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Politique Publié le mercredi 5 janvier 2011 | Le Temps

Médiation Ua-Cedeao/les langues se délient : Les vérités de Yayi Boni à Ouattra

© Le Temps Par Emma
Economie - La Côte d`Ivoire accueille la 45ème Assemblée annuelle de la BAD et la 36ème Assemblée annuelle du FAD
Jeudi 27 mai 2010. Abidjan, Palais des congrès de l`Hôtel Ivoire. Cérémonie d`ouverture. Photo: de g. à dr. les présidents béninois, Yayi Boni et togolais, Faure Gnassingbé
Après le deuxième round de la médiation africaine en Côte d’Ivoire, les langues se délient.
Contrairement à ce que le camp Ouattara laisse croire, il y aura un troisième round des discussions. En vue de sortir pacifiquement le pays de la crise actuelle. Mais avant, les langues se délient et mettent à nu, les désenchantements du grand locataire de l’Hôtel du Golf. Selon des sources proches des quatre émissaires africains chargés de trouver une issue à la crise post-électorale ivoirienne-, ont goûté au venin du gourou du Golf pour qui, ils avaient pris position, avant leurs séjours respectifs en Côte d’Ivoire. Le Premier ministre kenyan, Raila Odinga (médiateur de l’Union africaine), les chefs d’Etat Yayi Boni (Bénin), Pedro Pires (Cap-vert) et Ernest Bahi Koroma (Sierra Leone), tous trois envoyés de la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest, (Cedeao), ont eu un accueil pas digne de leur haut rang.
Après leur rencontre avec le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, le lundi 3 janvier dernier au Palais présidentiel, les quatre médiateurs se sont rendus au Quartier général (Qg) de M. Ouattara, à l’Hôtel du Golf, pour une entrevue avec ce dernier. Pour leur souhaiter la bienvenue, les émissaires africains ont d’abord attendu 30 mn, avant d’être reçus par le candidat malheureux. Sans savoir que ce temps d’attente fou a fini par agacer les éminentes personnalités africaines, Alassane Dramane Ouattara, a commencé par leur faire des reproches, dès l’entame des pourparlers. Mécontent de leur démarche à leur arrivée, Ouattara a violemment déploré le fait que les quatre envoyés de la Cedeao et de l’Ua aient échangé, en premier, avec le Président Laurent Gbagbo, avant de venir dans son Qg. Leur faisant remarquer avec un air railleur, qu’il est le Président élu (?). Et qu’en tant que tel, il est la première personne à qui les émissaires doivent rendre visite, avant d’aller voir son adversaire. Exposant ainsi sa haine inexplicable devant les quatre dirigeants africains. Expression physique et langagière d’une perte de confiance dans la démarche normale des représentants de l’Ua et de la Cedeao. Qui ignoraient que dans l’antre du Rhdp, Ouattara est le seul qui parle à tous, sans y être contredit.
Mais (toujours selon nos sources) cette attitude à la limite de l’impolitesse vis-à-vis de ces hauts représentants des Institutions sous-régionales et africaine n’est pas restée sans réplique. Elle est venue du Président de la République du Bénin, Sem Yayi Boni, très étonné d’entendre ces paroles (pour la deuxième fois) du président du Rdr, il lui a craché ses vérités. Avec l’humour qu’on lui connait, le chef de l’Etat béninois a rétorqué en ces termes : «si tant est que vous êtes le Président de la République, pourquoi n’avez-vous pas envoyé votre Premier ministre nous accueillir à l’aéroport ?».
C’est dans cette atmosphère quelque peu malsaine -même si la posture diplomatique y a pris le dessus après-, que les échanges ont abouti au même refrain de Ouattara : «j’ai été proclamé vainqueur par la Cei et certifié par l’Onuci. J’attends donc que Gbagbo parte, comme l’a indiqué la communauté internationale, afin que je m’installe au Palais». L’on comprend aisément pourquoi la rencontre de l’Hôtel du Golf a duré 2h. Sans avancée apparente. Contrairement au court temps avec le Président Gbagbo. Ils ont passé 90 minutes avec Laurent Gbagbo dans le bureau présidentiel. N’empêche, «les discussions continuent», a déclaré le Président de la Sierra Leone. Très avares en déclarations après leurs rencontres avec les deux protagonistes de la crise ivoirienne, les émissaires ont quitté la Côte d’Ivoire tard dans la nuit, pour aller à Abuja rendre compte de leur mission (hier : ndlr) au chef de l’Etat nigérian Goodluck Jonathan, président de la Cédéao.
Seul le Président béninois a fait un commentaire pour dire que nous allons revenir, sans toutefois apporter plus de précisions. Là où, le camp Ouattara n’en veut apparemment plus. «Pour nous, les discussions sont terminées : tout a été fait pour que la diplomatie et le dialogue nous amènent à trouver une solution définitive».
De la journée des discussions du lundi 3 janvier, il est à noter que la fermeté affichée par la Cédéao ne serait plus de mise. Si l’on en croit les déclarations du ministre ivoirien des Affaires étrangères, l’Ambassadeur Alcide Djédjé. Affirmant que l’«option militaire est totalement exclue par les pays membres de la Cedeao ». L’étau semble donc se resserrer autour de Ouattara qui commence à perdre ses peines. Ce, d’autant plus que le Secrétaire général, Ban Ki-moon, a réaffirmé depuis le samedi dernier, la position «principe» des Nations unies. Selon laquelle les résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre reflètent la volonté du peuple ivoirien et doivent être acceptés par toutes les parties. Rappelant que la communauté internationale restait engagée à rechercher une «issue pacifique et durable» à l’impasse politique dans laquelle se trouve la Côte d’Ivoire.
Frimo D. Koukou
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