A cause de l’obstination de Laurent Gbagbo à s’imposer au peuple ivoirien qui l’a banni, l’Europe des 27 ne veut plus commercer avec les ports ivoiriens. Les conséquences sont incalculables pour les importateurs.
Le blocus économique qui limite l’entrée des marchandises dans les ports ivoiriens prive les entreprises spécialisées dans le négoce international de moyens de subsistance. De nombreux opérateurs du secteur ne savent plus où donner de la tête. En fait, la restriction des opérations d’import-export de marchandises en provenance et à destination de l’Union européenne pénalise la production industrielle et dérégule le commerce extérieur ivoirien. Le marché européen représente plus de 65 % des échanges commerciaux avec les ports ivoiriens. Mais aujourd’hui, c’est une question de survie pour les industries ainsi que pour les entreprises locales d’autant que la plupart des unités éprouvent de plus en plus de mal à s’approvisionner en matières premières, pourtant nécessaires à leur fonctionnement. Les concessionnaires automobiles, les opérateurs immobiliers, les cimentiers, les industriels, tout ce beau monde s’inquiète d’une situation plutôt cataclysmique. Les premières grosses lamentations sont remarquables. «Nous ne pouvons plus faire venir nos marchandises par nos ports. Il nous faut trouver d’autres ports de transit. C’est contraignant surtout pour les opérateurs qui importent la matière première avec les surcoûts», regrette Philippe Wombléon, directeur général adjoint de la Société ivoirienne de manufacture et de produits laitiers.
65% des échanges menacés
«Si on pouvait obtenir un allègement de l’application de cette mesure pour nous permettre de réceptionner les marchandises bloquées dans les ports européens, ce serait une bonne chose», explique-t-il. D’autres chefs d’entreprise alertent sur les conséquences de ces mesures sur l’économie nationale. «On ne se rend apparemment pas compte de l’impact négatif de ces mesures sur les entreprises : des milliers d’employés vont se retrouver à la rue», ne cesse d’avertir le président de la Chambre de commerce et d’industrie. En effet, ces mesures vont lourdement entraver les capacités opérationnelles des hommes d’affaires. Une volée de bois vert administrée à tout le secteur privé mais surtout aux petites et moyennes entreprises qui ont réussi à établir des relations de confiance avec leurs fournisseurs étrangers. «A terme, c’est la mort des petits entrepreneurs du moment où la mesure impacte gravement sur la fourniture d’équipements ou les stocks », insinue Daniel Bréchat, responsable de cette catégorie d’entreprises. A cause du blocus qui asphyxie le commerce en limitant les importations et en interdisant presque totalement les exportations, nombre d’entreprises privées des secteurs industriel, agricole et commercial sont effectivement sur le billot. Fragilisées par la disette à laquelle elles ne s’étaient pas préparées, il est devenu quasiment impossible de remettre sur pied ces entreprises. Le secteur du bâtiment est frappé de plein fouet. Au niveau de la cimenterie, les matériaux de construction, en particulier le clinker, étant pour la plupart importés, les acteurs craignent une banqueroute. D’autant que les sociétés cimentières notamment Socimat et Sca sont en rupture de stocks. Mais celles-ci préviennent qu’il leur sera difficile de recourir à des ports de transit sans procéder à des réajustements tarifaires. Déjà en négociation depuis plusieurs années pour de nouvelles augmentations jugées nécessaires en vue de maintenir l’activité, elles se disent aujourd’hui à la croisée des chemins. Un autre secteur tributaire des importations, les imprimeries où de sérieux risques de pénurie se profilent. Plusieurs petites unités de production ont déjà mis la clé sous le paillasson. Les plus résistants vont devoir composer avec l’industrie papetière chinoise qui, contrairement à la pratique occidentale, n’utilise que la pulpe de bois comme matière première. Elle se sert de la paille et autres sous-produits agricoles, hautement polluants selon la Fédération chinoise du papier. Ces papeteries ont été responsables en 2005 de 17% de la pollution industrielle des cours d’eau de ce pays. Par ailleurs, les prix de la matière première risquent d’augmenter. Une hausse qui va se répercuter sur le produit fini. Mais de l’avis de certains opérateurs, les dégâts collatéraux seront beaucoup plus difficiles à supporter. En fait, le manque de papier risque d’allonger les délais de fabrication. Ce qui va accroître également les coûts. La pétrochimie n’est pas en reste. Cette filière industrielle végète du fait de la rareté des matières premières. Les colorants et autres pigments organiques fabriqués à partir de produits intermédiaires issus de la pétrochimie italienne, arrivent au rythme de l’escargot. Ces colorants sont utilisés dans l’industrie du textile, alors que les pigments servent à l’industrie de peintures, des encres d’imprimerie et de plastiques. Les encres d’imprimerie sont des mélanges de pigments dispersés dans des résines, des huiles, des solvants, de l’eau et des additifs chimiques divers. Elles sont utilisées dans les procédés d’imprimerie comme la typographie, l’impression offset, la gravure, la flexographie et la sérigraphie, pour produire des livres, des formulaires, des catalogues, des emballages, des périodiques, des affiches, etc. C’est peu de dire que tout un pan de l’activité se trouve aujourd’hui en difficulté. «Toutes les activités qui dépendent de ces filières sont touchées », souligne Khalil Mansour, patron de la quincaillerie Mansour de Yopougon. Au niveau agricole, les herbicides, les pesticides et les engrais, ces nutriments primaires dérivés de l’azote, du phosphore et du potassium sont produits par des multinationales européennes.
