Lentement, mais sûrement. Nicolas Sarkozy met à exécution son plan d’isolement et d’asphyxie économique du pouvoir Gbagbo. Désormais, c’est la signature du clan Ouattara qui est valable sur le compte des opérations de la Côte d’Ivoire, au niveau de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Ainsi en ont décidé les valets du Président français. Celui-ci rumine à l’égard de son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo, une haine rasoir. Engagé dans une course contre la montre, le potentat blanc piétine toutes les mœurs, lois et galanteries diplomatiques pour faire partir Laurent Gbagbo du pouvoir. La décision de l’Uemoa sonne comme une demi-défaite pour le gouvernement du Professeur Aké N’Gbo. Mais seulement une demi-défaite. Parce qu’en l’état actuel des choses, il n’y aura pas un choc économique, à en croire les experts. L’économie ivoirienne tournée vers l’extérieur permettra au gouvernement d’avoir des devises pour stabiliser les flux financiers. La décision a le mérite de couper le cordon ombilical qui lie la terre d’Eburnie à l’ancienne puissance tutélaire via le trésor français, où les avoirs de la Côte d’Ivoire seront visiblement bloqués. Même si dans l’immédiat, la Côte d’Ivoire ne peut battre monnaie, à court terme, cela sera une réalité au regard de l’ampleur du complot. Une banale crise post-électorale comme on n’en a connue un peu partout dans l’espace peut-elle conduire à une telle extrémité dégoutante, à forte odeur néocolonialiste. Nicolas Sarkozy a la malchance d’être le Président de la France, terre des libertés, héritière des Droits de l’Homme. Ces valeurs sont tellement ancrées dans la conscience populaire que là-bas, il n’y a pas de place pour les dictatures. Disons-le net : les injonctions de Sarkozy trahissent ses réflexes dictatoriaux. En France, il a mis la presse sous coupe réglée. Ce n’est pas l’ex-célèbre présentateur de Tf1, Patrick Poivre D’Arnon (Ppda) qui dira le contraire. Le naturel qu’il essaie bon an mal an de chasser dans l’Hexagone, difficilement d’ailleurs, revient au galop dans les laboratoires d’expérimentations de toutes les controverses, les territoires africains. Juriste de formation, il enferme ses cours de droits dans les tiroirs de l’Elysée et piétine la loi fondamentale de la Côte d’Ivoire pour faire plaisir à un encombrant copain : Ouattara Alassane. On comprend pourquoi la colère gronde dans la rue abidjanaise. La douleur que le fils d’immigré hongrois impose aux Ivoiriens dans le sillage de son prédécesseur, Jacques René Chirac est injuste et injustifiée. Que faire ? Faut-il céder à la tristesse et au désespoir ? Faut-il abdiquer face à la nébuleuse ? Nous pensons pour notre part que non. La douleur lorsqu’elle est injuste et injustifiée, comme l’a enseigné Martin Luther King, elle ne peut qu’être rédemptrice. Et il y a des raisons réelles de croire qu’on est martyrisé. Cela suscite en nous un état d’esprit et de corps. Le prix à payer sera peut-être lourd. Mais il faut aux Ivoiriens transformer le poison «sarkozien» en élixir. La liberté, dit-on, ne se donne pas, elle s’arrache. Et il n’y a pas d’indépendance viable sans indépendance économique. Or, l’indépendance monétaire est le socle de l’indépendance économique. Ceux qui contrôlent notre monnaie depuis le trésor français nous maintiennent dans l’asservissement, dans les liens honteux de la colonisation. Briser ce carcan ne va pas sans conséquences. Mais il faut l’assumer. Sans faiblesse. La rue abidjanaise le dit si bien : «Si tu ne m’aimes pas, je me préfère». La Côte d’Ivoire a tant donné à la sous-région par solidarité. Pour l’Histoire. Les 26% d’étrangers qu’elle abrite sur son sol viennent essentiellement de l’espace Cedeao. A partir de la Côte d’Ivoire, ils investissent dans leurs pays d’origine. Malgré tout, ce pays est jalousé. Une confrérie de lugubres chefs d’Etat en veulent à Laurent Gbagbo. Sans raison valable. Six cent (600) millions de Fcfa, c’est le montant qu’il a décaissé pour venir en aide aux victimes des dernières inondations au Burkina-Faso. Cela n’empêche pas Blaise Compaoré d’être en première ligne de la croisade anti-Gbagbo. A dire vrai, que peuvent Wade, Compaoré et consorts face la capacité de nuisance de la France ? Pas grand-chose. Ils sont non seulement des pions clés de la moribonde Françafrique, mais aussi ils doivent leur survie politique et celle de leur famille à la magnanimité de la cellule africaine de l’Elysée. Au carrefour de leur histoire qui bégaie, les Ivoiriens n’ont pas le droit de démissionner. Au risque de laisser ce pays aux charognards et vautours.
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zanbi05641405@yahoo.fr
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