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Politique Publié le jeudi 9 décembre 2010 | Nord-Sud

Refus de céder le pouvoir à Alassane Ouattara : Gbagbo piégé

© Nord-Sud
Laurent GBAGBO président de la république de Côte d`Ivoire
Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, à été officiellement investi ce samedi président de la République de Côte d`Ivoire
Le second tour de la présidentielle, tenu le 28 novembre, a débouché sur une partie d’échecs. Battu dans les urnes, Laurent Gbagbo refuse de céder le fauteuil. Du coup, le président élu, dont la légitimité fait l’unanimité dans le monde, reste bloqué à l’hôtel du Golf. Mais, Alassane Ouattara ne semble pas vouloir brusquer les choses. Il n’y a pas de doute qu’il tient le bon bout. Et, les évènements de ces derniers jours le prouvent.

En demandant expressément mardi, à Laurent Gbagbo, de s’effacer, sans délai, au profit du candidat des houphouétistes, la Cedeao a visiblement haussé le ton. Elle a surtout reconnu la légitimité et la légalité d’Alassane Ouattara. L’organisation sous-régionale a été rejointe hier par l’Union Africaine, à travers son président, le Malawite Bingu wa Mutharika. L’isolement diplomatique de Laurent Gbagbo est ainsi total au plan continental. Le chef de l’Etat sortant joue donc son va-tout à l’Onu, où la Russie continue à « pinailler », selon l’ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’Onu, Mme Susan Rice. Les négociations se poursuivent pour amener Moscou à reconnaître M. Ouattara comme seul vainqueur de l’élection présidentielle. Une fois la déclaration du Conseil de sécurité rendue publique, le sort de Gbagbo sera scellé. Par leurs différentes prises de position, les différentes organisations s’obligent à aider le président élu à s’installer pour commencer à travailler. Bien entendu, Alassane Ouattara pourra demander une aide qui lui sera accordée.

L’on se rappelle qu’à la demande du gouvernement de l’Union des Comores, l’UA est intervenue militairement sur l’île d’Anjouan, en 2008, afin de déloger son dirigeant illégal Mohamed Bacar.

Pour sa part, la Cedeao est intervenue en Sierra-Leone en juin 1997, avec l’Ecomog. Ce qui a permis le retour au pouvoir du président Ahmad Tejan Kabbah, en 1998.

Plus rien ne s’oppose donc à une initiative régionale pour faire respecter la volonté populaire.
Une éventuelle intervention de l’Onuci devrait donner lieu à beaucoup de tractations diplomatiques. D’autant que les règles d’engagement de la force impartiale n’ont pas encore été modifiées. Il faut aussi rappeler que les forces françaises sont sous mandat de l’Onu. Mais, Paris pourrait éventuellement apporter un appui à une force africaine.

Dans tous les cas, la déclaration du Conseil de sécurité relative à la reconnaissance de la victoire de Ouattara équivaudrait au début du compte à rebours contre Gbagbo. Surtout que les risques d’intervention qu’elle sous-entend pourraient mettre davantage la pression sur l’armée ivoirienne, dont beaucoup d’éléments seraient peu enclins à croiser le fer avec une force internationale mieux entraînée, et mieux équipée.

Kesy B. Jacob
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