Electricité : ça va secouer !
Malheureusement, leur disponibilité sujette à caution risque de coûter cher à la production agricole notamment cacaoyère. Du côté de l’électroménager, l’électricité, l’électronique, les télécommunications, la menace est plus forte. Selon des sources au sein de la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie), les pièces de rechanges vont faire défaut. Une nouvelle apocalyptique dans la mesure où l’électricité est un véritable facteur de compétitivité. «S’il n’y a pas de courant, rien ne peut marcher », affirme William Ahoti, électromécanicien dans une société d’énergie alternative. En ce qui concerne les ingrédients actifs pour soins de santé, en l’occurrence ceux employés dans la formulation de produits pharmaceutiques, leurs filières européennes sont plus que jamais limitées. A toutes ces difficultés, il faut ajouter les dysfonctionnements au niveau des transactions bancaires après le braquage de la Banque centrale par le groupe hors-la-loi installé au Plateau. «Les blocages du système bancaire sont suicidaires. Pour les transactions, nous avons besoin des banques », se plaignent les importateurs. En fait, la trésorerie de la plus grande partie des entreprises ne supporte pas les complications liées au dérèglement du système bancaire avec l’étranger.
Lanciné Bakayoko
Le blocus économique qui limite l’entrée des marchandises dans les ports ivoiriens prive les entreprises spécialisées dans le négoce international de moyens de subsistance. De nombreux opérateurs du secteur ne savent plus où donner de la tête. En fait, la restriction des opérations d’import-export de marchandises en provenance et à destination de l’Union européenne pénalise la production industrielle et dérégule le commerce extérieur ivoirien. Le marché européen représente plus de 65 % des échanges commerciaux avec les ports ivoiriens. Mais aujourd’hui, c’est une question de survie pour les industries ainsi que pour les entreprises locales d’autant que la plupart des unités éprouvent de plus en plus de mal à s’approvisionner en matières premières, pourtant nécessaires à leur fonctionnement. Les concessionnaires automobiles, les opérateurs immobiliers, les cimentiers, les industriels, tout ce beau monde s’inquiète d’une situation plutôt cataclysmique. Les premières grosses lamentations sont remarquables. «Nous ne pouvons plus faire venir nos marchandises par nos ports. Il nous faut trouver d’autres ports de transit. C’est contraignant surtout pour les opérateurs qui importent la matière première avec les surcoûts», regrette Philippe Wombléon, directeur général adjoint de la Société ivoirienne de manufacture et de produits laitiers.
