenant ancien président de la République. Il avait un gouvernement qui a démissionné dans les mains d'un autre. Ça veut dire qu'il y a un schisme au sommet de l'Etat. Le gouvernement, je le rappelle, est une existence légale et constitutionnelle. Le Premier ministre est chef du gouvernement. Le gouvernement a des missions inscrites dans la Constitution. Et le gouvernement a remis sa démission dans les mains d'un autre. Quelque chose ne va pas. Le gouvernement a reconnu un autre président et il a démissionné entre ses mains. Et puis encore, le président de l'Assemblée nationale, deuxième personnage de l'Etat, a refusé d'aller à l'investiture de Gbagbo.
La Cedeao se réunit demain, (ce jour), et on apprend dans les coulisses que le camp Laurent Gbagbo compte envoyer une délégation. Le président Ouattara et son Premier ministre Guillaume Soro sont-ils conviés à cette rencontre ?
La Côte d'Ivoire réelle se trouve du côté du président Ouattara d'autant plus que la Cedeao elle-même a déjà dit qu'elle reconnait le président Ouattara. Et elle a condamné l'investiture de Gbagbo. Elle convoque une réunion, la question ne se pose donc pas. Une délégation du président Ouattara sera à la réunion de la Cedeao. La question qu'il faut se poser, c'est est-ce que la délégation de Gbagbo sera acceptée.
Une presse a dit que le président Bédié aurait quitté l'hôtel du Golf parce qu'il serait fâché avec le président Ouattara…Pour quelle raison ?
Selon cette presse, il ne serait pas d'accord que le président Ouattara ait nommé un Premier ministre qui n'est pas du Pdci.
Retenez que le président Bédié est bel et bien en Côte d'Ivoire et à l'hôtel du Golf. Il n'a pas bougé. A la minute où je vous parle, il est là. Le président Bédié ne s'est jamais fâché avec le président Ouattara. Le ministre Ahoussou l'a dit, le président Bédié est d'accord pour la nomination du Premier ministre Guillaume Soro. La nomination du Premier ministre Guillaume Soro répond à un contexte particulier. Le président Ouattara a dit en réunion du Conseil politique du Rhdp lors de la campagne, il a répété la même chose au parc des sports, à Soubré, à Yacolidabouo, que s'il est élu, il nommera un Premier ministre issu du Pdci-Rda. Le président Ouattara a été élu, mais les choses ne se passent pas comme elles devraient se passer. Il faut parer au plus pressé. Il faut régler les problèmes d'urgence. Je vous ai dit plus haut que le gouvernement a posé un acte fort en démissionnant entre les mains du président Ouattara, et en se désolidarisant de Laurent Gbagbo. Le président Ouattara a fait confiance au gouvernement du Premier ministre Soro pour liquider les affaires courantes, régler les problèmes urgents. Le visa de son décret, il est noté Vu la Constitution, Vu l'urgence, Monsieur Guillaume Soro est nommé Premier ministre. Ça veut tout dire. Ceux qui font des élucubrations, c'est leur problème. Mais je voudrais dire aux militants du Pdci qu'ils sont militants d'un parti politique qui a une ligne de conduite, une vision. Je les ai félicités pour avoir suivi le mot d'ordre du président Bédié en votant massivement le candidat du Rhdp, le président Ouattara, au second tour. De la même manière, je leur demande de rester sereins. Ce que le président Ouattara a dit va s'appliquer. Si le président Bédié a accepté que Guillaume Soro soit reconduit, il connait les raisons. Les Ivoiriens doivent savoir que c'est la première fois qu'on utilise la procédure anglo-saxonne pour former un gouvernement. En Angleterre, celui qui gagne les élections devient automatiquement Premier ministre. Et tout de suite, il forme son gouvernement, surtout les ministères de souveraineté. Dans les habitudes françaises, le gouvernement est publié quand seulement il est complet.
C'est cette habitude que nous avons depuis cinquante ans. Mais l'urgence de la situation a fait qu'on a appliqué la procédure anglo-saxonne en formant un gouvernement de 13 membres qu'on va compléter plus tard. Les militants du Pdci doivent donc rester sereins et mobilisés, à l'écoute des mots d'ordre du président Bédié qui a toujours eu raison chaque fois qu'il a pris une décision.
