À SEM Alassane Dramane Ouattara.
Excellence, je pourrais vous rejoindre autrement. Si je choisis pour la deuxième fois la voie de la lettre ouverte, c’est parce que, malgré votre imputabilité du destin de la Côte d’Ivoire en tant que Chef de l’État, des Autorités extranationales sont aussi concernées et responsables pour votre prise effective du Pouvoir des mains imposteurs de Laurent Gbagbo, le président sortant.
De mémoire d’homme, je n’ai jamais vu un si grand intérêt planétaire et un consensus frisant l’unanimité autour de l’issue d’une élection dans un pays très pauvre, très endetté (PPTE). Certes, votre propre notoriété et l’appât des ressources naturelles ivoiriennes y sont pour quelque chose. Cependant, ne sont pas à exclure les leçons apprises par la Communauté internationale lors d’évènements similaires passés.
Nous le savons, les Alliés n’ont pris la pleine mesure des horreurs des camps de concentration du Troisième Reich que trop tard, c’est-à-dire après avoir décidé d’y aller et en faire des musées historiques. Hitler, le Führer, a été sanctionné par contumace.
Par ailleurs, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a été mis en place le 8 novembre 1994 par le Conseil de sécurité de l’ONU afin de juger les personnes responsables d'actes de génocide commis entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994. Pourtant, dans l'enquête sur l'attentat contre l'avion de Juvénal Habyarimana, c’est au début de décembre dernier (2010) que le juge anti-terroriste français Marc Trévidic a inculpé six proches du président rwandais Paul Kagamé. Soit plus de quinze ans après cet attentat considéré comme le signal déclencheur du génocide rwandais. La justice française se dit être «compétente dans ce dossier en raison de la nationalité française de l'équipage de l'avion». Est-ce pour faire amende honorable puisqu’il est écrit que «la France ainsi que l’Onu et les États-Unis pouvaient permettre d’éviter le génocide rwandais ou tout au moins, l’arrêter à ses débuts? Ils n’ont rien fait, préférant se détourner du massacre, laissant ainsi l’ethnie tutsie à un sort cruel. Ils ont alors indirectement cautionné l’hécatombe», dixit le général canadien Roméo Dallaire lors de son témoignage devant le TPIR. C’est ce monsieur, traumatisé pour «avoir serré la main du diable» selon ses propres mots, qui dirigeait la mission de l'ONU au Rwanda pendant le génocide. Il a notamment accusé les Nations unies de ne pas lui avoir permis de démanteler des caches d'armes trois mois avant les massacres, en précisant que ses «supérieurs hiérarchiques» à l'ONU lui avaient répondu que «cela ne figurait pas dans le mandat de la mission (de l'ONU)». Quel était donc le mandat de l’ONU ? C’est le mandat du TPIR qui prit la relève. Trop tard !
Aujourd’hui, concernant la Côte d’Ivoire, je préfère supposer, pour conjurer le mauvais sort, que c’est en souvenance de ces génocides mal gérés que le monde entier s’est pris assez tôt cette fois pour reconnaître la victoire de Dr ADO à la présidentielle du 28 novembre dernier. Car, à la suite d’organismes internationaux tels la CEDEAO, l’UA, l’UE, l’ONU, l’OIF, de nombreux pays, en leur nom propre, «ont exigé le départ sans délai de Gbagbo» le mauvais perdant; des pays aussi bien influents que de moindre puissance, comme les États-Unis, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Espagne, l’Italie, la Belgique, l’Afrique du sud, le Nigéria, le Kenya, le Sénégal, le Burkina Faso.
À ce propos, le Haut commissaire aux droits de l'Homme des Nations unies, madame Navi Pillay, a affirmé à Genève, le dimanche 19 décembre dernier, que les violences en Côte d’Ivoire ont fait «(les) trois derniers jours plus de 50 morts et plus de 200 blessés». Mme Pillay s'est dit inquiète des «violations massives des droits de l'Homme», évoquant notamment des enlèvements dont ont fait état des «centaines de victimes et membres de leurs familles». Selon elle, ces enlèvements seraient commis «particulièrement la nuit, par des individus armés non identifiés en tenue militaire, accompagnés d'éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) ou de milices», ce, contre des individus soupçonnés de n’avoir pas voté pour le candidat malheureux, Laurent Gbagbo.
C’est donc bien un génocide qui est en train de s’opérer sous nos yeux au regard du fait que ce vocable est défini comme étant «l'extermination physique, intentionnelle, systématique et programmée d'un groupe ou d'une partie d'un groupe en raison de ses origines ethniques, religieuses ou sociales». D’où la surprenante réaction de la Communauté internationale qui, pour stopper Laurent Gbagbo dans sa folie meurtrière et l’inciter à rendre le Pouvoir usurpé, le menace de «sanctions ciblées» ; des sanctions aussi stériles que le «gel des avoirs» et les «restrictions de visas de voyage». Connaissant le degré de probité de Laurent Gbagbo, même un blocus économique, financier, portuaire, voire alimentaire contre toute la Côte d’Ivoire n’aurait pas d’effet sur la volonté de cet homme de se maintenir au pouvoir, tant que personnellement il aura de quoi manger, boire et satisfaire ses autres appétits, des plus angéliques aux moindrement lubriques.
