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Politique Publié le mercredi 5 janvier 2011 | Le Nouveau Réveil

Attaque du siège du Rhdp par des éléments Fds pro-Gbagbo, hier/Soro K. Manassé, porte-parole des militants du Rhdp, résidant au Qg du Rhdp : “Nos amis, disparus, sont injoignables jusqu`à présent”

La maison du Rhdp, anciennement la maison du Pdci, sise à Cocody, a connu une ambiance effroyable, hier. En effet, les Fds ont attaqué les militants du Rhdp qui y vivaient sous prétexte d'une perquisition. Très tôt le matin, ils ont été délogés avec une violence indicible. Dans cet entretien, Soro K. Manassé, porte-parole des militants du Rhdp, résidant au Qg, nous retrace les détails de cette attaque.
Pouvez-nous dire ce qui s'est passé réellement ce matin à la maison du Rhdp ?
Ce matin très tôt, aux environs de 05h30-6h du matin, nous avons eu la visite surprise des corps habillés dont je ne saurais déterminer leur l’appartenance au regard de la façon dont ils se comportaient et de la manière dont ils sont intervenus ; je ne saurais dire que ce sont nos frères Ivoiriens. Nous avons constaté plusieurs dizaines de véhicules de la Bae, des cargos de la Basa et ceux de la gendarmerie qui ont garé en face de l'entrée du Qg. Ainsi, sommes-nous sortis pour savoir pourquoi cela se produisait. Notre premier interlocuteur a rétorqué en ces termes : " Vous, des chiens comme ça, vous partez où ? On va vous tuer ici aujourd'hui ". Donc, nous avons fait demi-tour. Peu après, nous avons eu la visite de six (06) éléments dont un portait le grade de capitaine et les autres étaient des lieutenants. Il y avait parmi eux, le commissaire du 8ème arrondissement. Alors, ils nous ont dit qu'ils étaient là pour une perquisition. Nous leur avons dit qu'on ne cachait rien.

Est-ce qu'ils vous ont montré un document leur permettant d'opérer ?
De la manière dont ils sont arrivés, ils ne pouvaient pas avoir de document. Ils nous ont réveillés au petit matin, et on n'a pas pu le leur demander compte tenu de leurs menaces.

Comment se sont-ils comportés concrètement ?
Ils étaient très violents. Déjà, dès qu'ils sont arrivés et que nous sommes sortis, il y a des personnes entre elles qui nous menaçaient en ces termes : " Vous des chiens comme ça, vous partez où ? On va vous tuer ici ". Alors, on a eu peur.

Qui sont ceux qui étaient à la maison du Rhdp au moment de leur intrusion ?
Il faut rappeler les faits. Parce que depuis le 2ème tour de l'élection présidentielle, nos camarades étudiants qui étaient dans les cités universitaires se sont vu agresser, chasser comme le camarade Soro parce qu'ils ont simplement représenté le Rhdp dans les différents bureaux de vote sur le Campus à Cocody. Ils ont alors trouvé refuge à la maison du Rhdp. Nous étions en train de voir avec les responsables comment s'organiser pour qu'ils retournent, soit en famille, soit sur les campus jusqu'à ce que la situation se calme pour qu'ils reprennent les cours. Et ceux qui travaillent à la maison du Rhdp. Ensuite, certaines personnes qui ont été agressées chez elles à Port-Bouët, Abobo, qui se sont retrouvées là. Donc, voici pourquoi, il y a eu la présence des femmes, des enfants et des étudiants. Nous étions au nombre de 240 personnes qui vivions à la maison du Rhdp.

Peut-on avoir le nombre de rescapés ?
Ceux qui ont pu s'échapper sont au nombre de 31 personnes.

Pouvez-vous nous décrire comment ils manifestaient cette violence ?
Ils ont d'abord demandé à perquisitionner. Nous n'avons pas opposé de refus. Mais quand ils ont constaté qu'il y avait des portes fermées à clé, ils ont voulu les casser lorsque nous avions dit que les clés se trouvaient avec les responsables et qu'ils devaient attendre le lever du jour pour qu'on constate ensemble ce qui est à l'intérieur. Les quatre officiers sont alors retournés pour voir leurs éléments.
L'ensemble des soldats dehors ont commencé à tirer et d'autres lançaient des gaz lacrymogènes. Et ainsi ils ont commencé à ouvrir le feu.

Est-ce qu'on peut avoir le bilan de cette situation ?
Nous avons fui et plus tard le général Ouassénan est arrivé et avec lui des responsables du Pdci. Moi, j'étais dans le quartier, je les ai aperçus et nous avons fait le constat ensemble. Nous avons constaté qu'il y avait des impacts de balles partout, du sang et des habits de certaines personnes brûllées. Nous avons compris que cela cachait quelque chose. Les amis dont les habits ont été enlevés et brûlés sont injoignables jusqu'à présent. Nous avons pu mettre à la disposition de la police, une grenade lancée qui n'a pas explosé, toutes les portes ont été fracturées. Il y a eu des blessés graves qu'on a transportés à l'hôpital. Pour l'instant, d'autres sont enlevés et portés disparus. D'autres sont à la préfecture de police.

Qu'est-ce qui s'est passé quand le général Ouassénan est entré dans la maison du Rhdp ?
Je n'étais pas là quand le général entrait. Mais lorsque je l'ai eu au téléphone et qu'il m'a rassuré que je pouvais venir, j'ai vu que ceux qui étaient là parce que leurs camarades sont partis blessés, ont commencé à collaborer. Mais, ils ont refusé que les journalistes puissent entrer. Ils ont refusé de collaborer avec l'huissier que le Rhdp a fait venir. Dieu merci, sur place, on a eu les moyens pour remettre aux militants qui étaient sur place pour rentrer chez eux ou chez des proches.

Qu'est-ce que devient la maison du Rhdp aujourd'hui ?
Il faut dire que les mêmes policiers qui ont tiré sur nous ont la garde de la maison du Rhdp. Il faut rappeler que nous sommes tous partis et ce sont ceux qui sont venus nous attaquer qui détiennent la maison du Rhdp jusqu'à l'heure où je vous parle.
Entretien réalisé par Patrice Yao
François Bécanthy
Coll : Morgan Ekra

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