9 morts, plusieurs blessés à l’arme blanche et par balles, églises et habitations incendiées adductions d’eau détruites, commerces et transports paralysés. Des véhicules de transport calcinés.
C’est le bilan des folles journées d’affrontements inter-communautaires qui ont touché la ville de Lakota les mercredi et jeudi derniers. C’est une ville fantôme, où les traces des affrontements inter-communautaires qui embrasent la ville de Lakota sont encore visibles, que nous avons découverte hier. Ces affrontements opposent les ‘ Dioula aux Dida », selon une source policière qui a requis l’anonymat. Lakota se vide de ses populations dont certains ont trouvé refuge à la mission catholique et d’autres dans les villages environnants ? Le gros lot des déplacés est à Dahiri, un village de la commune « Ils sont au nombre de 300 qui sont ici à la mission », nous a confié le père Justin Deguenon, curé de la paroisse qui lance un SOS aux autorités du pays. La ville est scindée en deux blocs séparés, au niveau de la préfecture, par une barricade « infranchissable » tenue par des jeunes Dioula. « Les mercredis et jeudi, nous avons reçu au total 29 blessés par arme à feu et par armes blanches dont deux éléments des Fds. Il y a eu 3 décès les premiers jours. Certains blessés ont été évacués par les soins du Cicr à Gagnoa. Pour ce qui est des morts, nous avons recours au corbillard de Gagnoa pour les évacuer à la morgue de la ville », nous a laissé entendre, tout hébété, M. Djéhio Mahi Blaise, directeur de l’hôpital général de Lakota. Un hôpital qui a reçu de nombreux fuyards des combats. Jusqu’à hier, la Croix rouge faisait la ronde dans les quartiers pour « ramasser » des blessés enfermés chez eux, a ajouté le directeur de l’hôpital. « C’est la catastrophe, nous ne mangeons pas, nous ne nous lavons pas, nous ne buvons pas. Pour boire, il faut aller acheter des sachets d’eau soit à Gagnoa, soit Divo », a-t-il souligné, visiblement affecté par ces événements. Les quartiers « Dakoury », « Dida-Commerce, Zega, Cité-Koné et Dogohiri ont été l’épicentre des atrocités… Des dizaines de maisons ont été incendiées, après qu’elles eurent été pillées, pour certaines. Sœur Doukouré Bernadette, de la mission catholique est, a-t-elle dit, restée impuissante face à l’incendie des habitations de ses parents. « C’est une guerre qu’ils nous ont déclaré. Ils menacent de venir envahir la mission catholique parce que nous accueillons des déplacés », nous a confié Amos Dato, catéchiste permanent à la paroisse St Joseph de Lakota. « Il y a des bébés, des malades et il n’y a rien à manger. Le curé fait tout ce qui est humainement possible pour assurer le quotidien de ces déplacés. La maison du directeur a été incendiée. Un kiosque de la mission contenant des objets pieux a été lui aussi incendié », a-t-il ajouté, soulignant que « c’est l’enfer pour les populations ». Ici, une mère et son nouveau né ont été calcinés dans une maison. Mme Yerbart Juliette, 60 ans environ est inconsolable. Sa maison, une coquette demeure a été totalement brulée, après avoir été pillée, selon elle, par « des jeunes Dioula ». Dans les labyrinthes de ce quartier que la fumée couvre toujours, nous croisons un homme et sa famille, des baluchons sur la tête. « C’est le chef du quartier Dakoury, me lance notre guide. Il s’appelle Sery André. Dégoulinant de sueur, il accepte en dépit du poids de ses bagages de se prêter à nos questions. « Ma famille et moi, nous allons à Dahiri. Nous partons, nous sommes obligés de fuir pour échapper à la mort ». Ses deux enfants, Lohoré Koffi et Lohoré Ahipo, ont été atteints de deux balles de fusil calibre douze, mais leur vie n’est pas en danger. « Nous sommes surpris par ce déchainement de violence. Nous vivions en parfaite harmonie avec eux. Je ne sais pas si ce conflit à des relents politiques. Mais vu le moment, je suis sûr que quelque chose se préparait silencieusement contre nous » a-t-il ajouté. M. Tito Séripka Edouard, 74 ans, selon lui, infirmier à la retraite est sorti du coma à l’hôpital général, avant de trouver refuge à la mission catholique. Sous ses yeux, sa maison et tous ses biens sont partis en fumée … Il en est de même pour Donan Albert représentant de Blé Goudé et de M.. Toty Apollinaire, un Béninois, maçon, résidant à