Mon très cher Laurent, après maintes réflexions, j’ai décidé de t’écrire, même si je ne suis pas totalement sûr que tu me lises. Je me rappelle que tu as dit, par un jour de grande colère, que tu ne lisais jamais Le Patriote. Je n’en suis pas convaincu. Selon des indiscrétions, Le Patriote est ton journal préféré, parce que nous te disons les vérités que tes courtisans et missi dominici se refusent à te dire, de peur que tu ne leur coupes les vivres. J’en ai pour preuve qu’à chacune de leurs interventions télévisées, tes séides brandissent nos écrits, comme des paroles d’Evangile.
Grand frère, j’ai décidé de te parler parce que beaucoup de choses nous lient. Comme toi, je suis natif de la ville de Gagnoa et j’ai de grands amis à Babré, le quartier où tu as vu le jour. Par ailleurs, parce que tu connais bien ma famille. Enfant, je te voyais souvent chez nous, notamment aux heures de repas. Tu étais ami à mes aînés. Dans mes lointains souvenirs, je garde à l’esprit qu’un matin, ma grande sœur, Koudou Jeannette, est venue réveiller ma soeur aînée, pour lui dire que le déjeuner de notre maisonnée était prêt. Je ne dis pas cela pour t’offenser, mais pour te rappeler les liens profonds qui nous unissent. J’ai encore en mémoire ce que tu as dit à mon confrère J.T, quand nous avions fini l’interview que tu nous avais accordée à ton domicile de la Riviera en septembre 98 : « C’est toi qui va me présenter Bakary Nimaga de Gagnoa » ? Pour dire que tu me connais et que je te connais également. C’est pourquoi, je me permets de t’écrire cette lettre.
J’aurais voulu te le dire en face mais depuis les dix ans que tu as passés au pouvoir, il n’était pas aisé pour les enfants de Gagnoa de te rencontrer. On m’a dit par la suite que tu étais particulièrement fâché contre Gagnoa et que pour aller à Mama ton village, tu contournais carrément la ville. Tu dois avoir tes raisons que nous ignorons sans doute. Cependant, un de mes tontons que tu connais bien m’a dit que ton option s’explique par le simple fait que beaucoup de gens de la cité du Fromager ont « vu le roi Gbagbo nu ».
Grand frère Laurent, ma lettre arrive à un moment où notre pays, la Côte d’Ivoire, est en proie à des tourments, à des tueries en séries, orchestrées par tes hommes, pour la seule raison que tu refuses de quitter un pouvoir que tu as perdu dans les urnes face au président élu, son Excellence Alassane Ouattara. En effet, au soir du 28 novembre dernier, le candidat du RHDP t’a battu démocratiquement. Honnêtement, je pensais que tu reconnaitrais ta défaite et que tu t’en irais. C’est alors que tu nous as présenté ton vrai visage. Avec l’aide de ton ami Pablo, tu as invalidé les suffrages du Nord et tu t’es proclamé Président. Or donc, tes discours sur la démocratie et la liberté n’étaient pas sincères. Piteusement, ton masque, en fait ta vraie réalité, est apparu au grand jour. Tu n’es ni un démocrate ni un enfant des élections, mais tout bonnement un autocrate, un despote et un satrape.
Grand frère, je n’ose pas le croire. Tu m’as donc menti quand tu nous parlais si sérieusement de la démocratie, du respect du verdict des urnes, et ton attachement quasi viscéral à la démocratie ?
Grand frère, ne vois-tu pas que tu es seul contre tout le monde ? Les Ivoiriens, tes compatriotes, l’Afrique et le Monde disent que tu as perdu, sauf toi et tes partisans. Penses-tu pouvoir t’en sortir ? Il faut que tu te ravises. Tu engages un faux combat, perdu d’avance. N’écoute pas ceux qui viennent te conter fleurette, en disant que tu maitrises la situation. Ce ne sont que de vils profiteurs, sortes de lycaons et de chacals qui veulent encore manger les restes immondes et avariés qui te restent. Ne voies-tu pas, Laurent, que tu es coupé de tout, politiquement, économiquement, retranché que tu es dans un palais usurpé, qui ne reçoit que la flopée de partisans et de janissaires, qui font ton panégyrique et ta louange, sans saveur ? Mon bien cher Laurent, n’accorde aucun crédit à tes indécrottables qui te comparent à Patrice Lumumba. L’historien que tu es le sait très bien. Entre Lumumba et toi mon grand frère, c’est le jour et la nuit, la lumière et l’ombre. Lumumba s’est battu contre l’Impérialisme. Toi, tu te bats contre la démocratie.
Lumumba s’est sacrifié pour son peuple. Toi, tu comptes sacrifier ton peuple, rien que pour les délices et senteurs du pouvoir. Comment deux hommes qui ne vont pas dans la même direction peuvent-ils se ressembler ?
Mon grand frère bien aimé, mets de côté ton égocentrisme. Sors de ton nombrilisme et n’écoute point les cantiques et les incantations maléfiques de tes suiveurs. Je ne veux pas te voir perdre la face, quand les soldats de la CEDEAO viendront rétablir l’ordre. En ce moment là, tu sauras que tu es un homme seul, un vrai solitaire parce que tes séides auront pris la clé des champs, en médisant sur ton compte et en te maudissant.
Cher grand frère, depuis le 28 novembre, tu te bats contre toi- même. La nuit est tombée sur ton règne et le crépuscule se fait lancinant. L’aube de la nouvelle Côte d’Ivoire ne peut pas attendre.