Alors, Excellence, veuillez faire part à qui de droit que Laurent Gbagbo, comme le démontrent ses dix ans de gestion de la Côte d’Ivoire, n’a pas suffisamment de conscience d’État pour être sensible aux sanctions qui ne le privent pas effectivement du poste de président de la République. Par conséquent, la seule solution pour la Communauté internationale d’intervenir, pas trop tard, est d’enlever Gbagbo du pouvoir manu militari, à la manière la moins coûteuse humainement. C’est dire que les ultimatums visant à lui demander de choisir entre son inscription dans l’histoire comme démocrate ou dictateur, comme un Grand homme ou un minus, n’auront jamais d’impact sur un personnage dénué de notion d’humiliation, de honte et de dignité. C’est une vérité de Lapalisse.
Par ailleurs, toute action visant la récupération d’institutions étatiques, telles la RTI et la Primature, enfoncerait le pays dans des clivages claniques et alimenterait les occasions d’affrontement. Sans pouvoir atteindre la cible elle-même.
Le génocide étant l’enjeu, il y a donc urgence d’éviter que l’irréparable ne soit la conséquence des lourdeurs diplomatiques actuelles de «non ingérence» accouplée de «non indifférence», comme si l’application stricte du droit international en raison du chapitre VII de la Charte de l’ONU devait rester lettre vivante de persuasion ou de dissuasion et demeurer lettre morte dans l’action opportune pour le maximum d’efficacité.
À cet égard, veuillez transmettre, Excellence Monsieur le Président de la République, nos remerciements et encouragements à vos proches, votre équipe de travail et aux organisations nationales, internationales et régionales, civiles et militaires, qui ne ménagent aucun effort pour résoudre la crise postélectorale ivoirienne. Ma présente contribution se veut tout simplement positive, fort de ma conviction qu’à l’instar du cas de l’ex-président haïtien, Jean-Bertrand Aristide, l’enlèvement de Gbagbo suivi de la sécurisation du pays demeure la solution idoine pour stabiliser la Côte d’Ivoire.
Dr Antoine Ahua Jr
Québec, Canada
antoineahua@hotmail.com
Excellence, je pourrais vous rejoindre autrement. Si je choisis pour la deuxième fois la voie de la lettre ouverte, c’est parce que, malgré votre imputabilité du destin de la Côte d’Ivoire en tant que Chef de l’État, des Autorités extranationales sont aussi concernées et responsables pour votre prise effective du Pouvoir des mains imposteurs de Laurent Gbagbo, le président sortant.
De mémoire d’homme, je n’ai jamais vu un si grand intérêt planétaire et un consensus frisant l’unanimité autour de l’issue d’une élection dans un pays très pauvre, très endetté (PPTE). Certes, votre propre notoriété et l’appât des ressources naturelles ivoiriennes y sont pour quelque chose. Cependant, ne sont pas à exclure les leçons apprises par la Communauté internationale lors d’évènements similaires passés.
Nous le savons, les Alliés n’ont pris la pleine mesure des horreurs des camps de concentration du Troisième Reich que trop tard, c’est-à-dire après avoir décidé d’y aller et en faire des musées historiques. Hitler, le Führer, a été sanctionné par contumace.
Par ailleurs, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a été mis en place le 8 novembre 1994 par le Conseil de sécurité de l’ONU afin de juger les personnes responsables d'actes de génocide commis entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994. Pourtant, dans l'enquête sur l'attentat contre l'avion de Juvénal Habyarimana, c’est au début de décembre dernier (2010) que le juge anti-terroriste français Marc Trévidic a inculpé six proches du président rwandais Paul Kagamé. Soit plus de quinze ans après cet attentat considéré comme le signal déclencheur du génocide rwandais. La justice française se dit être «compétente dans ce dossier en raison de la nationalité française de l'équipage de l'avion». Est-ce pour faire amende honorable puisqu’il est écrit que «la France ainsi que l’Onu et les États-Unis pouvaient permettre d’éviter le génocide rwandais ou tout au moins, l’arrêter à ses débuts? Ils n’ont rien fait, préférant se détourner du massacre, laissant ainsi l’ethnie tutsie à un sort cruel. Ils ont alors indirectement cautionné l’hécatombe», dixit le général canadien Roméo Dallaire lors de son témoignage devant le TPIR. C’est ce monsieur, traumatisé pour «avoir serré la main du diable» selon ses propres mots, qui dirigeait la mission de l'ONU au Rwanda pendant le génocide. Il a notamment accusé les Nations unies de ne pas lui avoir permis de démanteler des caches d'armes trois mois avant les massacres, en précisant que ses «supérieurs hiérarchiques» à l'ONU lui avaient répondu que «cela ne figurait pas dans le mandat de la mission (de l'ONU)». Quel était donc le mandat de l’ONU ? C’est le mandat du TPIR qui prit la relève. Trop tard !
