Après le règne dans désert et la prise en otages d’Occidentaux, les terroristes ont-ils décidé de frapper en plein cœur du Mali, avec l’explosion hier d’une bombe devant l’Ambassade de France à Bamako ? Le premier bilan annonçait deux blessés et l’on a fait état de l’arrestation par la police malienne de l’auteur de l’explosion. Par la suite Paris a reconnu qu’il ya eu un blessé léger. Le Mali est de plus en plus cité comme une zone favorable à des extrémistes islamistes. Au point que Washington avait décidé d’y établir un centre opérationnel dans la lutte contre Al Qaeda et ses dérivés. L’affaire de l’avion transportant de la drogue écrasé dans le désert malien, avait également alimenté beaucoup de commentaires. La France est-elle visée pour sa politique en Afghanistan et en Irak, ou bien l’auteur arrêté par la police a-t-il d’autres griefs contre Paris ? Peut-on établir un lien entre cet attentat et la position de Paris dans la crise postélectorale en Côte d’Ivoire ? Personne n’ose s’aventurer sur ce terrain. Toutefois l’incertitude qui règne en Côte d’Ivoire peut constituer un motif d’immobilisme sur d’autres fronts politiques et diplomatiques en Afrique. Une réunion des responsables de l’Uémoa est prévue aujourd’hui à Bamako. Att, qui est en fin de mandat a adopté depuis le début de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, une attitude de réserve et de prudence. Même si le Mali, n’a pas pris de position contraire à celle de l’ensemble des pays de la Cedeao, ATT semble dans une situation délicate compte tenu de ses bonnes relations avec Laurent Gbagbo, qu’il appelle kôro, c’est-à dire grand frère. Par ailleurs, l’on prête au Président malien l’idée de soupçonner Alassane Ouattara de vouloir appuyer Soumaïla Cissé à la prochaine présidentielle au Mali. Des proches de l’intéressé démentent et se demandent si cette information signifie qu’ATT a un candidat secret. Apprécié pour avoir su résister à la tentation de rester au pouvoir, c’est-à dire, à toute Tandjaïsation, le président malien reste malgré les critiques et les incompréhensions, une boussole pour la démocratie en Afrique, pour avoir su organiser à l’époque une transition démocratique, après la chute de Moussa Traoré. ATT est resté célèbre pour cela et a été très apprécié sur le continent et dans le monde, même si ses deux mandats ont été souvent émaillés de crise politique et sociale, avec notamment de nombreuses grèves dans l’enseignement. Au cours de la longue crise ivoirienne, qui a débuté juste un peu plus d’un an après son accession au pouvoir, ATT a subi quelques fois des critiques de la part des Forces nouvelles, mais il a su avec le temps, ménager la succeptibilité des uns et des autres en maintenant de bons contacts avec toutes les parties, même si Laurent Gbagbo a souvent bénéficié de marque d’amitié de sa part, comme sa venue à Abidjan lors des Assemblées annuelles de la BAD, en Mai dernier . Mais avec l’attentat intervenu hier, à Abidjan ne faut-il pas craindre que l’image d’Amadou Toumani Touré soit écornée ?
Charles Kouassi
Charles Kouassi