Marchandises bloquées, prix en surchauffe, robinet du crédit bloqué... L'instabilité post-électorale pèse sur l'économie de la Côte d'Ivoire et de ses voisins.
La paralysie politique en Côte d'Ivoire fait flamber les prix sur le marché des matières premières et appauvrit encore un peu plus les consommateurs. De 2,4% fin novembre 2010, le taux d'inflation est passé à 4% dans le pays. Et il pourrait atteindre 5% le mois prochain si la crise perdure. Concrètement, le prix du sucre a augmenté de 15% en deux mois, tandis que celui de l'huile a bondi de 35%. "Les investissements étrangers sont pour la plupart suspendus, la Banque mondiale a gelé ses financements tout comme le Fonds monétaire international et l'Union européenne a interdit aux banques du pays de financer les grandes entreprises d'Etat toujours sous contrôle de Laurent Gbagbo", explique Paul Derreumaux, Président de Bank Of Africa France. Pour l'instant les exportations de la Côte d'Ivoire n'ont pas chuté, mais le renchérissement des assurances et des charges bancaires va finir par peser sur les échanges commerciaux. Un cauchemar pour les autres Etats d'Afrique de l'Ouest.
Et, la crise ivoirienne commence à se transformer en cauchemar pour les autres Etats d'Afrique de l'Ouest. Car le pays est un acteur majeur de l'Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine). Il pèse, à lui seul, près de 40% du Pib de la région, cumule les deux tiers de ses bons du Trésor et représente 22% de la population. La situation est particulièrement compliquée pour les pays qui dépendent de la Côte d'Ivoire pour accéder à la mer. Au Burkina Faso, l'interruption de la circulation du train entre Ouagadougou et Abidjan n'est pas sans conséquence. Des tonnes de marchandises sont bloquées. Du coup, le prix des matières premières importées de Côte d'Ivoire ont augmenté de près de 30%. Les perturbations économiques sont les mêmes pour le Mali. Mais, ces pays s'adaptent : "depuis la crise politico militaire de 2002 qui avait entrainé une partition de fait de la Côte d'Ivoire et le blocage du Nord du pays, les entrepreneurs des Etats sahéliens ont, par exemple, appris à composer avec l'instabilité ivoirienne et à développer de nouveaux accès à la mer", tempère Paul Derreumaux.. Certaines entreprises se sont déjà repliées sur les ports de Lomé au Togo et Téma au Ghana. Menace d'abandon du franc Cfa. Cependant, la situation pourrait drastiquement se compliquer à l'avenir. Laurent Gabgbo a menacé de sortir la Côte d'Ivoire de l'Uemoa et d'abandonner le Franc Cfa pour créer sa propre monnaie. Une décision qui aurait des conséquences dramatiques pour le pays et pour la zone tout entière. D'une part, elle mènerait à une nouvelle partition de la Côte d'Ivoire entre les pros Ouattara et les pros Gbagbo avec un gel d'une partie des exportations, et surtout le blocage de toutes les aides internationales qui font actuellement vivre le pays. D'autre part, l'économie et les marchés financiers des autres pays de l'Uemoa seraient totalement déstabilisés. Car c'est tout l'équilibre de la zone qui devrait être revu avec un risque de dévaluation du F cfa et d'envolée de l'inflation. La meilleure solution pour sortir de l'impasse actuelle serait évidemment un compromis entre les deux parties, mais Laurent Gbagbo a d'ores et déjà annoncé qu'il refuserait tout arrangement. Plus que jamais, la crise ivoirienne est une équation à plusieurs inconnues.
Par Elodie Grangié (L'Expansion.com)
La paralysie politique en Côte d'Ivoire fait flamber les prix sur le marché des matières premières et appauvrit encore un peu plus les consommateurs. De 2,4% fin novembre 2010, le taux d'inflation est passé à 4% dans le pays. Et il pourrait atteindre 5% le mois prochain si la crise perdure. Concrètement, le prix du sucre a augmenté de 15% en deux mois, tandis que celui de l'huile a bondi de 35%. "Les investissements étrangers sont pour la plupart suspendus, la Banque mondiale a gelé ses financements tout comme le Fonds monétaire international et l'Union européenne a interdit aux banques du pays de financer les grandes entreprises d'Etat toujours sous contrôle de Laurent Gbagbo", explique Paul Derreumaux, Président de Bank Of Africa France. Pour l'instant les exportations de la Côte d'Ivoire n'ont pas chuté, mais le renchérissement des assurances et des charges bancaires va finir par peser sur les échanges commerciaux. Un cauchemar pour les autres Etats d'Afrique de l'Ouest.
Et, la crise ivoirienne commence à se transformer en cauchemar pour les autres Etats d'Afrique de l'Ouest. Car le pays est un acteur majeur de l'Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine). Il pèse, à lui seul, près de 40% du Pib de la région, cumule les deux tiers de ses bons du Trésor et représente 22% de la population. La situation est particulièrement compliquée pour les pays qui dépendent de la Côte d'Ivoire pour accéder à la mer. Au Burkina Faso, l'interruption de la circulation du train entre Ouagadougou et Abidjan n'est pas sans conséquence. Des tonnes de marchandises sont bloquées. Du coup, le prix des matières premières importées de Côte d'Ivoire ont augmenté de près de 30%. Les perturbations économiques sont les mêmes pour le Mali. Mais, ces pays s'adaptent : "depuis la crise politico militaire de 2002 qui avait entrainé une partition de fait de la Côte d'Ivoire et le blocage du Nord du pays, les entrepreneurs des Etats sahéliens ont, par exemple, appris à composer avec l'instabilité ivoirienne et à développer de nouveaux accès à la mer", tempère Paul Derreumaux.. Certaines entreprises se sont déjà repliées sur les ports de Lomé au Togo et Téma au Ghana. Menace d'abandon du franc Cfa. Cependant, la situation pourrait drastiquement se compliquer à l'avenir. Laurent Gabgbo a menacé de sortir la Côte d'Ivoire de l'Uemoa et d'abandonner le Franc Cfa pour créer sa propre monnaie. Une décision qui aurait des conséquences dramatiques pour le pays et pour la zone tout entière. D'une part, elle mènerait à une nouvelle partition de la Côte d'Ivoire entre les pros Ouattara et les pros Gbagbo avec un gel d'une partie des exportations, et surtout le blocage de toutes les aides internationales qui font actuellement vivre le pays. D'autre part, l'économie et les marchés financiers des autres pays de l'Uemoa seraient totalement déstabilisés. Car c'est tout l'équilibre de la zone qui devrait être revu avec un risque de dévaluation du F cfa et d'envolée de l'inflation. La meilleure solution pour sortir de l'impasse actuelle serait évidemment un compromis entre les deux parties, mais Laurent Gbagbo a d'ores et déjà annoncé qu'il refuserait tout arrangement. Plus que jamais, la crise ivoirienne est une équation à plusieurs inconnues.
Par Elodie Grangié (L'Expansion.com)