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Politique Publié le mardi 1 février 2011 | AFP

Abidjan "ne répond plus aux instructions" de la Banque centrale BCEAO

© AFP
Session extraordinaire du Conseil des ministres de l`UEMOA consacrée à la crise ivoirienne à Dakar
Vue de la salle de conference du conseil des ministres avec le Gouverneur par intérim de la Banque centrale, Jean-Baptiste Compaoré et le président en exercice du Conseil des ministres de l`Uémoa, José Mario Vaz, ministre bissau-guinéen des Finances
DAKAR - La Banque centrale ouest-africaine BCEAO à Abidjan "ne répond plus aux injonctions et aux instructions du siège" de Dakar depuis qu`elle a été occupée par des partisans de Laurent Gbagbo le 26 janvier, a affirmé mardi le président en exercice du Conseil des ministres de la banque.

"La situation est grave", a déclaré le président en exercice, José Mario
Vaz, ministre bissau-guinéen des Finances, lors de son discours d`ouverture
d`un Conseil des ministres extraordinaire de la Banque centrale des Etats
d`Afrique de l`ouest (BCEAO) à Dakar.

Il a rappelé que le 26 janvier "les locaux de la Banque centrale (à
Abidjan) ont effectivement été investis et le personnel qui s`y trouvait a été
retenu pour effectuer différentes opérations relevant de la Banque centrale
(...) en présence de la force publique".

"Le personnel de la Banque est pour sa part astreint aux obligations de la
réquisition", ordonnée par le gouvernement du président sortant ivoirien
Laurent Gbagbo.

"Depuis lors, l`agence principale d`Abidjan ne répond plus aux injonctions
et aux instructions du siège", ajoute M. Vaz, dont le discours a été transmis
à l`AFP.

Il a qualifié de "très graves" les "actes qui ont été posés par le
gouvernement du président sortant", à savoir la "réquisition des installations
et du personnel des agences de la BCEAO sur le territoire de la Côte d`Ivoire"
et la "nomination d`un responsable à la tête de la direction nationale
(ivoirienne) de la BCEAO".

"Ces actes sont sans précédent" dans l`histoire de l`Union économique et
monétaire ouest africaine (Uémoa) dont la BCEAO est la banque émettrice, et
"sont commis en violation des dispositions" du traité de l`Union.

M. Vaz a rappelé qu`ils "font suite" à la décision de l`Uémoa et de la
BCEAO "de ne permettre qu`aux représentants désignés par le gouvernement" du
rival de M. Gbagbo, Alassane Ouattara, reconnu président à l`étranger,
"d`effectuer les mouvements sur les comptes de la Côte d`Ivoire" à la BCEAO.

Il estime que le Conseil des ministres devra prendre des "décisions"
destinées à préserver "les acquis de notre union monétaire, vieille
aujourd`hui de cinq décennies". Le Conseil devra également "accorder une
attention particulière à la création des conditions de sécurité nécessaires
pour le personnel et les installations" de la BCEAO en Côte d`Ivoire.

"En outre, la stabilité du système bancaire" et "les impacts négatifs de la
crise sur le fonctionnement des économies de l`Union constituent de fortes
préoccupations qui devront être prises en compte", ajoute-t-il.
L`Uémoa regroupe huit pays (Côte d`Ivoire, Bénin, Togo, Guinée-Bissau
Burkina-Faso, Niger, Mali et Sénégal).

La Côte d`Ivoire, qui reste une puissance régionale en dépit de dix ans de
crises politico-militaires, en est de loin l`Etat le plus puissant et la crise
actuelle, si elle devait se prolonger, risque d`avoir d`importantes
répercussions économiques pour tous les pays membres de l`Uémoa.

Depuis la présidentielle du 28 novembre, MM. Gbagbo et Ouattara
revendiquent chacun la victoire. M. Ouattara a été reconnu président par la
quasi-totalité de la communauté internationale, qui presse le chef d`Etat
sortant de quitter le pouvoir, ce qu`il refuse.

La BCEAO est actuellement dirigée par un gouverneur intérimaire,
Jean-Baptiste Compaoré, depuis la démission forcée le 22 janvier du gouverneur
ivoirien de la banque, Philippe-Henry Dacoury-Tabley, un proche de Laurent
Gbagbo.

Il était accusé de ne pas avoir appliquer la décision de donner à M.
Ouattara la signature à la BCEAO au nom de son pays, et d`avoir autorisé des
décaissements en faveur du régime Gbagbo de l`ordre de 60 milliards de FCFA
(91,5 millions d`euros).
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