Plusieurs malades sont décédés en janvier Essan Albert est le président de l’Association ivoirienne des dialysés et insuffisants rénaux (Aidir). Il parle ici de leurs difficultés et des morts enregistrés dans leurs rangs tout en prodiguant des conseils.
Essan Albert, qu’est-ce qu’un insuffisant rénal ?
C’est quelqu’un dont les reins n’arrivent pas à jouer leur rôle c’est-à dire que les reins n’arrivent plus à épurer le sang. Tout ce qui est saleté dans le corps n’est plus rejeté.
Comment cela peut-il arriver ?
Les personnes qui contractent facilement l’insuffisance rénale sont les diabétiques ou les hypertendus qui ne sont pas suivis. Mais les médecins disent que le paludisme, le rhume ou l’angine, mal traités peuvent être à l’origine d’une insuffisance rénale. Les médicaments qu’on achète partout, surtout les anti-biotiques sont aussi dangereux. Il faut que ce soit un médecin qui les prescrive. A dose mal contrôlée, ça fait du mal. Il vaut mieux acheter les médicaments à la pharmacie parce qu’il y a au une garantie là-bas.
Comment savoir qu’on est insuffisant rénal ?
Le début s’apparente au paludisme. On a le besoin fréquent d’uriner cinq ou six fois dans la nuit. On a l’impression que la bouche est amère. On a la nausée. On perd l’appétit. Le remplacement de l’hémoglobine (globule rouge) ne se fait plus parce que le sang n’arrive pas à être épuré. On est anémié. Il y a l’essoufflement, les crampes nocturnes, les paupières ou chevilles s’enflent. Quand cela se présente, il faut forcément une dialyse (acte médical d’épuration de sang). Mais avant, le médecin demande un bilan rénal qui comprend (examen de l’urée, la créatinine et la glycémie). Ou bien si l’on passe par l’examen de l’urine et qu’on y trouve de l’albumine, on pousse plus loin l’examen (bilan rénal). Il y a deux sortes d’insuffisance rénale : l’insuffisance rénale chronique et l’insuffisance rénale aigue. La chance que l’on a de l’aigue, c’est qu’on peut la redresser. Quand elle est chronique, la guérison passe par une greffe rénale ou une dialyse à vie. Quant à l’aigu, au bout de trois séances de dialyse, les reins reprennent leur fonctionnement normal et la personne guérit.
Combien y a-t-il d’insuffisants rénaux en Côte d’Ivoire ?
Dans notre association, nous sommes environ 300 personnes qui nous faisons dialyser au Public.
Vous vous faites dialyser correctement ?
Non ! On est sous dialysé. L’Oms (Ndlr : Organisation mondiale de la santé) dit qu’un insuffisant rénal a droit à trois séances de dialyse de 4h chacune par semaine. En Côte d’Ivoire, pour des raisons de logistique, on nous a mis deux séances de 5h par semaine, en plus du régime alimentaire à suivre et des compléments de médicaments. On est obligé de réduire le temps pour dialyser 38 personnes par jour. Il ne reste que six machines fonctionnels sur vingt. Avec le nombre actuel et l’état des générateurs (machines) constamment en panne, on a souvent droit à des séances de 3h ou 3h et demie.
Quel risque courrez-vous ?
On est mal dialysé. On ne se sent pas bien. Quand un nouveau arrive, il ne peut pas être rattrapé.
Il reste dans son état et meurt. On enregistre beaucoup de décès de nouveaux insuffisants rénaux. En janvier 2011, on a eu près de dix décès à Cocody. Moi-même, j’ai perdu deux membres de mon bureau. Il manque de consommable de dialyse, de ligne artéro-veineuse et de dialyseur (rein artificiel).
Que faites-vous dans ce cas ?
L’Etat subventionne notre dialyse (dans le Public) en fournissant le matériel. On paie 2.500 FCfa par dialyse contre 80 ou 150 00FCfa dans le Privé. Quand les éléments manquent, on est obligé d’aller acheter dans le Privé. Là, un seul rein coûte 12.500 FCfa. La ligne artéro-veineuse coûte 4000 FCfa. Si quelqu’un doit faire une dialyse, il lui faut prévoir 18.500 FCfa, sans compter son transport. On ne peut pas sauter de séance de dialyse. Deux semaines sans dialyse pour un dialysé, c’est fini. Après une semaine même, c’est la mort.
