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Économie Publié le mardi 7 décembre 2010 | Nord-Sud

Côte d’Ivoire : Vers une crise financière / La Banque mondiale et la Bad vont fermer le robinet

© Nord-Sud Par DR
Assemblées annuelles du Groupe de la BAD - Le retour de l`institution à Abidjan au cœur des tractations
Photos : vue des anciens bureaux occupés par la BAD à l`immeuble Aniaman depuis décembre 2005
Selon la Banque mondiale et la Bad, une crise prolongée en Côte d’Ivoire plongera un plus grand nombre d’Ivoiriens dans la pauvreté et nuira à la stabilité et à la prospérité économiques de l’ensemble de la région.

La pression s’accentue sur la Côte d’Ivoire, où Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara ont tous deux prêté serment en tant que président samedi, et ont nommé un Premier ministre chacun dimanche, à quelques heures d’intervalle. La crise politique inquiète la communauté internationale. L’ONU, les Etats-Unis, la France, l’Union européenne, la Grande-Bretagne, la Francophonie mais aussi la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont pris position en faveur d’Alassane Ouattara. Dimanche soir, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) sont montées au créneau.

Les deux institutions ont indiqué dans un communiqué commun qu’elles s’interrogeaient sur l’opportunité de continuer à aider la Côte d’Ivoire. «Nous souhaitons poursuivre le travail avec les Ivoiriens en matière de lutte contre la pauvreté, mais il est difficile de le faire avec efficacité dans un contexte d’incertitude et de tension prolongées», ont-elles déclaré. Les deux banques, en exprimant leur «frustration», rappellent que le scrutin présidentiel, qui était «attendu depuis longtemps» et dont le second tour a eu lieu le 28 novembre, était «supposé ramener la paix, la stabilité et jeter les bases d’une meilleure gouvernance» dans le pays.

Selon la Banque mondiale et la Bad, une crise prolongée plongera un plus grand nombre d’Ivoiriens dans la pauvreté et nuira à la stabilité et à la prospérité économiques de l’ensemble de la région. «Par conséquent, conformément à notre politique, nous continuerons à surveiller de près les événements et à réévaluer l’utilité et l’efficacité de nos programmes étant donné la dégradation du fonctionnement institutionnel», ont-elles averti.

La Banque mondiale s’est beaucoup investie dans les avancées du processus électoral en Côte d’Ivoire. Son président, Robert Zoellick, s’y était rendu en janvier 2010. Une visite de terrain durant laquelle il avait assuré le président sortant Laurent Gbagbo du soutien de l’institution en vue de la «réunification du pays». Toutefois, la Banque mondiale avait lié l’effacement de plus 1500 milliards de Fcfa soit 3 milliards de dollars de dette extérieure du pays (évaluée au total à 6.000 milliards de Fcfa) à la tenue de ces élections présidentielles, qui étaient reportées depuis des années.

L’institution dispose d’autres arguments de taille. La Banque mondiale a ainsi engagé plus 97 milliards de Fcfa (207,79 millions de dollars) dans divers projets de soutien à l’économie ivoirienne pour 2010, après des financements de plus de 98 milliards de Fcfa (209 millions de dollars) en 2009 et un montant record de 157 milliards de Fcfa (320,22 millions de dollars) en 2008. Depuis le déclenchement de la crise économique mondiale à la mi-2008, l’Association internationale de développement (IDA), la branche de la Banque mondiale qui fournit des aides financières et des prêts à faible intérêt aux 79 pays les plus pauvres de la planète, dont la moitié se trouve en Afrique, a engagé 7,8 milliards de dollars au profit des pays d’Afrique subsaharienne pendant l’exercice 2009, un chiffre en hausse de 36 % par rapport à 2008.

Cissé Cheick Ely
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