Aujourd’hui, concernant la Côte d’Ivoire, je préfère supposer, pour conjurer le mauvais sort, que c’est en souvenance de ces génocides mal gérés que le monde entier s’est pris assez tôt cette fois pour reconnaître la victoire de Dr ADO à la présidentielle du 28 novembre dernier. Car, à la suite d’organismes internationaux tels la CEDEAO, l’UA, l’UE, l’ONU, l’OIF, de nombreux pays, en leur nom propre, «ont exigé le départ sans délai de Gbagbo» le mauvais perdant; des pays aussi bien influents que de moindre puissance, comme les États-Unis, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Espagne, l’Italie, la Belgique, l’Afrique du sud, le Nigéria, le Kenya, le Sénégal, le Burkina Faso.
À ce propos, le Haut commissaire aux droits de l'Homme des Nations unies, madame Navi Pillay, a affirmé à Genève, le dimanche 19 décembre dernier, que les violences en Côte d’Ivoire ont fait «(les) trois derniers jours plus de 50 morts et plus de 200 blessés». Mme Pillay s'est dit inquiète des «violations massives des droits de l'Homme», évoquant notamment des enlèvements dont ont fait état des «centaines de victimes et membres de leurs familles». Selon elle, ces enlèvements seraient commis «particulièrement la nuit, par des individus armés non identifiés en tenue militaire, accompagnés d'éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) ou de milices», ce, contre des individus soupçonnés de n’avoir pas voté pour le candidat malheureux, Laurent Gbagbo.
C’est donc bien un génocide qui est en train de s’opérer sous nos yeux au regard du fait que ce vocable est défini comme étant «l'extermination physique, intentionnelle, systématique et programmée d'un groupe ou d'une partie d'un groupe en raison de ses origines ethniques, religieuses ou sociales». D’où la surprenante réaction de la Communauté internationale qui, pour stopper Laurent Gbagbo dans sa folie meurtrière et l’inciter à rendre le Pouvoir usurpé, le menace de «sanctions ciblées» ; des sanctions aussi stériles que le «gel des avoirs» et les «restrictions de visas de voyage». Connaissant le degré de probité de Laurent Gbagbo, même un blocus économique, financier, portuaire, voire alimentaire contre toute la Côte d’Ivoire n’aurait pas d’effet sur la volonté de cet homme de se maintenir au pouvoir, tant que personnellement il aura de quoi manger, boire et satisfaire ses autres appétits, des plus angéliques aux moindrement lubriques.
Alors, Excellence, veuillez faire part à qui de droit que Laurent Gbagbo, comme le démontrent ses dix ans de gestion de la Côte d’Ivoire, n’a pas suffisamment de conscience d’État pour être sensible aux sanctions qui ne le privent pas effectivement du poste de président de la République. Par conséquent, la seule solution pour la Communauté internationale d’intervenir, pas trop tard, est d’enlever Gbagbo du pouvoir manu militari, à la manière la moins coûteuse humainement. C’est dire que les ultimatums visant à lui demander de choisir entre son inscription dans l’histoire comme démocrate ou dictateur, comme un Grand homme ou un minus, n’auront jamais d’impact sur un personnage dénué de notion d’humiliation, de honte et de dignité. C’est une vérité de Lapalisse.
Par ailleurs, toute action visant la récupération d’institutions étatiques, telles la RTI et la Primature, enfoncerait le pays dans des clivages claniques et alimenterait les occasions d’affrontement. Sans pouvoir atteindre la cible elle-même.
Le génocide étant l’enjeu, il y a donc urgence d’éviter que l’irréparable ne soit la conséquence des lourdeurs diplomatiques actuelles de «non ingérence» accouplée de «non indifférence», comme si l’application stricte du droit international en raison du chapitre VII de la Charte de l’ONU devait rester lettre vivante de persuasion ou de dissuasion et demeurer lettre morte dans l’action opportune pour le maximum d’efficacité.
À cet égard, veuillez transmettre, Excellence Monsieur le Président de la République, nos remerciements et encouragements à vos proches, votre équipe de travail et aux organisations nationales, internationales et régionales, civiles et militaires, qui ne ménagent aucun effort pour résoudre la crise postélectorale ivoirienne. Ma présente contribution se veut tout simplement positive, fort de ma conviction qu’à l’instar du cas de l’ex-président haïtien, Jean-Bertrand Aristide, l’enlèvement de Gbagbo suivi de la sécurisation du pays demeure la solution idoine pour stabiliser la Côte d’Ivoire.
Dr Antoine Ahua Jr
Québec, Canada
antoineahua@hotmail.com