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Politique Publié le mercredi 5 janvier 2011 | Nord-Sud

Médiations africaines en Côte d`Ivoire : La grande cacophonie…

La Cédéao et l'UA n'affichent pas une position claire, leurs déclarations discordantes ne sont pas faites pour rassurer quant à l'issue de la crise post-électorale.

Qui dit quoi dans la médiation initiée en Côte d'Ivoire par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l'Union africaine (UA) ? La question est fondamentale, parce que les deux institutions continentales parlent un langage difficile à déchiffrer. En tout cas, si les prises de position respectives ont des contours flous, force est de réaliser qu'elles sèment le trouble dans l'esprit des Ivoiriens. A commencer par la sortie du porte-parole du président de l'UA. Le Malawite Wa Mutharika dont l'institution a dépêché à Abidjan le Premier ministre kényan, Raïla Odinga, est « déçu de la lenteur du processus de médiation en Côte d'Ivoire ». « Le président de l'UA est (aussi) déçu de l'absence d'une percée à l'heure actuelle », a également déclaré, hier, le porte-parole Hetherwick Ntaba. Pourtant l'émissaire de l'UA avait suscité de l'espoir chez les Ivoiriens suite à la déclaration qu'il a faite à l'Afp, hier. « Nous avons rompu la glace. Nous avons entamé les discussions. Ils (MM. Gbagbo et Ouattara) ont accepté de se rencontrer face-à-face mais à certaines conditions », avait-il laissé entendre, non sans déclencher le courroux du camp Ouattara. Lequel a démenti fermement la probabilité d'une rencontre avec Laurent Gbagbo. Le même Odinga rétrécit le champ d'éventuelles discussions entre les deux parties. « Ce que l`on appelle la solution kényane est désormais en vogue. Quand les gens perdent les élections, ils veulent rester au pouvoir en espérant pouvoir négocier ce genre de partage du pouvoir avec les opposants. (…) Je lui ai dit (à Laurent Gbagbo) que cette option n`était pas disponible. La solution kényane n`en est pas une du tout. (…) L`expérience kényane a été répétée au Zimbabwe sans grand succès jusqu`à présent (...) ça n`est pas une façon de faire avancer les processus de démocratisation africains. C`est ce que l`équipe a dit à M. Gbagbo », a-t-il confié lors d'une conférence de presse à Abuja. La Cédéao même vacille. Car, avant même d'engager une médiation, elle avait affiché une position sans appel : déloger Laurent Gbagbo. L'institution panafricaine avait même brandi la « l'intervention militaire », au terme de sa conférence extraordinaire du vendredi 24 décembre dernier. Mais plusieurs voix et non des moindres (la France, le Ghana, l'Angola…) s'étant élevées contre la force, la Cédéao a rangé « pour le moment » sa solution. Pour autre cause, le président de la communauté ouest-africaine, Goodluck Jonathan voulait selon lui privilégier le dialogue. Et puis, contre toute attente, le président de la commission de la Cédéao le devance en disant que l'option militaire reste sur la table. « Il ne fait aucun doute que la position de la Cédéao est que, si l`exploitation de la voie pacifique est infructueuse, alors l`option militaire peut aussi être considérée comme un moyen de résoudre de façon durable la crise en Côte d`Ivoire », a-t-il ravivé le spectre d'une descente militaire. Or, la veille à Abidjan, le Sierra-Léonais Ernest Baï Koroma a laissé croire que tout est allé comme sur des roulettes. « Nous avons eu deux rencontres très importantes. Les discussions se poursuivent. Nous aurons des éléments complémentaires à partager avec vous. Les discussions se déroulent très bien et sont en cours », avait-il dit, visiblement confiant.
Bidi Ignace
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