Lakotya, qui a vu tous ses biens emportés et sa maison brulée. « Je suis Béninois et je ne fais pas de politique, je ne sais pourquoi on s’en prend à mes biens ». Mme Nassa Madeleine n’a pu rien, sauver et de sa maison, et ses dizaines de complet pagne, entièrement calcinés. « C’est toute ma vie qui est parti. Je vais me donner la mort, je ne peux plus vivre », soupirait-elle. Dans la cour de M. Dago Anatole, où habite M. Popé Jean Baptiste, qui a été investie par « les assaillants, pour être épargné, il faut inscrire devant sa porte, son groupe ethnique », nous a confié le vieux Popé, âgé d’environ « 70 ans ». « Quand ils sont entrés dans la cour, nous avions déjà inscrit notre groupe ethnique. Ils sont repartis sans nous inquiéter », a-t-il dit. « Ils étaient armés de machettes, de gourdins, de hache, de lances pierres, de fusil calibre douze et certains de kalachnikov et étaient conduits par des dozos, puissamment armés » a souligné Toty Arnaud, qui nous a accueillis, fusil au point à l’entrée du quartier Dakoury. « J’ai ce fusil pour me défendre »,a-t-il précisé. Restaurants, kiosques a café, habitations privées ont été la cible des assaillants qui ont, il faut le dire, ont rasé par le feu, presque toutes les maisons. Il faut dire qu’aucun bâtiment administratif n’a été visé par les manifestants. L’assaut avons-nous appris, a été lancé à partir du village « de Moussadougou ». La route de Néko, qui relie Lakota à Sassandra est fermée à la circulation. Tout est parti d’une affaire pour le moins banal qui a été le détonateur de cette « guerre » à relent visiblement politique. En clair, c’est un problème d’occupation de la gare dite « corridor de Lakota » qui a dégénéré en conflit ouvert entre les deux communautés. Le corridor de Lakota, un haut lieu de commerce en tout genre, est exploité par des syndicalistes « Dioula », dans le domaine du transport. A la faveur des élections présidentielles du 28 novembre 2010 dont la proclamation des résultats a entrainé un bicéphalisme à la tête du pays, les choses vont très rapidement se dégrader ? En effet, selon le préfet Kpan Droh Joseph que nous avons rencontré, « les jeunes Dida du village d’Akabrekoua ont demandé aux transporteurs Dioula, suite à des affrontements qui avaient fait des blessés dans leur rangs, de les dédommager avant toute reprise de leurs activités ».
Ils exigent, selon la coutume, le payement de la somme de 60.000 Fca et une bouteille de Gin d’un montant de 10.000 Fcfa. Les transporteurs s’acquittent de cette somme, toujours selon le prefet. Mais, « les jeunes Dida refusent de leur céder l’espace qu’ils ont commencé à exploiter. Des négociations engagées par les autorités de villes, notamment, le préfet, le commissaire de police, le chef du village, l’ex-maire Gazo Gazo, le chef du village Guizo, M. Gnagra ont échoué. Devant cette conjoncture, les transporteurs sont passés à l’offensive ce mercredi pour déloger le syndicat des jeunes Dida qui avait pris pieds au corridor de Lakota. Il s’en est suivi des affrontements meurtriers. Toutes nos démarches pour rencontrer le commissaire de la ville sont restées vaines. Depuis hier, le préfet du département de Lakota, gravement mis en cause par une communauté en conflit, s’est inscrit en faut face aux allégations selon lesquelles, « il a pris fait et cause pour un camp ». « Je ne roule pour aucun camp. Ici, les gens n’aiment pas qu’on leur dise la vérité. Je ne peux pas dire que se sont des assaillants qui ont attaqué la Côte d’Ivoire. C’est une affaire purement syndicale. Je ne peux pas dire aussi que ceux qui ont attaqué avaient des armes lourdes. Les rapports de la police et de la gendarmerie que j’ai en ma possession ne mentionnent nulle part la présence des armes lourdes. Je ne peux pas mentir. Quel intérêt, en tant que préfet, j’ai à appartenir à un parti politique aujourd’hui, a-t-il sèchement répondu. Depuis hier, le préfet a entrepris une tournée de sensibilisation auprès des communautés en conflit. Un important détachement des forces de l’ordre, notamment une compagnie de la Crs basée à Divo, de la gendarmerie et des militaires venus de Daloa ont pris pieds à Lakota. Hier, il régnait une accalmie, pour le moins précaire. Le commerce est toujours paralysé et les populations quittent en masse la ville.