Tu n’as plus de tours pour la rouler dans la farine. Quitte le palais et tu n’en mourras pas ! Il y a bien une vie après la Présidence. N’écoute pas les flatteries et flagorneries de la doxa. Au tribunal de l’Histoire, tu seras seul, comme Milosevic, Taylor, Bemba, avec les nombreuses plaintes contre toi. Grand frère, tu es comment pour ne pas comprendre cette donne ? Quitte dans ça, parce que le temps presse et joue contre toi. Bien fraternellement !
Bakary Nimaga
Grand frère, j’ai décidé de te parler parce que beaucoup de choses nous lient. Comme toi, je suis natif de la ville de Gagnoa et j’ai de grands amis à Babré, le quartier où tu as vu le jour. Par ailleurs, parce que tu connais bien ma famille. Enfant, je te voyais souvent chez nous, notamment aux heures de repas. Tu étais ami à mes aînés. Dans mes lointains souvenirs, je garde à l’esprit qu’un matin, ma grande sœur, Koudou Jeannette, est venue réveiller ma soeur aînée, pour lui dire que le déjeuner de notre maisonnée était prêt. Je ne dis pas cela pour t’offenser, mais pour te rappeler les liens profonds qui nous unissent. J’ai encore en mémoire ce que tu as dit à mon confrère J.T, quand nous avions fini l’interview que tu nous avais accordée à ton domicile de la Riviera en septembre 98 : « C’est toi qui va me présenter Bakary Nimaga de Gagnoa » ? Pour dire que tu me connais et que je te connais également. C’est pourquoi, je me permets de t’écrire cette lettre.
J’aurais voulu te le dire en face mais depuis les dix ans que tu as passés au pouvoir, il n’était pas aisé pour les enfants de Gagnoa de te rencontrer. On m’a dit par la suite que tu étais particulièrement fâché contre Gagnoa et que pour aller à Mama ton village, tu contournais carrément la ville. Tu dois avoir tes raisons que nous ignorons sans doute. Cependant, un de mes tontons que tu connais bien m’a dit que ton option s’explique par le simple fait que beaucoup de gens de la cité du Fromager ont « vu le roi Gbagbo nu ».
Grand frère Laurent, ma lettre arrive à un moment où notre pays, la Côte d’Ivoire, est en proie à des tourments, à des tueries en séries, orchestrées par tes hommes, pour la seule raison que tu refuses de quitter un pouvoir que tu as perdu dans les urnes face au président élu, son Excellence Alassane Ouattara. En effet, au soir du 28 novembre dernier, le candidat du RHDP t’a battu démocratiquement. Honnêtement, je pensais que tu reconnaitrais ta défaite et que tu t’en irais. C’est alors que tu nous as présenté ton vrai visage. Avec l’aide de ton ami Pablo, tu as invalidé les suffrages du Nord et tu t’es proclamé Président. Or donc, tes discours sur la démocratie et la liberté n’étaient pas sincères. Piteusement, ton masque, en fait ta vraie réalité, est apparu au grand jour. Tu n’es ni un démocrate ni un enfant des élections, mais tout bonnement un autocrate, un despote et un satrape.
Grand frère, je n’ose pas le croire. Tu m’as donc menti quand tu nous parlais si sérieusement de la démocratie, du respect du verdict des urnes, et ton attachement quasi viscéral à la démocratie ?
Grand frère, ne vois-tu pas que tu es seul contre tout le monde ? Les Ivoiriens, tes compatriotes, l’Afrique et le Monde disent que tu as perdu, sauf toi et tes partisans. Penses-tu pouvoir t’en sortir ? Il faut que tu te ravises. Tu engages un faux combat, perdu d’avance. N’écoute pas ceux qui viennent te conter fleurette, en disant que tu maitrises la situation. Ce ne sont que de vils profiteurs, sortes de lycaons et de chacals qui veulent encore manger les restes immondes et avariés qui te restent. Ne voies-tu pas, Laurent, que tu es coupé de tout, politiquement, économiquement, retranché que tu es dans un palais usurpé, qui ne reçoit que la flopée de partisans et de janissaires, qui font ton panégyrique et ta louange, sans saveur ? Mon bien cher Laurent, n’accorde aucun crédit à tes indécrottables qui te comparent à Patrice Lumumba. L’historien que tu es le sait très bien. Entre Lumumba et toi mon grand frère, c’est le jour et la nuit, la lumière et l’ombre. Lumumba s’est battu contre l’Impérialisme. Toi, tu te bats contre la démocratie.
Lumumba s’est sacrifié pour son peuple. Toi, tu comptes sacrifier ton peuple, rien que pour les délices et senteurs du pouvoir. Comment deux hommes qui ne vont pas dans la même direction peuvent-ils se ressembler ?
Mon grand frère bien aimé, mets de côté ton égocentrisme. Sors de ton nombrilisme et n’écoute point les cantiques et les incantations maléfiques de tes suiveurs. Je ne veux pas te voir perdre la face, quand les soldats de la CEDEAO viendront rétablir l’ordre. En ce moment là, tu sauras que tu es un homme seul, un vrai solitaire parce que tes séides auront pris la clé des champs, en médisant sur ton compte et en te maudissant.
Cher grand frère, depuis le 28 novembre, tu te bats contre toi- même. La nuit est tombée sur ton règne et le crépuscule se fait lancinant. L’aube de la nouvelle Côte d’Ivoire ne peut pas attendre.
Tu n’as plus de tours pour la rouler dans la farine. Quitte le palais et tu n’en mourras pas ! Il y a bien une vie après la Présidence. N’écoute pas les flatteries et flagorneries de la doxa. Au tribunal de l’Histoire, tu seras seul, comme Milosevic, Taylor, Bemba, avec les nombreuses plaintes contre toi. Grand frère, tu es comment pour ne pas comprendre cette donne ? Quitte dans ça, parce que le temps presse et joue contre toi. Bien fraternellement !
Bakary Nimaga