Interview réalisée par Patrice Yao
Dans quel état d'esprit se trouvent aujourd'hui les militants du Rhdp après la proclamation des résultats du second tour de l'élection présidentielle ?
Les militants du Rhdp sont dans un esprit dégagé. Le Rhdp a tenu parole. Les militants du Pdci ont suivi les directives de leur leader le président Henri Konan Bédié en votant massivement le président Ouattara. Je suis donc soulagé parce que les militants ont suivi les mots d'ordre de leur président. Mais avec la situation qui se passe, nous sommes déçus du comportement de Laurent Gbagbo qui a perdu les élections. Le Conseil constitutionnel a fabriqué un article qui n'existe pas dans le code électoral. Ce que le président du Conseil constitutionnel pouvait décider tout au plus, c'est qu'on reprenne les élections. Mais il ne pouvait pas aller au-delà. Yao N'dré a fait le contraire de ce qu'il devrait faire. C'est ce qui est dommage ; et cette situation entraine des pertes en vie humaine. Nous comptabilisons déjà près de 59 décès du côté du Rhdp.
Vous parlez de confiscation du pouvoir par Laurent Gbagbo, que comptez-vous faire alors ?
Des choses sont faites. Après la démission du Premier ministre entre les mains du président Ouattara, il a été reconduit dans ses fonctions. Une partie du gouvernement a été formée. Les uns et les autres sont au travail. La voie diplomatique a été privilégiée. Quand on veut régler un problème et qu'on engage une procédure, il faut aller jusqu'au bout pour connaitre les résultats de cette procédure avant de changer. Nous sommes actuellement dans la procédure diplomatique.
Vos militants estiment que tout ce que vous entreprenez se passe à l'hôtel du Golf et non dans les bureaux de l'administration. A quoi doivent-ils s'attendre ?
Ce que les Ivoiriens doivent voir, c'est qu'une nouvelle page de leur histoire est en train de s'écrire. L'accès au pouvoir peut ne pas être facile, seulement il y a les symboles. Quand des fois, Gbagbo prend des décrets à partir de Mama, son village, est pour autant ce que ce décret n'est pas valable ? Où est-ce que Gbagbo a nommé Seydou Diarra ? C'est à l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris. Ce n'est pas seulement au palais de la présidence qu'on peut travailler. Mais je vous comprends. Les militants sont inquiets. Mais nous leur demandons de rester sereins, un travail se fait.
Il y a beaucoup de négociations qui se font. Le président Thabo M'béki était Abidjan le dimanche. Il a eu plusieurs rencontres. Que peut-on retenir de sa médiation ?
Ses rencontres n'ont pas été sécrètes, d'autant plus que le président Ouattara s'est exprimé. Il a demandé à Thabo M'béki de dire à Gbagbo de quitter le pouvoir parce qu'il a perdu les élections. Il n'y a pas de non dits. C'est ce qui s'est passé qui a été dit. Au premier tour, c'est quand l'Onu a certifié les élections qu'on a eu le second tour. Il faut donc suivre le même schéma. Nous sommes dans un système où il est dit que la Commission électorale proclame les résultats, le Conseil constitutionnel les contrôle. Si le Conseil constitutionnel avait demandé qu'on reprenne les élections, et que l'Onu avait dit non, on pouvait alors discuter. Mais ce n'est pas ça. Le Conseil constitutionnel est allé au-delà de ses prérogatives en proclamant les résultats et en désignant un vainqueur. Ce qui n'est pas son rôle. Entre-temps, l'Onu a pour mission de certifier les élections. La liste électorale a été certifiée par l'Onu, on a accepté. Le premier tour a été certifié par l'Onu et on a accepté. Le deuxième tour a été certifié par l'Onu, on doit aussi l'accepter.
Le président Ouattara a nommé un Premier ministre qui a formé une partie de son gouvernement. On apprend aussi que du côté de Laurent Gbagbo, un Premier ministre a été désigné qui, assurément, va former son gouvernement.
Tout cela est inédit, n'est ce pas ?
