Cela fait deux mois que les Ivoiriens sont l’otage d’une crise post-électorale dont le dénouement risque de passer par une action militaire. Un paradoxe ! Car, à l’origine de cette brusque détérioration du climat social, se trouve une élection présidentielle censée ramener la paix dans le pays.
Quand la fête vire au drame. Telle peut être en effet résumée la situation de tension post-électorale qui prévaut en Côte d’Ivoire, depuis le 2 décembre 2010.
Après près de dix ans de crise, les Ivoiriens espéraient renouer avec un climat de paix avec des élections qui s’annonçaient comme les plus ouvertes de l’histoire du pays. Car, en dépit de l’assurance affichée par les états-majors des poids lourds de la scène politique, l’issue du vote était incertaine pour tous. Ainsi, au terme d’un premier tour âprement disputé, c’est le doyen du groupe, Henri Konan Bédié, candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, sérieux prétendant au trône qui passe à la trappe. Restent en lice, le chef de l’Etat sortant, Laurent Gbagbo et le candidat du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), Alassane Ouattara qui bénéfice, pour le second tour, du soutien de plusieurs recalés du premier tour dont Henri Konan Bédié. Arithmétiquement, l’ancien Premier ministre ivoirien partait donc avec la faveur des pronostics, fort du soutien de ses alliés. La seule inconnue qui restait, était le report effectif des voix. Une donnée sur laquelle comptait Laurent Gbagbo pour créer la surprise. Malheureusement pour lui, les leviers sur lesquels il comptait, ne fonctionneront pas et, dans les urnes, c’est Alassane Ouattara qui remportera le scrutin. Mais, c’était sans compter avec le chef de file de la ‘’Refondation’’ qui avait plus d’un tour dans sa besace. Après avoir brandi des pseudo-violences dans les régions du Nord (17% des voix), il fait paralyser la Commission électorale indépendante (Cei), l’organe électoral en charge de la proclamation des résultats du vote. Opération presque réussie puisque le Conseil constitutionnel, aux mains d’un de ses bras droits, Paul Yao-N’Dré, monte au créneau pour invalider le scrutin des sept départements favorables à Alassane Ouattara. Sur la base de ce tour de passe-passe aux partisans voire tribaliste, Laurent Gbagbo se fait proclamer réélu. Fort heureusement, l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci) qui a suivi de bout en bout le processus électoral et sur la foi des rapports d’observations électorales mis à sa disposition par l’Union européenne, par l’Union africaine ou encore par la Fondation Carter, certifiera les résultats proclamés par la Cei et qui donnent Alassane Ouattara, vainqueur avec 54,10% des voix. Il n’en fallait pas plus pour que La majorité présidentielle, le groupuscule qui soutient Laurent Gbagbo, crie au complot international, orchestré par la France, l’ancienne métropole, aidée par l’Onu. La communauté internationale, habituée aux manèges, ne se laissera pas avoir au jeu. Après avoir vainement prié Laurent Gbagbo de rendre le tablier, décide de prendre des mesures restrictives contre l’ancien dirigeant et son clan. Selon toute vraisemblance, l’autre étape de la poussée vers la sortie sera l’intervention militaire pour y mettre de l’ordre.
Marc Dossa