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Politique Publié le mardi 28 décembre 2010 | Le Patriote

Alain Le Roy, à la radio des Nations Unies: “Pas question que l’ONUCI soit humiliée”

© Le Patriote Par Aristide
Activités présidentielles : le Président Alassane Ouattara a reçu Alain le Roy, responsable des opérations de maintien de la paix des Nations unies
Lundi 27 décembre 2010. Abidjan.
Quelle sera désormais la posture de l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire à la lueur des derniers développements de l’actualité politique et militaire ? Le Chef du Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Alain Le Roy qui s’est confié récemment à radio de l’ONU à New York, dit tout sur tout.
Radio des Nations Unies : Alain Le Roy vous êtes le patron du maintien de la paix aux Nations Unies, merci d’accorder cette interview à la radio de l’ONU. Une interview que nous réalisons en collaboration avec nos collègues d’ONUCI FM. Sur le terrain, première question, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité une résolution pour la reconduction de mandat de l’ONUCI jusqu’ à fin juin, donc une reconduction de 6 mois. En quoi consistera ce mandat de maintien de la paix de l’ONUCI sur le terrain compte tenu de la situation actuelle ?
Alain Le Roy : Comme vous l’avez dit, ce mandat a été voté à l’unanimité des membres du Conseil et c’est très important que nous ayons le soutien complet du conseil de sécurité qui est responsable de la paix et de la sécurité dans le monde et ce mandat pour nous, c’est plusieurs choses. C’est d’abord continuer les bons offices pour trouver une solution politique à la crise. Mais, c’est aussi protéger et, c’est très clairement dit dans le mandat, les personnalités politiques, le gouvernement et le Président. Le mandat du conseil de sécurité fait explicitement référence aux décisions de la CEDEAO et de l’Union Africaine qui reconnaissent que le résultat de l’élection, c’est l’élection du Président Ouattara et bien sûr ce mandat rappelle que nous avons une tâche essentielle qui est de contribuer au maximum de nos capacités à la protection des civils en Côte d’Ivoire. Donc, nous devrons œuvrer pour le peuple ivoirien, et nous avons un mandat très clair là-dessus, d’essayer au maximum de prévenir les exactions et de contribuer à la contribution des civils de tous les civils ivoiriens quelles que soient leurs origines. Mais c’est une tâche extrêmement difficile dans les circonstances actuelles.

Radio des Nations Unies : Peut-être on va prendre les sujets un à un, les bons offices. Les bons offices, sur qui vous comptez vu que pour le moment la communication est difficile entre l’ONUCI et Laurent Gbagbo, ses hommes qui s’accrochent au pouvoir et qui ont demandé à l’ONUCI de plier bagages. Qui jouera les bons offices en faveur des Nations Unies et de l’ONUCI ? L’Union africaine, la CEDEAO, les Nations Unies peut-être aussi dans les coulisses ?
ALR : Là-dessus, je rappelle que nous ne sommes en guerre avec personne.
Notre tâche, c’est d’abord d’arriver à une solution pacifique et pour que le résultat de l’élection et de l’expression du peuple ivoirien soit respecté. Le Représentant spécial, M. Choi, continue d’être en contact avec les parties pour essayer de convaincre les uns et les autres d’arriver à une solution politique. Et c’est vrai que beaucoup d’autres acteurs que vous avez nommés essayent aussi d’apporter leur contribution. La CEDEAO bien entendu, l’Union Africaine, d’autres Etats membres, chacun essaie d’éviter d’arriver à la violence; donc, c’est cette tâche que nous avons aussi pour mandat d‘essayer de continuer à trouver une solution pacifique. C’est ce que nous faisons avec le reste de notre mandat.

Radio des Nations Unies : Dois-je comprendre que vous vous démarquez de l’appel de Guillaume Soro qui a demandé à un certain nombre d’organisations régionales, à l’ONU, l’Union Africaine, la CEDEAO, notamment de faire usage de la force pour faire partir Laurent Gbagbo purement et simplement ? Quelle est votre position ? Quelle est la position des Nations Unies ? Le recours à la force ou pas ?
ALR : Alors, moi je suis le responsable des Opérations de Maintien de la Paix, dont l’ONUCI et d’autres opérations. Il est très clair, l’ONUCI a un mandat, il est voté par le Conseil de Sécurité et ce mandat n’est pas de faire la guerre. Nous sommes des soldats de maintien de la paix. Le terme est parfaitement clair et avec un mandat robuste sous le chapitre sept des Nations Unies et qui n’est pas un mandat de faire la guerre. C’est très clair. L’ONUCI n’est en guerre avec personne. Nous n’avons pas ce mandat là. Mais en même temps, nous devons avoir une posture robuste car nous voyons bien que beaucoup d’exactions sont commises contre les civils. Donc, nous devons exercer notre mandat. Patrouiller, essayer de prévenir tous ces incidents et les dénoncer quand nous n’avons pas pu les prévenir. Donc c’est un mandat robuste mais c’est un mandat dans lequel bien sûr l’usage de la force est autorisé en cas d’auto défense ou en cas de défense du mandat. Mais de nouveau, il y a une grande limite entre cela et faire la guerre. L’ONU n’est en guerre avec personne et ne souhaite être en guerre avec personne. Elle est présente en Côte d’Ivoire pour la paix pour l’ensemble des Ivoiriens. Donc ce n’est pas l’ONU qui fera la guerre. En Côte d’Ivoire, nous sommes là pour protéger les citoyens dans une posture robuste.

