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Société Publié le lundi 3 janvier 2011 | L’expression

Bouaké : Une Saint sylvestre à deux visages

Les festivités marquant le passage à la nouvelle année ont été diversement vécues par les populations de la capitale du Centre. Comme il est de coutume les années précédentes, une frange importante des habitants de la ville ont prie d’assaut les points chauds de la ville, pour trinquer, danser et boire à gogo ou prier dans les temples. Cependant, beaucoup de Bouakéens, profondément déçus par l’imbroglio socio politique que traverse le pays, ont délibérément choisi de refuser de prendre part à la fête du 31 décembre. Il est 23h55, quartier commerce. Dans cinq minutes, c’est l’entrée dans la deuxième décennie du troisième millénaire. Malgré le froid glacial de l’harmattan, rues et ruelles du centre des affaires de Bouaké sont bondées de monde. Tous sont venus célébrer le changement d’année. A motos, en taxis, gbakas et véhicules personnels, les fêtards débarquent de tous les cotés de la ville. Du fait de l’embouteillage crée par cette marée humaine, partir de l’immeuble de l’ex-Eeci pour rallier le rond point central, en empruntant la nationale qui traverse la ville pour continuer sur la ville de Korhogo, révèle d’un véritable parcours de combattant. Pour une distance d’environ 500m, notre équipe de reportage a mis plus de vingt minutes. «Cette la fête. Il faut en profiter pour changer d’air en vue d’entrer avec joie et espérance dans la nouvelle année. C’est ce qui justifie ma présence à cette heure tardive avec les membres de ma famille», indique M Koué devant un glacier. Derrière l’immeuble des 18 logements, l’espace où se concentrent les principaux maquis de Bouaké, l’heure est également à la fête. Pendant que d’autres mangent, d’autres boivent ou dansent. Poulet frite, rôtis, poissons braisés… sont les mets régulièrement aperçus dans les assiettes des fêtards. Un tour dans les bars américains sis dans le périmètre nous permet de découvrir une facette plus romantique de la célébration de la saint sylvestre dans la seconde ville du pays. Loin du vacarme des rues et maquis, c’est le lieu choisi par les couples amoureux pour marquer d’une pierre blanche le premier jour de l’an 2011.De l’aveu des gérants de maquis rencontrés, pour ce qui est du business, les affaires bougent cette nuit. Quant arrive minuit, de nombreux feux d’artifices illuminent le ciel de la seconde ville du pays. Changement de décor. Ambiance plus calme au quartier Koko, à proximité de la maternité. Réunis autour du thé des jeunes ont décidé de ne pas profiter de l’atmosphère féerique du réveillon de la Saint sylvestre. Pour eux, c’est une manière de marquer leur réprobation face à la situation de blocage créée par l’ex-chef d’état. Ils croient que la fête sera le jour du départ de Laurent Gbagbo. «C’est notre philosophie à nous. Chacun à sa manière de voir la vie. Tant que Gbagbo est là, nous, on se refuse de fêter quoi que ce soit. L’élection du candidat du Rhdp pour nous, est un pas de géant pour notre pays, sur le chemin de la démocratie. Cette joie a été écourtée par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaitre sa défaite. C’est ça le jeu démocratique. Un jour on gagne, un jour on perd. Pour tout dire, 2010 est une tâche noire sur l’échelle du temps de notre pays. Alors pourquoi s’en réjouir ?», se demande Dosso Moussa, un membre du groupe. A Ahougnassou, Kouadio Fidèle et son ami partagent la même philosophie que les jeunes de Koko. Rencontrés dans un kiosque à café, ces deux enseignants pensent également qu’il n’y a rien à fêter. «Nous on a voté. Le Conseil constitutionnel a monté de toutes pièces des mensonges pour annuler nos voix. C’est ce que vous voulez que nous fêtions? Non!», se désole l’enseignant.

Marcel Konan à Bouaké

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