ADDIS ABEBA - Les dirigeants africains réunis dimanche et lundi à Addis Abeba vont essayer de démontrer qu`ils gardent la main sur un continent qui s`emballe, entre l`aggravation de la crise ivoirienne et la révolte des rues en Tunisie et en Egypte.
La multiplication des crises fait presque passer au second plan ce qui devait être l`événement majeur de ce 16e sommet de l`Union africaine: l`avènement imminent d`un 54e Etat africain, le Sud Soudan, qui vient de se prononcer par référendum à une écrasante majorité pour faire sécession du nord du pays.
Première épine de ce sommet: la Côte d`Ivoire, où les deux protagonistes de l`élection présidentielle du 28 novembre continuent à se disputer le pouvoir.
L`Union africaine, au diapason du reste de la communauté internationale, avait reconnu la victoire d`Alassane Ouattara dès début décembre, et suspendu la Côte d`Ivoire tant que le président sortant Laurent Gbagbo n`aurait pas cédé la place.
Mais après plusieurs médiations infructueuses, l`UA est forcée de constater que M. Gbagbo n`a rien lâché de son pouvoir, et l`unanimité initialement affichée en faveur de M. Ouattara semble sérieusement se fissurer.
A l`issue d`une visite à Abidjan cette semaine, le président sortant de l`UA, le Malawite Bingu wa Mutharika, a promis de présenter au sommet d`Addis les "propositions" de son "frère et ami" Laurent Gbagbo, sans même mentionner le nom de son adversaire.
Et l`entourage du président de Guinée Equatoriale Teodoro Obiang Nguema, appelé à prendre la présidence de l`UA dès ce week-end, a fait savoir que ce dernier "n`était pour personne" dans la crise ivoirienne.
Une réunion ministérielle de l`UA a décidé vendredi de confier à un panel de cinq chefs d`Etat le soin de présenter des décisions "contraignantes" d`ici un mois, sans citer nommément un quelconque vainqueur du scrutin, et une nouvelle réunion au sommet devait se saisir du dossier samedi soir.
L`Union africaine paraît avoir encore moins de prise, et elle n`a à ce jour publié aucun communiqué, sur la "révolution du jasmin" qui a provoqué la fuite du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali ou encore sur les manifestations populaires en Egypte.
Le président de la Commission de l`UA Jean Ping a cependant cité lundi la Tunisie comme le principal sujet, avec la Côte d`Ivoire, sur lequel le sommet prendrait "des décisions majeures (...) dans le respect de la volonté des peuples".
Les aspirations démocratiques à l`origine de ces différentes crises donnent un relief particulier au thème officiel du sommet -- les "valeurs partagées" de l`Afrique.
Mais selon les organisations de défense des droits de l`homme, les valeurs démocratiques de l`UA risquent d`être mises à mal dès l`ouverture du sommet dimanche, avec la nomination d`un nouveau président de l`organisation pour l`année à venir.
Le bloc des pays d`Afrique centrale, à qui revient la charge de présenter un candidat, s`est accordé sur M. Obiang Nguema, au pouvoir depuis un coup d`Etat en 1979, et dont la désignation est "acquise sauf bouleversement inattendu de dernière minute", selon un haut responsable de l`UA.
Mais "le règne d`Obiang sur la Guinée Equatoriale se caractérise par un bilan désastreux en matière de violation des droits de l`homme et de corruption qui, de fait, incarnent l`exact opposé de ce que l`UA cherche à promouvoir sur le continent", estime l`organisation Human Rights Watch.
Le conflit en Somalie, l`enquête de la Cour pénale internationale sur les violences de 2008 au Kenya, les poursuites contre l`ancien président tchadien Hissène Habré ainsi que la réforme du système des Nations unies figureront également au menu des discussions.
Cette question de la place de l`Afrique au sein du Conseil de sécurité de l`ONU devrait être un des thèmes abordés par le président français Nicolas Sarkozy, invité "d`honneur" qui s`exprimera dimanche.
Par Hervé BAR
La multiplication des crises fait presque passer au second plan ce qui devait être l`événement majeur de ce 16e sommet de l`Union africaine: l`avènement imminent d`un 54e Etat africain, le Sud Soudan, qui vient de se prononcer par référendum à une écrasante majorité pour faire sécession du nord du pays.
Première épine de ce sommet: la Côte d`Ivoire, où les deux protagonistes de l`élection présidentielle du 28 novembre continuent à se disputer le pouvoir.
L`Union africaine, au diapason du reste de la communauté internationale, avait reconnu la victoire d`Alassane Ouattara dès début décembre, et suspendu la Côte d`Ivoire tant que le président sortant Laurent Gbagbo n`aurait pas cédé la place.
Mais après plusieurs médiations infructueuses, l`UA est forcée de constater que M. Gbagbo n`a rien lâché de son pouvoir, et l`unanimité initialement affichée en faveur de M. Ouattara semble sérieusement se fissurer.
A l`issue d`une visite à Abidjan cette semaine, le président sortant de l`UA, le Malawite Bingu wa Mutharika, a promis de présenter au sommet d`Addis les "propositions" de son "frère et ami" Laurent Gbagbo, sans même mentionner le nom de son adversaire.
Et l`entourage du président de Guinée Equatoriale Teodoro Obiang Nguema, appelé à prendre la présidence de l`UA dès ce week-end, a fait savoir que ce dernier "n`était pour personne" dans la crise ivoirienne.
Une réunion ministérielle de l`UA a décidé vendredi de confier à un panel de cinq chefs d`Etat le soin de présenter des décisions "contraignantes" d`ici un mois, sans citer nommément un quelconque vainqueur du scrutin, et une nouvelle réunion au sommet devait se saisir du dossier samedi soir.
L`Union africaine paraît avoir encore moins de prise, et elle n`a à ce jour publié aucun communiqué, sur la "révolution du jasmin" qui a provoqué la fuite du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali ou encore sur les manifestations populaires en Egypte.
Le président de la Commission de l`UA Jean Ping a cependant cité lundi la Tunisie comme le principal sujet, avec la Côte d`Ivoire, sur lequel le sommet prendrait "des décisions majeures (...) dans le respect de la volonté des peuples".
Les aspirations démocratiques à l`origine de ces différentes crises donnent un relief particulier au thème officiel du sommet -- les "valeurs partagées" de l`Afrique.
Mais selon les organisations de défense des droits de l`homme, les valeurs démocratiques de l`UA risquent d`être mises à mal dès l`ouverture du sommet dimanche, avec la nomination d`un nouveau président de l`organisation pour l`année à venir.
Le bloc des pays d`Afrique centrale, à qui revient la charge de présenter un candidat, s`est accordé sur M. Obiang Nguema, au pouvoir depuis un coup d`Etat en 1979, et dont la désignation est "acquise sauf bouleversement inattendu de dernière minute", selon un haut responsable de l`UA.
Mais "le règne d`Obiang sur la Guinée Equatoriale se caractérise par un bilan désastreux en matière de violation des droits de l`homme et de corruption qui, de fait, incarnent l`exact opposé de ce que l`UA cherche à promouvoir sur le continent", estime l`organisation Human Rights Watch.
Le conflit en Somalie, l`enquête de la Cour pénale internationale sur les violences de 2008 au Kenya, les poursuites contre l`ancien président tchadien Hissène Habré ainsi que la réforme du système des Nations unies figureront également au menu des discussions.
Cette question de la place de l`Afrique au sein du Conseil de sécurité de l`ONU devrait être un des thèmes abordés par le président français Nicolas Sarkozy, invité "d`honneur" qui s`exprimera dimanche.
Par Hervé BAR