Dans la soirée du dimanche 25 mars dernier, de 19h à 20h, des éléments des Frci encasernés à La place de la liberté à Yopougon, ont fait une descente musclée et armée à la Rue des princes et ses environs, au quartier Yopougon-Selmer. Selon des témoignages recueillis sur place, le bilan est lourd : trois morts dont un agent de la Société Ivoirienne de Banque (Sib) qui répond au nom de N’Zi Kouamé Lucien et deux autres personnes dont les identités n’ont pas été données. Ces trois victimes ont été poignardées, égorgées et battues avec des gourdins. P. Kouassi, l’un des amis de l’agent de banque, indique qu’ils étaient en train de partager un vin quand des gens ont commencé à courir de toute part. Cette débandade inhabituelle a créé la psychose et il a proposé qu’ils se mettent tous à l’abri d’un éventuel danger. Mais, N’Zi Kouamé Lucien a préféré garer sa voiture dans un lieu sécurisé. Au moment où il se dirigeait vers son véhicule, il a été appréhendé par un groupe d’éléments des Frci armés de gourdins et d’armes blanches. La victime qui a un handicap au pied, n’a pas pu fuir et les soldats de Ouattara se sont rués sur lui et l’ont mortellement poignardé. Quant à celui qui a été égorgé, il a rendu l’âme dans une clinique de la place. Le troisième a été malmené à l’aide de gourdins et de barres de fer. Il a été retrouvé dans un état piteux, couché dans une marre de sang avec une barre de fer qui a transpercé son crâne et emporté au passage un œil qui s’est retrouvé à l’arrière de la tête. C’était affreux ! Parmi les autres victimes, figurent B. Guy-Simplice, un vendeur d’habits. Il explique sa mésaventure : «Ayant constaté l’ampleur de la situation, je tentais de fermer mon magasin quand j’ai reçu un coup violent sur mon bras. J’ai été encerclé par des jeunes surexcités qui m’ont tabassé. Après quoi, ils sont entrés dans mon magasin et emporté presque toutes mes marchandises. Le préjudice s’élève à 1 million 500.000 fcfa. Il faut noter que ce sont des habits importés d’Italie que je vends ici. Il y a des Jeans de bonne qualité parmi ces habits». Plusieurs jeunes filles ont également été violées, selon de nombreux témoignages. Y. Nathalie, l’une des victimes, souffre d’inflammations abdominales. «Sous la menace d`un couteau et de gourdins, ils m`ont tenue en respect et quatre personnes m`ont violée», explique-t-elle en larmes. En plus des exactions susmentionnées, ces éléments des Frci se sont adonnés au vol de biens. Ainsi, toutes personnes qu’ils croisaient sur leur chemin, étaient dépouillées de leurs portables et de sommes d`argent. Des magasins ont été pillés tandis que des boissons dans des bars ont été emportées. Des victimes, une centaine, ont porté plainte contre les Frci au commissariat du 16è arrondissement de Yopougon. Selon une serveuse d’un maquis qui a requis l’anonymat, la veille du drame, c’est-à-dire le samedi 24 mars 2012, dans le maquis «Vélodrome», des altercations ont éclaté entre des éléments des Frci et un groupe de jeunes de Yopougon-Selmer. L’un des soldats pro-Ouattara aurait été blessé. Pour le venger, ces compagnons sont venus attaquer les habitants du quartier avec des armes blanches et des gourdins. «Depuis qu’un camp militaire est installé à la Place de la liberté à Yopougon, nous vivons dans une insécurité totale. Nous exigeons que ce camp soit démantelé», soutient un riverain interrogé sur place.
Une correspondance d’Emile Kian
Une correspondance d’Emile Kian