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Politique Publié le samedi 29 janvier 2011 | Nord-Sud

Yamoussoukro - Des miliciens se préparent à la guerre

L'ancien chef de l'Etat prend vraiment la menace de l'intervention militaire contre son régime, au sérieux. De milliers de miliciens enrôlés, sont en ce moment, en train d'être entraînés pour défendre les ''Refondateurs''.

Les Fds fidèles à l'ancien chef de l'Etat nargueraient-elles l'Onuci qu'elles ne s'y prendraient autrement. Sinon, comment expliquer la présence d'un camp d'entraînement de miliciens, à quelques centaines de mètres de la base de l'Organisation des Nations Unies en Côte d'Ivoire, à Yamoussoukro. Et, l'affaire serait passée inaperçue, si quelques uns de ces jeunes gens n'avaient déserté leur camp pour se confier aux populations.

Des déserteurs recherchés à Dioulabougou
Depuis quelques jours, des patrouilles de véhicules pick-up blancs sillonnent la ville de Yamoussoukro, principalement le quartier Dioulabougou, à la recherche de ces déserteurs. La première vague compte 6 éléments qui ont failli être lapidés par les riverains de l'ancienne ''Gare Burkina''. Ces jeunes gens au torse nu et crâne rasé ont, selon eux, sauté les grilles de protection et les barbelés tranchants placés autour du site (l'ancienne Soderiz). Ils sont ensuite passés par les broussailles pour atteindre le cimetière de Dioulabougou avant de mettre les pieds à ladite gare. Leur aspect très suspect a attiré la curiosité des jeunes riverains qui les ont cueillis immédiatement. Les ''évadés'' n'ont eu leur salut qu'après avoir décliné leurs identités et expliqué comment ils sont arrivés à Yamoussoukro. «Nous venons d'Abidjan où on nous a recrutés pour aller travailler dans une plantation d'hévéa à l'Ouest. Avec un salaire de 80.000 à 100.000 francs CFA. Arrivés à Yamoussoukro, on nous a conduits dans ce camp pour nous expliquer que l'Ouest étant dangereux à cause des milices libériennes, il fallait d'abord nous former à l'auto-défense et au maniement des armes », ont-ils dit en substance. Et, à la descente des bus qui les ont transportés, les jeunes gens ont d'abord été délestés de leurs téléphones portables et de l'avance de 100.000 francs que chacun avait reçue. Ensuite, ils ont été rasés comme de nouvelles recrues de l'armée, habillés en T-shirts et culottes avant de commencer leur formation. « C'est surtout la nuit que se déroulait la formation. On parcourait de longues distances aux pas de charge et en chantant jusqu'au petit matin. Ensuite, il fallait ramper sur des centaines de mètres dans les broussailles, sauter, apprendre le corps-à-corps. Ce n'est qu'au dernier moment qu'on a appris à tirer avec des kalachs », ont continué de raconter les fuyards apeurés. C'est après une randonnée à Tiébissou que la plupart des ''ouvriers agricoles'' réaliseront qu'ils seront employés à d'autres besognes. Ce qui explique leur désertion, et la chasse à l'homme qui s'en est suivie.

Soutien spontané des jeunes gens
Dans ce quartier qui se rappelait encore les tirs à balles réelles et les odeurs âcres des grenades lacrymogènes, il est aisé de comprendre la solidarité qui s'est créée autour des déserteurs. Ceux-ci ont, en effet, reçu vivres et habits avant d'être soustraits de tout regard. Les habitants ont ensuite levé une cotisation pour donner les moyens à ceux qui n'avaient pas de parents à Yamoussoukro, de rejoindre Abidjan.

Marc Dossa

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