Armand B. DEPEYLA (Envoyé Spécial à Lakota)
C’est le bilan des folles journées d’affrontements inter-communautaires qui ont touché la ville de Lakota les mercredi et jeudi derniers. C’est une ville fantôme, où les traces des affrontements inter-communautaires qui embrasent la ville de Lakota sont encore visibles, que nous avons découverte hier. Ces affrontements opposent les ‘ Dioula aux Dida », selon une source policière qui a requis l’anonymat. Lakota se vide de ses populations dont certains ont trouvé refuge à la mission catholique et d’autres dans les villages environnants ? Le gros lot des déplacés est à Dahiri, un village de la commune « Ils sont au nombre de 300 qui sont ici à la mission », nous a confié le père Justin Deguenon, curé de la paroisse qui lance un SOS aux autorités du pays. La ville est scindée en deux blocs séparés, au niveau de la préfecture, par une barricade « infranchissable » tenue par des jeunes Dioula. « Les mercredis et jeudi, nous avons reçu au total 29 blessés par arme à feu et par armes blanches dont deux éléments des Fds. Il y a eu 3 décès les premiers jours. Certains blessés ont été évacués par les soins du Cicr à Gagnoa. Pour ce qui est des morts, nous avons recours au corbillard de Gagnoa pour les évacuer à la morgue de la ville », nous a laissé entendre, tout hébété, M. Djéhio Mahi Blaise, directeur de l’hôpital général de Lakota. Un hôpital qui a reçu de nombreux fuyards des combats. Jusqu’à hier, la Croix rouge faisait la ronde dans les quartiers pour « ramasser » des blessés enfermés chez eux, a ajouté le directeur de l’hôpital. « C’est la catastrophe, nous ne mangeons pas, nous ne nous lavons pas, nous ne buvons pas. Pour boire, il faut aller acheter des sachets d’eau soit à Gagnoa, soit Divo », a-t-il souligné, visiblement affecté par ces événements. Les quartiers « Dakoury », « Dida-Commerce, Zega, Cité-Koné et Dogohiri ont été l’épicentre des atrocités… Des dizaines de maisons ont été incendiées, après qu’elles eurent été pillées, pour certaines. Sœur Doukouré Bernadette, de la mission catholique est, a-t-elle dit, restée impuissante face à l’incendie des habitations de ses parents. « C’est une guerre qu’ils nous ont déclaré. Ils menacent de venir envahir la mission catholique parce que nous accueillons des déplacés », nous a confié Amos Dato, catéchiste permanent à la paroisse St Joseph de Lakota. « Il y a des bébés, des malades et il n’y a rien à manger. Le curé fait tout ce qui est humainement possible pour assurer le quotidien de ces déplacés. La maison du directeur a été incendiée. Un kiosque de la mission contenant des objets pieux a été lui aussi incendié », a-t-il ajouté, soulignant que « c’est l’enfer pour les populations ». Ici, une mère et son nouveau né ont été calcinés dans une maison. Mme Yerbart Juliette, 60 ans environ est inconsolable. Sa maison, une coquette demeure a été totalement brulée, après avoir été pillée, selon elle, par « des jeunes Dioula ». Dans les labyrinthes de ce quartier que la fumée couvre toujours, nous croisons un homme et sa famille, des baluchons sur la tête. « C’est le chef du quartier Dakoury, me lance notre guide. Il s’appelle Sery André. Dégoulinant de sueur, il accepte en dépit du poids de ses bagages de se prêter à nos questions. « Ma famille et moi, nous allons à Dahiri. Nous partons, nous sommes obligés de fuir pour échapper à la mort ». Ses deux enfants, Lohoré Koffi et Lohoré Ahipo, ont été atteints de deux balles de fusil calibre douze, mais leur vie n’est pas en danger. « Nous sommes surpris par ce déchainement de violence. Nous vivions en parfaite harmonie avec eux. Je ne sais pas si ce conflit à des relents politiques. Mais vu le moment, je suis sûr que quelque chose se préparait silencieusement contre nous » a-t-il ajouté. M. Tito Séripka Edouard, 74 ans, selon lui, infirmier à la retraite est sorti du coma à l’hôpital général, avant de trouver refuge à la mission catholique. Sous ses yeux, sa maison et tous ses biens sont partis en fumée … Il en est de même pour Donan Albert représentant de Blé Goudé et de M.. Toty Apollinaire, un Béninois, maçon, résidant à Lakotya, qui a vu tous ses biens emportés et sa maison brulée. « Je suis Béninois et je ne fais pas de