Pour Guillaume Soro, Premier ministre du président élu Alassane Ouattara, le risque d’embrasement du pays est réel. Il appelle Laurent Gbagbo à quitter la présidence du pays. Retranché au Golf Hôtel d’Abidjan, l’ancien chef de la rébellion des Forces nouvelles, Guillaume Soro, qui était déjà Premier ministre de Laurent Gbagbo depuis mars 2007, vient d’être reconduit dans ses fonctions de Premier ministre par Alassane Ouattara. Il a aussitôt réuni son nouveau gouvernement.
On parle déjà de vingt morts en Côte d’Ivoire. Craignez-vous un embrasement ?
GUILLAUME SORO. Il y a des risques réels. D’autant plus que Laurent Gbagbo se refuse à une transmission pacifique du pouvoir au nouveau président élu Alassane Ouattara et fait venir des miliciens du Liberia pour semer chez nous la désolation et la mort.
Le président Gbagbo vient de proroger d’une semaine le couvre-feu…
Nous vivons un véritable coup d’Etat. Trois officiers généraux ont refusé de céder le pouvoir au nouveau président élu et maintiennent Gbagbo en place : le vice-amiral Vagba Faussignaux de la marine nationale, le général Dogbo Blé de la garde républicaine, et le général Bi Poin de la gendarmerie. Nous sommes dans une situation d’état d’urgence. Et le nouveau président est réfugié au Golf Hotel, sous couvre-feu et sans accès aux chaînes de télévision étrangères qui ont toutes été coupées.
Que peut faire un président élu, mais réfugié dans un hôtel d’Abidjan ?
Le président Ouattara a été proclamé vainqueur par la seule institution responsable des élections, la commission électorale indépendante, et c’est pourquoi la communauté internationale a reconnu son élection. Le vrai problème, c’est que la démocratie en Côte d’Ivoire est en train d’être assassinée et que la volonté du peuple souverain, qui a voté à 84% au premier tour, est piétinée par une junte militaire qui a pris le pouvoir au profit de Gbagbo.
Mais le président Gbagbo s’accroche au pouvoir…
Gbagbo a bien compris que la communauté internationale a toujours été hésitante et vacillante face à l’application de ses résolutions. Ce n’est pas la première fois. En 2000, il a été élu dans des circonstances calamiteuses. En 2005, sans faire d’élections, il s’est maintenu au pouvoir. Et, dans cette logique, il pense pouvoir récidiver en 2010 et continuer à confisquer le pouvoir, en donnant ainsi un coup de poignard à la démocratie.
Deux légitimités s’affrontent avec deux présidents et deux Premiers ministres. Comment sortir de cette situation ubuesque ?
Vous avez tort. Il n’y a pas deux présidents et deux Premiers ministres. Il n’y a aujourd’hui qu’un seul président élu en Côte d’Ivoire, c’est M. Ouattara, et qu’un seul Premier ministre légal. M. Gbagbo n’est pas élu, mais il veut continuer à occuper le palais présidentiel, c’est un occupant! J’espère pouvoir compter sur la capacité de tous les défenseurs de la démocratie, des Africains comme de la communauté internationale, pour imposer à Gbagbo de céder le pouvoir comme hier les Etats-Unis l’ont fait avec Charles Taylor au Liberia. Gbagbo est dans une logique de confiscation du pouvoir et a ressorti les « escadrons de la mort », prêts à assassiner les Ivoiriens.
Quel jugement portez-vous sur Gbagbo aujourd’hui ?
Gbagbo est non seulement un tricheur, mais un dictateur. Quiconque n’accepte pas le jeu démocratique, le verdict du peuple et le résultat des élections est un dictateur.
Il parlait pourtant de vous comme de « son meilleur Premier ministre, qui a vraiment mouillé le maillot » pour organiser les élections… Qu’est-ce qui vous a poussé à dénoncer son « coup de force » ?
J’ai travaillé trois ans avec le président Gbagbo. Cela s’est très très bien passé. J’ai toujours cru à la parole qu’il m’a donnée de reconnaître le résultat des urnes. Mais à partir du moment où M. Ouattara a été élu et que Gbagbo ne le reconnaît pas, j’avais le choix entre la forfaiture et la vérité. Au nom de ma foi chrétienne, de mes principes et de mon éthique, j’ai décidé de soutenir la vérité et, ici en Côte d’Ivoire, la vérité des urnes, c’est que M. Ouattara a bel et bien gagné.
Y a-t-il un risque de partition ou de guerre civile ?
Nous ne voulons pas la partition. C’est pourquoi nous appelons la communauté internationale tout comme les Africains et les Ivoiriens à rétablir la démocratie en Côte d’Ivoire en installant M. Ouattara au pouvoir. Les urnes ont parlé, le peuple a parlé, c’est M. Ouattara qui a été élu. Il faut lui remettre l’effectivité du pouvoir. Si la communauté internationale se montre ferme et que tous les démocrates se mobilisent, la situation devrait rapidement se régler et on ferait ainsi l’économie de vies humaines.