Ce n'est pas à moi qu'il faut poser la question, mais à Gbagbo. Il a été président de la République, il a été candidat et il est maintenant ancien président de la République. Il avait un gouvernement qui a démissionné dans les mains d'un autre. Ça veut dire qu'il y a un schisme au sommet de l'Etat. Le gouvernement, je le rappelle, est une existence légale et constitutionnelle. Le Premier ministre est chef du gouvernement. Le gouvernement a des missions inscrites dans la Constitution. Et le gouvernement a remis sa démission dans les mains d'un autre. Quelque chose ne va pas. Le gouvernement a reconnu un autre président et il a démissionné entre ses mains. Et puis encore, le président de l'Assemblée nationale, deuxième personnage de l'Etat, a refusé d'aller à l'investiture de Gbagbo.
La Cedeao se réunit demain, (ce jour), et on apprend dans les coulisses que le camp Laurent Gbagbo compte envoyer une délégation. Le président Ouattara et son Premier ministre Guillaume Soro sont-ils conviés à cette rencontre ?
La Côte d'Ivoire réelle se trouve du côté du président Ouattara d'autant plus que la Cedeao elle-même a déjà dit qu'elle reconnait le président Ouattara. Et elle a condamné l'investiture de Gbagbo. Elle convoque une réunion, la question ne se pose donc pas. Une délégation du président Ouattara sera à la réunion de la Cedeao. La question qu'il faut se poser, c'est est-ce que la délégation de Gbagbo sera acceptée.
Une presse a dit que le président Bédié aurait quitté l'hôtel du Golf parce qu'il serait fâché avec le président Ouattara…Pour quelle raison ?
Selon cette presse, il ne serait pas d'accord que le président Ouattara ait nommé un Premier ministre qui n'est pas du Pdci.
Retenez que le président Bédié est bel et bien en Côte d'Ivoire et à l'hôtel du Golf. Il n'a pas bougé. A la minute où je vous parle, il est là. Le président Bédié ne s'est jamais fâché avec le président Ouattara. Le ministre Ahoussou l'a dit, le président Bédié est d'accord pour la nomination du Premier ministre Guillaume Soro. La nomination du Premier ministre Guillaume Soro répond à un contexte particulier. Le président Ouattara a dit en réunion du Conseil politique du Rhdp lors de la campagne, il a répété la même chose au parc des sports, à Soubré, à Yacolidabouo, que s'il est élu, il nommera un Premier ministre issu du Pdci-Rda. Le président Ouattara a été élu, mais les choses ne se passent pas comme elles devraient se passer. Il faut parer au plus pressé. Il faut régler les problèmes d'urgence. Je vous ai dit plus haut que le gouvernement a posé un acte fort en démissionnant entre les mains du président Ouattara, et en se désolidarisant de Laurent Gbagbo. Le président Ouattara a fait confiance au gouvernement du Premier ministre Soro pour liquider les affaires courantes, régler les problèmes urgents. Le visa de son décret, il est noté Vu la Constitution, Vu l'urgence, Monsieur Guillaume Soro est nommé Premier ministre. Ça veut tout dire. Ceux qui font des élucubrations, c'est leur problème. Mais je voudrais dire aux militants du Pdci qu'ils sont militants d'un parti politique qui a une ligne de conduite, une vision. Je les ai félicités pour avoir suivi le mot d'ordre du président Bédié en votant massivement le candidat du Rhdp, le président Ouattara, au second tour. De la même manière, je leur demande de rester sereins. Ce que le président Ouattara a dit va s'appliquer. Si le président Bédié a accepté que Guillaume Soro soit reconduit, il connait les raisons. Les Ivoiriens doivent savoir que c'est la première fois qu'on utilise la procédure anglo-saxonne pour former un gouvernement. En Angleterre, celui qui gagne les élections devient automatiquement Premier ministre. Et tout de suite, il forme son gouvernement, surtout les ministères de souveraineté. Dans les habitudes françaises, le gouvernement est publié quand seulement il est complet.
C'est cette habitude que nous avons depuis cinquante ans. Mais l'urgence de la situation a fait qu'on a appliqué la procédure anglo-saxonne en formant un gouvernement de 13 membres qu'on va compléter plus tard. Les militants du Pdci doivent donc rester sereins et mobilisés, à l'écoute des mots d'ordre du président Bédié qui a toujours eu raison chaque fois qu'il a pris une décision.
Interview réalisée par Patrice Yao