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Politique Publié le lundi 31 janvier 2011 | Nord-Sud

Résolution de la crise post-électorale ivoirienne - Comment l`UA joue sa crédibilité

L'Union africaine des présidents à vie et des dictateurs va-t-elle tuer dans l'œuf, la démocratie naissante sur le continent ?

Au terme de son 16e sommet, l'Union africaine a décidé de confier son destin à Theodoro Obiang N'Guema. Et, pour consacrer sa prise de fonction, le dinosaure équato-guinéen et ses pairs ont décidé d'infliger un camouflet à la démocratie. En effet, après que trois de ses émissaires se sont heurtés à l'effronterie du camp de Laurent Gbagbo, refusant de quitter pacifiquement le pouvoir, l'UA décide d'envoyer d'autres médiateurs à Abidjan. A l'issue de la réunion du Conseil paix et sécurité de l'UA, les chefs d'Etat africains, notamment ceux d'Afrique australe ont convenu de la mise en place d'un panel de cinq hauts dirigeants, pour tenter, une dernière fois de dénouer la crise post-électorale. Que les chefs d'Etat d'Afrique australe aient choisi de narguer les Ivoiriens, qu'ils ne se seraient pas pris autrement. Car, dès le déclenchement de la crise, c'est bien Thabo M'Béki, au nom de l'Union africaine, qui est venu jouer les pompiers, sans succès. Après son échec, c'est le président de la commission, Jean Ping qui reprend le témoin, avant que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest ne décide d'entrer en scène. Mais très vite, l'UA décidera de flanquer les chefs d'Etat ouest-africains, d'un envoyé de l'UA, en la personne du Premier ministre kényan, Raïla Odinga. Ainsi, il a séjourné le 3 janvier dernier sur les bords de la lagune Ebrié, en compagnie des président Thomas Boni Yayi (Bénin), Ernest Baï Koroma (Sierra-Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert) avant de revenir tout seul le 19 janvier dernier. Mais celui-ci, au terme de sa mission infructueuse, quittera précipitamment la capitale politique ivoirienne, accusé d'avoir pris fait et cause pour Alassane Ouattara. Dans le contexte actuel, que viendrait dire le panel que M'Béki, Ping ou Odinga n'ont pas encore dit ? Que peuvent obtenir de Laurent Gbagbo, les chefs d'Etat membres de ce panel, autre que son maintien au pouvoir ? Car, une toute autre décision, de leur part, leur vaudrait également d'être voués aux gémonies comme Raïla Odinga. Dans un tel scénario, on comprend que l'UA, sous la pression de chefs d'Etat, qui sont loin d'être des démocrates dans leurs pays, commence à se tirer une balle dans le pays. Dès lors qu'elle réaffirme l'élection d'Alassane Ouattara, à quoi servirait l'évaluation qu'elle entend réaliser ? C'est donc certain que la crédibilité de l'instance africaine risque d'être fortement barbouillée de suie si les vrais démocrates choisissent de se taire face aux dictateurs qui veulent visiblement ménager un des leurs. C'est ce qu'ont fait les membres du comité exécutif de l'Organisation des Nations Unies pour la science et la culture (Unesco). Ils ont poliment décliné l'offre de 1 milliard 443 millions F. Fca de Theodoro Obiang N'Guema. Estimant qu'il est un prédateur de la démocratie et des libertés individuelles dans son pays ( le 21 août 2010, quatre équato-guinéens ont été fusillé à Malabo parce qu'ils sont accusé d'avoir voulu déstabiliser le régime d'Obiang N'Guema), l'Unesco a fini par se faire à l'idée que son parrainage pour un prix de l'institution serait contre-productif. Et, l'Unesco lui a dit, niet. « Il faut adapter la démocratie aux réalités africaines », tente-t-il déjà de persuader.

Marc Dossa


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