Radio des Nations Unies : Justement pour enchainer sur cette posture robuste. Le terme de la robustesse, ce n’est pas un secret de polichinelle, YJ Choi avait demandé des renforts. Dans les coulisses de l’ONU, on entend parler de renforts. S’il était question d’envoyer des renforts, ce serait dans l’esprit de la dissuasion, mais aussi de rendre ce mandat de l’ONUCI plus robuste pendant les six mois à venir ?
ALR : Nous n’en sommes pas encore là pour le moment mais ce que nous voyons c’est l’augmentation des exactions contre les civils et d’énormes violations des droits de l’homme. Vous avez vu que le Conseil des Droits de l’Homme aujourd’hui à Genève a voté une déclaration condamnant ces exactions absolument abominables contre les droits de l’homme. On sait très bien que ceux qui sont responsables seront traduits devant la Justice internationale, ce sont des violations abominables contre les droits de l’homme. Nous voyons maintenant que des maisons sont marquées et pour conduire encore à une augmentation éventuelle du nombre des personnes qui seront attaquées ou atteintes, voire assassinées. C’est absolument inacceptable et pour remplir ce mandat de protection des civils, nous avons besoin d’avoir le maximum d’hommes possibles pour aider à réduire le nombre de personnes qui sont victimes d’atroces violations des droits de l’homme, voire d’assassinats.

Radio des Nations Unies : Est-ce qu’on pourrait voir dans les jours qui viennent quelque chose de plus concret émanant du Conseil de Sécurité en ce qui concerne l’augmentation du nombre de casques bleus ?
ALR: C’est au Conseil de Sécurité et aux Etats membres en général d’en décider

Radio des Nations Unies : J’aimerais revenir sur la situation sécuritaire sur le terrain et sur les chiffres données par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, chiffres qui seraient sûrement revus à la hausse, 173 morts ne serait-ce qu’entre le 16 et le 20 décembre, 473 blessés beaucoup d’exactions notamment dans les quartiers périphériques d’Abidjan, les casques bleus eux-mêmes protègent Alassane Ouattara et sont déployés autour de l’hôtel du Golf mais sont encerclés par les forces loyalistes de Laurent Gbagbo. Pendant combien de jours, combien de semaines pourraient-ils encore tenir?
ALR: Alors nous avons une partie de nos forces à l’Hôtel du Golf pour effectivement protéger l’Hôtel du Golf et ses habitants y compris le Président élu, M. Ouattara. Eh bien, c’est une tâche très importante mais nous avons d’autres forces qui ont pour tâche de protéger les civils, ceux-là doivent patrouiller de nuit et de jour pour essayer de limiter ces exactions et nous continuerons à le faire, c’est notre mandat, c’est essentiel que nous continuions à le faire.

Radio des Nations Unies : Alors expliquez peut-être à la population de Côte d’Ivoire, il y en a qui comprennent la position de l’Onu, il y a ceux qui ne la comprennent pas. Pourquoi l’Onu s’est ralliée au camp Ouattara ? Parce que c’était le mandat de l’Onu ? Les résultats donnés par la Commission Electorale Indépendante mais aussi parce que tout le monde était d’accord que l’Onu avait un rôle de certification, c’est cela ?
ALR: Ce n’est pas à l’Onu de choisir tel ou tel camp. [Il s’agit] simplement de respecter la légalité. Je rappelle qu’à Pretoria, il y a plusieurs années,[2005] il y avait un accord à l’initiative de l’Union Africaine pour demander, compte tenu de la situation particulière de la Côte d’Ivoire, de donner un mandat de certification du résultat des élections, de certification du processus électoral à l’Onu à travers son Représentant spécial, M. Choi. Là-dessus, la procédure a été respectée scrupuleusement. La Commission Electorale Indépendante a annoncé les résultats et le Représentant spécial par un très grand nombre de sources et d’enquêtes a certifié les résultats. Ces résultats ont par ailleurs, été également validés non pas seulement par l’Onu, par la CEDEAO, par l’Union Africaine. Je crois qu’il n’y a pas de doute dans la communauté internationale. Ce n’est pas le Secrétariat de l’Onu, c’est l’avis de l’ensemble, je le rappelle de la CEDEAO, de l’Union Africaine. Et je le rappelle, le Conseil de Sécurité de l’Onu a fait référence aux déclarations de la CEDEAO et de l’Union Africaine qui reconnaissent l’élection du Président Ouattara.

