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Politique Publié le jeudi 23 décembre 2010 | L’Inter

Crise post-électorale : Gbagbo court-circuite la Cedeao

Comme l'hydre, ce serpent mythique à plusieurs têtes, et dont des têtes poussent chaque fois qu'on lui en coupe une, le président Laurent Gbagbo ne semble pas, et ne veut pas plier, malgré la forte pression internationale à laquelle il fait face depuis sa ré-installation au palais du Plateau. L'homme a en effet plusieurs tours dans son sac pour rebondir et contrer toutes les initiatives de ses adversaires visant à le faire partir du pouvoir. Le discours à la nation le mardi 21 décembre 2010 s'inscrit sans nul doute dans cette stratégie de défense ou de contre-attaque, dont lui seul à le secret. Dans cette adresse à la nation, le président proclamé par le conseil constitutionnel ivoirien a réitéré son appel à la négociation, faisant ainsi baisser la tension qui règne depuis quelque temps entre son camp et celui d'Alassane Ouattara. «Je ne veux plus de guerre. Je ne veux pas que le sang d’un seul Ivoirien soit versé. Je ne veux pas d’une guerre en Côte d’Ivoire qui peut s’étendre aux pays voisins ou les affaiblir. Je suis donc prêt, dans le respect de la Constitution, des lois ivoiriennes et des procédures que nous nous sommes librement données, à accueillir un comité d’évaluation sur la crise post- électorale en Côte d’Ivoire. Ce Comité, dirigé par un représentant de l’Union Africaine, et comprenant des représentants de la CEDEAO, de l’UEMOA, de la Ligue Arabe, des Nations Unies, des Etats-Unis, de l’Union Européenne, de la Russie et de la Chine, aura pour mission d‘analyser objectivement les faits et le processus électoral, pour un règlement pacifique de la crise. Ce Comité devra également comprendre des Ivoiriens de bonne volonté ». Extrait de ce discours de Laurent Gbagbo dans lequel il montre son attachement à la paix et qui ouvre par ailleurs les portes à la discussion ou à tout autre solution pacifique à la crise ivoirienne. L'on devrait donc comprendre à travers ce discours du père de la Refondation, que l'option militaire pour résoudre cette crise doit être écartée. «Je ne veux plus de guerre », a-t-il dit. Un message clair que le président Gbagbo envoie surtout à la grande famille de la communauté internationale, particulièrement à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), qui se font de plus en plus menaçants à l'égard du régime Gbagbo. Outre les interdictions de voyager et les gels des avoirs, la communauté internationale envisage le recours à la force. Elle se préparerait, à travers la Cedeao, pour l'envoi d'une force militaire (ecomog) en Côte d'Ivoire afin de contraindre Gbagbo à quitter le pouvoir. L'organisation sous-régionale ouest-africaine se réunit en effet demain vendredi 24 décembre, dans le cadre d'un sommet extraordinaire, pour plancher sur la crise ivoirienne, et rechercher des solutions à cette crise. Et selon des sources bien introduites, l'idée de l'envoi d'une force militaire ouest-africaine pour appliquer la décision de la communauté internationale, à savoir faire partir Gbagbo du pouvoir, tend à prendre forme à Abuja et pourrait se concrétiser ce vendredi. Le président en exercice de la Cedeao, le président nigérian Jonathan Goodluck, y adhère totalement, selon des sources. L'organisation ouest-africaine, faut-il le rappeler, appelle, tout comme l'ensemble de la communauté internationale, Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir. Et face à un chef d'État, décidé à ne pas s'exécuter, et convaincu qu'il a la vérité et la loi avec lui, le recours à la force semble désormais inscrit au chapitre des options. De son côté, le locataire du palais du Plateau n'entend pour rien au monde, céder le pouvoir sous la contrainte. L'affrontement paraît donc inévitable entre cette force qu'enverrait la Cedeao et le pouvoir Gbagbo, avec tous les dégâts que cela pourrait causer. Aussi, avant ce sommet extraordinaire de la Cedeao, le président Gbagbo tend-il une perche à l'organisation sous-régionale, afin que le pire soit évité. Faut-il cracher sur cette proposition de Laurent Gbagbo et envisager la force ? Une question qui devrait embarrasser la Cedeao dans le traitement du dossier ivoirien. Tout compte fait, son appel à la négociation, s'il n'infléchit pas les positions en sa faveur à cette réunion, pourrait au moins compter au moment de la prise de décision pour la Côte d'Ivoire. Dans tous les cas de figure, Laurent Gbagbo se présente ainsi à la face de l'histoire comme celui qui s'est montré ouvert à la discussion, pour éviter le pire à son pays.

Hamadou ZIAO
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