65% des échanges menacés
«Si on pouvait obtenir un allègement de l’application de cette mesure pour nous permettre de réceptionner les marchandises bloquées dans les ports européens, ce serait une bonne chose», explique-t-il. D’autres chefs d’entreprise alertent sur les conséquences de ces mesures sur l’économie nationale. «On ne se rend apparemment pas compte de l’impact négatif de ces mesures sur les entreprises : des milliers d’employés vont se retrouver à la rue», ne cesse d’avertir le président de la Chambre de commerce et d’industrie. En effet, ces mesures vont lourdement entraver les capacités opérationnelles des hommes d’affaires. Une volée de bois vert administrée à tout le secteur privé mais surtout aux petites et moyennes entreprises qui ont réussi à établir des relations de confiance avec leurs fournisseurs étrangers. «A terme, c’est la mort des petits entrepreneurs du moment où la mesure impacte gravement sur la fourniture d’équipements ou les stocks », insinue Daniel Bréchat, responsable de cette catégorie d’entreprises. A cause du blocus qui asphyxie le commerce en limitant les importations et en interdisant presque totalement les exportations, nombre d’entreprises privées des secteurs industriel, agricole et commercial sont effectivement sur le billot. Fragilisées par la disette à laquelle elles ne s’étaient pas préparées, il est devenu quasiment impossible de remettre sur pied ces entreprises. Le secteur du bâtiment est frappé de plein fouet. Au niveau de la cimenterie, les matériaux de construction, en particulier le clinker, étant pour la plupart importés, les acteurs craignent une banqueroute. D’autant que les sociétés cimentières notamment Socimat et Sca sont en rupture de stocks. Mais celles-ci préviennent qu’il leur sera difficile de recourir à des ports de transit sans procéder à des réajustements tarifaires. Déjà en négociation depuis plusieurs années pour de nouvelles augmentations jugées nécessaires en vue de maintenir l’activité, elles se disent aujourd’hui à la croisée des chemins. Un autre secteur tributaire des importations, les imprimeries où de sérieux risques de pénurie se profilent. Plusieurs petites unités de production ont déjà mis la clé sous le paillasson. Les plus résistants vont devoir composer avec l’industrie papetière chinoise qui, contrairement à la pratique occidentale, n’utilise que la pulpe de bois comme matière première. Elle se sert de la paille et autres sous-produits agricoles, hautement polluants selon la Fédération chinoise du papier. Ces papeteries ont été responsables en 2005 de 17% de la pollution industrielle des cours d’eau de ce pays. Par ailleurs, les prix de la matière première risquent d’augmenter. Une hausse qui va se répercuter sur le produit fini. Mais de l’avis de certains opérateurs, les dégâts collatéraux seront beaucoup plus difficiles à supporter. En fait, le manque de papier risque d’allonger les délais de fabrication. Ce qui va accroître également les coûts. La pétrochimie n’est pas en reste. Cette filière industrielle végète du fait de la rareté des matières premières. Les colorants et autres pigments organiques fabriqués à partir de produits intermédiaires issus de la pétrochimie italienne, arrivent au rythme de l’escargot. Ces colorants sont utilisés dans l’industrie du textile, alors que les pigments servent à l’industrie de peintures, des encres d’imprimerie et de plastiques. Les encres d’imprimerie sont des mélanges de pigments dispersés dans des résines, des huiles, des solvants, de l’eau et des additifs chimiques divers. Elles sont utilisées dans les procédés d’imprimerie comme la typographie, l’impression offset, la gravure, la flexographie et la sérigraphie, pour produire des livres, des formulaires, des catalogues, des emballages, des périodiques, des affiches, etc. C’est peu de dire que tout un pan de l’activité se trouve aujourd’hui en difficulté. «Toutes les activités qui dépendent de ces filières sont touchées », souligne Khalil Mansour, patron de la quincaillerie Mansour de Yopougon. Au niveau agricole, les herbicides, les pesticides et les engrais, ces nutriments primaires dérivés de l’azote, du phosphore et du potassium sont produits par des multinationales européennes.
Electricité : ça va secouer !
Malheureusement, leur disponibilité sujette à caution risque de coûter cher à la production agricole notamment cacaoyère. Du côté de l’électroménager, l’électricité, l’électronique, les télécommunications, la menace est plus forte. Selon des sources au sein de la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie), les pièces de rechanges vont faire défaut. Une nouvelle apocalyptique dans la mesure où l’électricité est un véritable facteur de compétitivité. «S’il n’y a pas de courant, rien ne peut marcher », affirme William Ahoti, électromécanicien dans une société d’énergie alternative. En ce qui concerne les ingrédients actifs pour soins de santé, en l’occurrence ceux employés dans la formulation de produits pharmaceutiques, leurs filières européennes sont plus que jamais limitées. A toutes ces difficultés, il faut ajouter les dysfonctionnements au niveau des transactions bancaires après le braquage de la Banque centrale par le groupe hors-la-loi installé au Plateau. «Les blocages du système bancaire sont suicidaires. Pour les transactions, nous avons besoin des banques », se plaignent les importateurs. En fait, la trésorerie de la plus grande partie des entreprises ne supporte pas les complications liées au dérèglement du système bancaire avec l’étranger.
Lanciné Bakayoko