(Source : Le Parisien)
On parle déjà de vingt morts en Côte d’Ivoire. Craignez-vous un embrasement ?
GUILLAUME SORO. Il y a des risques réels. D’autant plus que Laurent Gbagbo se refuse à une transmission pacifique du pouvoir au nouveau président élu Alassane Ouattara et fait venir des miliciens du Liberia pour semer chez nous la désolation et la mort.
Le président Gbagbo vient de proroger d’une semaine le couvre-feu…
Nous vivons un véritable coup d’Etat. Trois officiers généraux ont refusé de céder le pouvoir au nouveau président élu et maintiennent Gbagbo en place : le vice-amiral Vagba Faussignaux de la marine nationale, le général Dogbo Blé de la garde républicaine, et le général Bi Poin de la gendarmerie. Nous sommes dans une situation d’état d’urgence. Et le nouveau président est réfugié au Golf Hotel, sous couvre-feu et sans accès aux chaînes de télévision étrangères qui ont toutes été coupées.
Que peut faire un président élu, mais réfugié dans un hôtel d’Abidjan ?
Le président Ouattara a été proclamé vainqueur par la seule institution responsable des élections, la commission électorale indépendante, et c’est pourquoi la communauté internationale a reconnu son élection. Le vrai problème, c’est que la démocratie en Côte d’Ivoire est en train d’être assassinée et que la volonté du peuple souverain, qui a voté à 84% au premier tour, est piétinée par une junte militaire qui a pris le pouvoir au profit de Gbagbo.
Mais le président Gbagbo s’accroche au pouvoir…
Gbagbo a bien compris que la communauté internationale a toujours été hésitante et vacillante face à l’application de ses résolutions. Ce n’est pas la première fois. En 2000, il a été élu dans des circonstances calamiteuses. En 2005, sans faire d’élections, il s’est maintenu au pouvoir. Et, dans cette logique, il pense pouvoir récidiver en 2010 et continuer à confisquer le pouvoir, en donnant ainsi un coup de poignard à la démocratie.
Deux légitimités s’affrontent avec deux présidents et deux Premiers ministres. Comment sortir de cette situation ubuesque ?
Vous avez tort. Il n’y a pas deux présidents et deux Premiers ministres. Il n’y a aujourd’hui qu’un seul président élu en Côte d’Ivoire, c’est M. Ouattara, et qu’un seul Premier ministre légal. M. Gbagbo n’est pas élu, mais il veut continuer à occuper le palais présidentiel, c’est un occupant! J’espère pouvoir compter sur la capacité de tous les défenseurs de la démocratie, des Africains comme de la communauté internationale, pour imposer à Gbagbo de céder le pouvoir comme hier les Etats-Unis l’ont fait avec Charles Taylor au Liberia. Gbagbo est dans une logique de confiscation du pouvoir et a ressorti les « escadrons de la mort », prêts à assassiner les Ivoiriens.
Quel jugement portez-vous sur Gbagbo aujourd’hui ?
Gbagbo est non seulement un tricheur, mais un dictateur. Quiconque n’accepte pas le jeu démocratique, le verdict du peuple et le résultat des élections est un dictateur.
Il parlait pourtant de vous comme de « son meilleur Premier ministre, qui a vraiment mouillé le maillot » pour organiser les élections… Qu’est-ce qui vous a poussé à dénoncer son « coup de force » ?
J’ai travaillé trois ans avec le président Gbagbo. Cela s’est très très bien passé. J’ai toujours cru à la parole qu’il m’a donnée de reconnaître le résultat des urnes. Mais à partir du moment où M. Ouattara a été élu et que Gbagbo ne le reconnaît pas, j’avais le choix entre la forfaiture et la vérité. Au nom de ma foi chrétienne, de mes principes et de mon éthique, j’ai décidé de soutenir la vérité et, ici en Côte d’Ivoire, la vérité des urnes, c’est que M. Ouattara a bel et bien gagné.
Y a-t-il un risque de partition ou de guerre civile ?
Nous ne voulons pas la partition. C’est pourquoi nous appelons la communauté internationale tout comme les Africains et les Ivoiriens à rétablir la démocratie en Côte d’Ivoire en installant M. Ouattara au pouvoir. Les urnes ont parlé, le peuple a parlé, c’est M. Ouattara qui a été élu. Il faut lui remettre l’effectivité du pouvoir. Si la communauté internationale se montre ferme et que tous les démocrates se mobilisent, la situation devrait rapidement se régler et on ferait ainsi l’économie de vies humaines.
(Source : Le Parisien)