Radio des Nations Unies : Donc en gros, l’Onu, l’Onuci ont fait leur travail en toute neutralité, c’est cela?
ALR: Exactement, en toute impartialité. Nous avions un mandat confié par le Conseil de Sécurité sur la demande de l’Union Africaine, de certification, cette certification a été exercée et elle a été validée par tous les organes, je l’ai dit la CEDEAO, l’Union Africaine, le Conseil de Sécurité de l’Onu. Bien, je crois que sur ce point là, nous sommes absolument inattaquables. Nous avons agi de la façon la plus impartiale possible. Nous ne cherchons pas à favoriser un camp ou l’autre, nous cherchons à faire connaître la vérité, la vérité des chiffres, la réalité du processus électoral c’est ce qui a été fait avec l’approbation je le rappelle…

Radio des Nations Unies : Etes-vous en contact avec les représentants de la CEDEAO qui se réunissent d’ici quelques heures à Abuja ? Etes-vous en contact avec l’Union africaine ? Etes-vous en contact avec le Facilitateur du dialogue direct inter ivoirien, dont on a très peu entendu parler ces derniers temps ? Avec qui êtes-vous en contact pour faire tenter de bouger les choses dans le bon sens ?
ALR: Le Secrétaire général de l’ONU bien sûr, c’est son rôle, d’être en contact avec un très grand nombre de Chefs d’Etat de la région, de l’Union africaine et le Facilitateur, M. Compaoré, bien sûr c’est son rôle, d’être en contact lui, pour connaitre les vues de chacun, bien sûr il est contact permanent avec eux. Oui.

Radio des Nations Unies : Dernière question concernant les plans à envisager pour les jours à venir. Les consignes pour vos collègues sur le terrain, c’est de refuser l’intimidation ou de faire avec l’intimidation pour le bien-être du peuple de la Côte d’Ivoire ?
ALR: D’abord, nous en appelons à tous les ivoiriens et en particulier aux forces loyales au président Gbagbo, de respecter le discours du Président Gbagbo, l’autre jour à la télévision dans lequel il a appelé au calme, à la retenue. Il a demandé que le sang ivoirien ne coule pas. Donc ses partisans doivent cesser de faire des provocations dans la nuit contre les populations civiles, voire contre les personnels de l’ONUCI. Donc c’est cela qui est essentiel. Si ces provocations cessent, tout est possible. Mais ces provocations doivent cesser immédiatement, je le rappelle, contre la population civile et contre les personnels de l’ONUCI. Pour les personnels de l’ONUCI, je voudrais d’abord les saluer. Ils vivent des circonstances très difficiles, je dois dire que le Secrétaire général des Nations Unies et moi-même, nous sommes admiratifs devant leur qualité, leur résistance, leur courage ; Ils vivent un moment très difficile, tout le monde le reconnait et ils font un travail admirable. C’est vrai qu’ils doivent, par exemple, résister aux intimidations, aux provocations. Il n’est pas question qu’ils soient humiliés, ils ont un mandat très clair, à l’unanimité du Conseil de sécurité. Donc c’est quelque chose de très difficile à exécuter. Mais je compte sur eux, nous comptons sur eux, le Secrétaire général compte sur eux pour exercer ce mandat, pour l’honneur des Nations Unies et pour le bien-être du peuple ivoirien.

Radio des Nations Unies : Une pensée pour ce peuple ivoirien, qui, depuis 2002, ensuite 2003, ensuite 2004, ensuite 2005, 2006, 2008 et 2009, attendait impatiemment, la venue des élections et l’issue des élections. Une pensée pour ce peuple de Côte d’Ivoire qui ne demande qu’à reprendre une vie normale ?
ALR: Bien entendu. C’est pour lui que nous sommes là. C’est pour le peuple ivoirien, pour contribuer à la paix et à la sécurité du peuple ivoirien, si possible de façon durable, c’est pour cela que nous sommes consternés, nous sommes très déçus de la tournure des évènements, mais nous ne perdons pas espoir. Il faut continuer tous les efforts diplomatiques possibles pour avoir une solution pacifique. Il faut, par ailleurs, en ce qui concerne l’ONUCI, que nous remplissions le mandat qui a été confié par le Conseil de sécurité. C’est fondamental, pour la crédibilité des Nations Unies et pour le bien-être du peuple ivoirien.

Radio des Nations Unies : Dernière question Alain Le Roy, quel est le message que vous avez aujourd’hui en cette veillée de Noël, à Laurent Gbagbo et à Alassane Ouattara ?
ALR: Je rappelle que le Président Gbagbo, à la télévision l’autre jour, a dit très clairement qu’il souhaitait le calme, la retenue et qu’aucun sang ivoirien ne coule. Donc c’est fondamental que ces paroles soient sincères et que tous ces partisans suivent à la lettre ses paroles. Maximum de retenue et en aucun sang ivoirien ne doit couler. Donc toutes les exactions qui ont lieu la nuit par les milices qui lui sont proches contre les populations civiles doivent s’arrêter immédiatement. Quant au Président Ouattara, nous lui demandons de la patience. Je crois qu’il a, très clairement, un grand soutien de la communauté internationale et doit comprendre que la retenue doit être faite, mais nous comprenons bien sa situation.

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