Laurent Gbagbo est un homme entièrement à part. Entre ce qu’il dit et ce qu’il fait, il y a toujours un grand fossé, un hiatus considérable. Quand il parle, c’est pour mieux déparler. Ses professions de foi et ses proclamations ne sont jamais en harmonie avec ses actions. La roublardise, la duplicité et le double langage n’ont aucun secret pour lui. On pourrait passer une journée, une semaine, un mois et une année à égrener ses coups bas et tordus, en rupture totale avec son discours. Il nous a dit ici, dans ce pays, qu’il est un démocrate ou encore un enfant des élections, qui dénonce les coups d’Etat et les atteintes à la démocratie. A présent, c’est lui qui conteste la victoire pourtant éclatante du Président Alassane Ouattara. C’est lui qui tente de confisquer les rênes d’un pouvoir qu’il a perdu depuis le 28 novembre 2010. Le même Gbagbo nous a dit avec fracas, que c’est grâce à lui que nous avons droit à la parole. Que c’est bien lui qui a ôté le bâillon qui nous empêchait de parler. Aujourd’hui, c’est pourtant lui qui se débat pour embastiller la liberté d’expression, en censurant les chaines de télévision étrangères et en mettant en coupe réglée, les médias d’Etat, caporalisés et instrumentalisés. Il nous avait dit également qu’il était un patriote et un nationaliste, poussant loin l’outrecuidance à se comparer à Lumumba, N’Nkrumah et à Sankara. C’est lui qui recrute et arme les mercenaires libériens et angolais, pour tuer ses compatriotes. Sur sa lancée vertigineuse, Gbagbo s’était bombé la poitrine, en nous signifiant qu’il n’avait pas de comptes et biens à l’étranger et que ses seuls avoirs étaient domiciliés à la Riviera Golf. Ce n’était que du verbiage creux ! L’homme a des biens et comptes bancaires en France, aux Etats Unis et dans bien des pays africains. De plus, le camarade dit socialiste nous avait déclaré être « le candidat des Ivoiriens ». Au grand dam de ses partisans, il a confié sa communication de campagne à des entreprises françaises, a eu recours à des avocats octogénaires français alors que ce ne sont pas des avocats qui manquent en Côte d’Ivoire. Avec Gbagbo, c’est toujours ainsi. Faire exactement le contraire de ce qu’il dit. Toute une escroquerie morale !
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga