Le Pr Francis Wodié était, hier, l`invité de la Radio France international (Rfi). Il a donné les raisons de son soutien à la politique d`Alassane Ouattara, alors qu`ils n`ont pas la même idéologie politique.
Qui a gagné l`élection, selon vous ?
Selon nous, c`est bien Alassane Dramane Ouattara sur la base des chiffres qui sont connus de tous. Le peuple de Côte d`Ivoire s`est prononcé, on ne peut plus, clairement !
Ce débat Gbagbo- Ouattara traverse votre propre parti, le Parti ivoirien des travailleurs (Pit, ndlr), puisqu`un certain nombre de vos camarades ont rejoint le camp Gbagbo. Et, pour eux, celui-ci est un révolutionnaire. Vous trahissez sa cause !
Vous savez, le Pit et le Fpi, donc Wodié et Gbagbo, formaient une coalition, une alliance dès la naissance des deux partis en 1990. Et puis, une certaine pratique a commencé progressivement à établir une distance entre lui et nous. Aujourd`hui, nous considérons que la politique qui est conduite par le camp Gbagbo Laurent, la pratique, sont aux antipodes de ce que doit être un parti de gauche, un parti respectueux de la volonté du peuple. C`est une politique clanique.
Au deuxième tour, beaucoup de gens n`ont pas compris pourquoi le socialiste Wodié soutenait le libéral Ouattara contre le socialiste Gbagbo. Ils ont dit que vous tourniez le dos à votre engagement politique.
Oui ! La politique de Gbagbo Laurent, ce n`est pas du socialisme ! C`est tout à l`opposé. Ce n`est pas l`œuvre d`un homme de gauche qui reproduit le culte de la personnalité !
Mais Laurent Gbagbo et vous avez été longtemps des camarades socialistes. Est-ce que pour vous, la majorité des voix est une fin en soi ? Ne pensez-vous pas plutôt que ce qui compte, c`est l`avant-garde révolutionnaire ?
C`est ce que nous pensions. Mais, si on veut faire la révolution, on renonce à utiliser l`élection. L`élection a ses règles. Si on doit aller aux élections pour éviter le verdict du peuple, autant ne pas y aller. C`est une tendance qui menace toute l`Afrique. On a le sentiment que certains pensent que l`élection n`est pas la décision prise par le peuple. C`est un moyen pour négocier la conquête ou la conservation du pouvoir. Alors, où va-t-on dans ces conditions-là ?
En Afrique et dans la diaspora, comme en France, un certain nombre d`intellectuels africains soutiennent Laurent Gbagbo parce qu`il dit non à la communauté internationale. Qu`est-ce que vous en pensez ?
On déplace le problème ! Le problème, ce n`est pas de savoir si la communauté internationale veut imposer sa volonté à la Côte d`Ivoire. Nous voulons voir la volonté du peuple de Côte d`Ivoire s`imposer à nous tous, en commençant par Gbagbo Laurent.
Vous vous rappelez, Francis Wodié, lors du débat télévisé Gbagbo-Ouattara le 25 novembre, Laurent Gbagbo a eu cette phrase “moi dans l`adversité je résiste, je ne fuis pas``. Est-ce que ce n`était pas prémonitoire ?
Oui ! L`adversité n`est pas rapportée à soi. C`est l`adversité du peuple. Et, quand le peuple est dans l`adversité, le minimum que chacun doit faire, c`est de respecter sa volonté. Autrement, on expose la Côte d`Ivoire à la violence, peut-être, à une nouvelle guerre.
Est-ce que vous êtes pour ou contre une intervention militaire de la Cedeao ?
A priori non ! Je ne suis pas favorable à une intervention militaire. Parce que le problème politique, on le règle politiquement. L`intervention militaire doit être écartée. Autant que possible, il faut appuyer sur le levier des discussions et des pressions pour amener Gbagbo à la raison pour dire que tout un pays ne peut être suspendu à la volonté d`un seul et de son groupe.
Si demain des soldats arrivent au palais présidentiel pour déloger Laurent Gbagbo, pensez-vous que celui-ci résistera ?
Je pense qu`il va résister. Il est dans une logique qui l`a amené à considérer la Côte d`Ivoire comme coïncidant avec sa personne. Et, là, on retrouve les relents des régimes “monarchisants`` ou autocratiques !
Ses partisans disent que ce n`est pas le monarque qui s`identifie avec son pays, mais le militant qui s`identifie avec le combat pour la libération de la Côte d`Ivoire.
La libération de la Côte d`Ivoire, nous la voulons tous et, ce sont les Ivoiriens qui prennent la décision ! Il n`y a pas de démiurge qui viendra offrir aux Ivoiriens cette liberté qui serait tombée du ciel. Donc, ma liberté ne pourra jamais exister que si je reconnais celle des autres, en commençant par la plus haute qui est celle du peuple de Côte d`Ivoire.
Propos recueillis sur Rfi par MAE
Qui a gagné l`élection, selon vous ?
Selon nous, c`est bien Alassane Dramane Ouattara sur la base des chiffres qui sont connus de tous. Le peuple de Côte d`Ivoire s`est prononcé, on ne peut plus, clairement !
Ce débat Gbagbo- Ouattara traverse votre propre parti, le Parti ivoirien des travailleurs (Pit, ndlr), puisqu`un certain nombre de vos camarades ont rejoint le camp Gbagbo. Et, pour eux, celui-ci est un révolutionnaire. Vous trahissez sa cause !
Vous savez, le Pit et le Fpi, donc Wodié et Gbagbo, formaient une coalition, une alliance dès la naissance des deux partis en 1990. Et puis, une certaine pratique a commencé progressivement à établir une distance entre lui et nous. Aujourd`hui, nous considérons que la politique qui est conduite par le camp Gbagbo Laurent, la pratique, sont aux antipodes de ce que doit être un parti de gauche, un parti respectueux de la volonté du peuple. C`est une politique clanique.
Au deuxième tour, beaucoup de gens n`ont pas compris pourquoi le socialiste Wodié soutenait le libéral Ouattara contre le socialiste Gbagbo. Ils ont dit que vous tourniez le dos à votre engagement politique.
Oui ! La politique de Gbagbo Laurent, ce n`est pas du socialisme ! C`est tout à l`opposé. Ce n`est pas l`œuvre d`un homme de gauche qui reproduit le culte de la personnalité !
Mais Laurent Gbagbo et vous avez été longtemps des camarades socialistes. Est-ce que pour vous, la majorité des voix est une fin en soi ? Ne pensez-vous pas plutôt que ce qui compte, c`est l`avant-garde révolutionnaire ?
C`est ce que nous pensions. Mais, si on veut faire la révolution, on renonce à utiliser l`élection. L`élection a ses règles. Si on doit aller aux élections pour éviter le verdict du peuple, autant ne pas y aller. C`est une tendance qui menace toute l`Afrique. On a le sentiment que certains pensent que l`élection n`est pas la décision prise par le peuple. C`est un moyen pour négocier la conquête ou la conservation du pouvoir. Alors, où va-t-on dans ces conditions-là ?
En Afrique et dans la diaspora, comme en France, un certain nombre d`intellectuels africains soutiennent Laurent Gbagbo parce qu`il dit non à la communauté internationale. Qu`est-ce que vous en pensez ?
On déplace le problème ! Le problème, ce n`est pas de savoir si la communauté internationale veut imposer sa volonté à la Côte d`Ivoire. Nous voulons voir la volonté du peuple de Côte d`Ivoire s`imposer à nous tous, en commençant par Gbagbo Laurent.
Vous vous rappelez, Francis Wodié, lors du débat télévisé Gbagbo-Ouattara le 25 novembre, Laurent Gbagbo a eu cette phrase “moi dans l`adversité je résiste, je ne fuis pas``. Est-ce que ce n`était pas prémonitoire ?
Oui ! L`adversité n`est pas rapportée à soi. C`est l`adversité du peuple. Et, quand le peuple est dans l`adversité, le minimum que chacun doit faire, c`est de respecter sa volonté. Autrement, on expose la Côte d`Ivoire à la violence, peut-être, à une nouvelle guerre.
Est-ce que vous êtes pour ou contre une intervention militaire de la Cedeao ?
A priori non ! Je ne suis pas favorable à une intervention militaire. Parce que le problème politique, on le règle politiquement. L`intervention militaire doit être écartée. Autant que possible, il faut appuyer sur le levier des discussions et des pressions pour amener Gbagbo à la raison pour dire que tout un pays ne peut être suspendu à la volonté d`un seul et de son groupe.
Si demain des soldats arrivent au palais présidentiel pour déloger Laurent Gbagbo, pensez-vous que celui-ci résistera ?
Je pense qu`il va résister. Il est dans une logique qui l`a amené à considérer la Côte d`Ivoire comme coïncidant avec sa personne. Et, là, on retrouve les relents des régimes “monarchisants`` ou autocratiques !
Ses partisans disent que ce n`est pas le monarque qui s`identifie avec son pays, mais le militant qui s`identifie avec le combat pour la libération de la Côte d`Ivoire.
La libération de la Côte d`Ivoire, nous la voulons tous et, ce sont les Ivoiriens qui prennent la décision ! Il n`y a pas de démiurge qui viendra offrir aux Ivoiriens cette liberté qui serait tombée du ciel. Donc, ma liberté ne pourra jamais exister que si je reconnais celle des autres, en commençant par la plus haute qui est celle du peuple de Côte d`Ivoire.
Propos recueillis sur Rfi par MAE