politique, je ne sais pourquoi on s’en prend à mes biens ». Mme Nassa Madeleine n’a pu rien, sauver et de sa maison, et ses dizaines de complet pagne, entièrement calcinés. « C’est toute ma vie qui est parti. Je vais me donner la mort, je ne peux plus vivre », soupirait-elle. Dans la cour de M. Dago Anatole, où habite M. Popé Jean Baptiste, qui a été investie par « les assaillants, pour être épargné, il faut inscrire devant sa porte, son groupe ethnique », nous a confié le vieux Popé, âgé d’environ « 70 ans ». « Quand ils sont entrés dans la cour, nous avions déjà inscrit notre groupe ethnique. Ils sont repartis sans nous inquiéter », a-t-il dit. « Ils étaient armés de machettes, de gourdins, de hache, de lances pierres, de fusil calibre douze et certains de kalachnikov et étaient conduits par des dozos, puissamment armés » a souligné Toty Arnaud, qui nous a accueillis, fusil au point à l’entrée du quartier Dakoury. « J’ai ce fusil pour me défendre »,a-t-il précisé. Restaurants, kiosques a café, habitations privées ont été la cible des assaillants qui ont, il faut le dire, ont rasé par le feu, presque toutes les maisons. Il faut dire qu’aucun bâtiment administratif n’a été visé par les manifestants. L’assaut avons-nous appris, a été lancé à partir du village « de Moussadougou ». La route de Néko, qui relie Lakota à Sassandra est fermée à la circulation. Tout est parti d’une affaire pour le moins banal qui a été le détonateur de cette « guerre » à relent visiblement politique. En clair, c’est un problème d’occupation de la gare dite « corridor de Lakota » qui a dégénéré en conflit ouvert entre les deux communautés. Le corridor de Lakota, un haut lieu de commerce en tout genre, est exploité par des syndicalistes « Dioula », dans le domaine du transport. A la faveur des élections présidentielles du 28 novembre 2010 dont la proclamation des résultats a entrainé un bicéphalisme à la tête du pays, les choses vont très rapidement se dégrader ? En effet, selon le préfet Kpan Droh Joseph que nous avons rencontré, « les jeunes Dida du village d’Akabrekoua ont demandé aux transporteurs Dioula, suite à des affrontements qui avaient fait des blessés dans leur rangs, de les dédommager avant toute reprise de leurs activités ».
Ils exigent, selon la coutume, le payement de la somme de 60.000 Fca et une bouteille de Gin d’un montant de 10.000 Fcfa. Les transporteurs s’acquittent de cette somme, toujours selon le prefet. Mais, « les jeunes Dida refusent de leur céder l’espace qu’ils ont commencé à exploiter. Des négociations engagées par les autorités de villes, notamment, le préfet, le commissaire de police, le chef du village, l’ex-maire Gazo Gazo, le chef du village Guizo, M. Gnagra ont échoué. Devant cette conjoncture, les transporteurs sont passés à l’offensive ce mercredi pour déloger le syndicat des jeunes Dida qui avait pris pieds au corridor de Lakota. Il s’en est suivi des affrontements meurtriers. Toutes nos démarches pour rencontrer le commissaire de la ville sont restées vaines. Depuis hier, le préfet du département de Lakota, gravement mis en cause par une communauté en conflit, s’est inscrit en faut face aux allégations selon lesquelles, « il a pris fait et cause pour un camp ». « Je ne roule pour aucun camp. Ici, les gens n’aiment pas qu’on leur dise la vérité. Je ne peux pas dire que se sont des assaillants qui ont attaqué la Côte d’Ivoire. C’est une affaire purement syndicale. Je ne peux pas dire aussi que ceux qui ont attaqué avaient des armes lourdes. Les rapports de la police et de la gendarmerie que j’ai en ma possession ne mentionnent nulle part la présence des armes lourdes. Je ne peux pas mentir. Quel intérêt, en tant que préfet, j’ai à appartenir à un parti politique aujourd’hui, a-t-il sèchement répondu. Depuis hier, le préfet a entrepris une tournée de sensibilisation auprès des communautés en conflit. Un important détachement des forces de l’ordre, notamment une compagnie de la Crs basée à Divo, de la gendarmerie et des militaires venus de Daloa ont pris pieds à Lakota. Hier, il régnait une accalmie, pour le moins précaire. Le commerce est toujours paralysé et les populations quittent en masse la ville.
Armand B. DEPEYLA (Envoyé Spécial à Lakota)