Annoncé pour le lundi, le trésor public d’Abengourou a effectivement ouvert ses portes. Contrairement aux autres fonctionnaires du public, les retraités et les enseignants du privé n’ont jusque-là pas encore perçu leur salaire. Les «anciens travailleurs du public» en majorité ont leur salaire logé au trésor. Ceux qui ont effectué le déplacement en grand nombre, ont vite fait de déchanter. La désolation se lisait sur leur visage puisque les caisses sont restés vides et les chèques, toujours impayés. «On nous a demandé de revenir demain (mardi)», fait savoir S. Konan, la voix complètement nouée. Hier, ces retraités feront l’amer constat de s’être déplacés inutilement. Un autre rendez-vous leur a été encore donné. Parmi ces ex-employés de l’Etat qui se sont «saignés» pour la république, nombreux sont ceux qui résident dans les villages. Ils ont dû rallier la ville à moto, leurs vêtements couverts de poussière en disait long sur leur souffrance. «Nous venons de la Bceao, mais l’écran des ordinateurs est au rouge. Je pense que demain (aujourd’hui), ce sera possible», rassure un agent. Pour le cas des enseignants du privé, l’heure est à la survie. Si certains parmi eux ont reçu leur pécule du mois de décembre, d’autres par contre attendent encore. K. D., professeur d’Allemand n’a pas hésité à accuser le président déchu Laurent Gbagbo. «C’est dommage que Gbagbo se réjouisse d’avoir payé les enseignants du public sans se préoccuper de ceux du privé. Nous disons à l’ancien président de payer les frais d’écolage des établissements scolaires privés afin que les fondateurs puissent régler à leur tour nos salaires. C’est le résultat de son entêtement qui nous fait souffrir», s’indigne-t-il. En attendant, l’agence auxiliaire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) à Abengourou a ouvert ses portes sous haute protection des éléments des Forces de défense et de sécurité (Fds). Toutes les banques fonctionnent, mais les transactions financières à partir de western union sont suspendues. Des informations font même état de ce que les retraits journaliers dans les banques au-delà de 1 million de Fcfa, sont impossibles. Les raisons évoquées sont liées aux difficultés de trésorerie.
Koffi Jean Luc à Abengourou
Koffi Jean Luc à Abengourou