Quel appel lancez-vous ?
Avant la fin de l’année 2010, on nous a dit qu’au début de l’année 2011, de nouvelles machines (32) arriveraient pour les trois centres de dialyse à Yopougon, Treichville et Cocody. Yopougon dispose de 5 machines ; et Treichville de 7. Des consommables nous avaient été également promis. Ils ne sont pas encore disponibles. Plus les jours passent, plus la situation se dégrade. Ce matin (Ndlr : hier) par exemple, il n’y a pas de dialyseur et de ligne dans le kit qu’on nous sert. Que celui qui a le pouvoir de nous aider le fasse.
Peut-on travailler en étant insuffisant rénal ?
On ne peut pas faire des travaux difficiles quand on est insuffisant rénal. On ne peut pas, par exemple, soulever des sacs.
Comment éviter l’insuffisance rénale ?
C’est une maladie latente. Mieux vaut l’éviter. Une fois par an, faire un bilan rénal (environ 4 000 FCfa). Respecter rigoureusement le traitement et la surveillance qui vous seront prescrits si vous êtes hypertendus, diabétiques ou sidéens, ne pas faire d’automédication, ne pas abuser des laxatifs (médicaments pour faire les selles quand on veut forcer les reins à travailler, ils prennent un coup), les diurétiques (pour faire pisser), boire une quantité d’eau adaptée à nos besoins, pratiquer le sport, ne négliger aucune maladie, manger équilibré (fruit, légume, lipide, protide, glucide), arrêter de fumer.
Entretien réalisé par
Dominique FADEGNON
Essan Albert, qu’est-ce qu’un insuffisant rénal ?
C’est quelqu’un dont les reins n’arrivent pas à jouer leur rôle c’est-à dire que les reins n’arrivent plus à épurer le sang. Tout ce qui est saleté dans le corps n’est plus rejeté.
Comment cela peut-il arriver ?
Les personnes qui contractent facilement l’insuffisance rénale sont les diabétiques ou les hypertendus qui ne sont pas suivis. Mais les médecins disent que le paludisme, le rhume ou l’angine, mal traités peuvent être à l’origine d’une insuffisance rénale. Les médicaments qu’on achète partout, surtout les anti-biotiques sont aussi dangereux. Il faut que ce soit un médecin qui les prescrive. A dose mal contrôlée, ça fait du mal. Il vaut mieux acheter les médicaments à la pharmacie parce qu’il y a au une garantie là-bas.
Comment savoir qu’on est insuffisant rénal ?
Le début s’apparente au paludisme. On a le besoin fréquent d’uriner cinq ou six fois dans la nuit. On a l’impression que la bouche est amère. On a la nausée. On perd l’appétit. Le remplacement de l’hémoglobine (globule rouge) ne se fait plus parce que le sang n’arrive pas à être épuré. On est anémié. Il y a l’essoufflement, les crampes nocturnes, les paupières ou chevilles s’enflent. Quand cela se présente, il faut forcément une dialyse (acte médical d’épuration de sang). Mais avant, le médecin demande un bilan rénal qui comprend (examen de l’urée, la créatinine et la glycémie). Ou bien si l’on passe par l’examen de l’urine et qu’on y trouve de l’albumine, on pousse plus loin l’examen (bilan rénal). Il y a deux sortes d’insuffisance rénale : l’insuffisance rénale chronique et l’insuffisance rénale aigue. La chance que l’on a de l’aigue, c’est qu’on peut la redresser. Quand elle est chronique, la guérison passe par une greffe rénale ou une dialyse à vie. Quant à l’aigu, au bout de trois séances de dialyse, les reins reprennent leur fonctionnement normal et la personne guérit.
Combien y a-t-il d’insuffisants rénaux en Côte d’Ivoire ?
Dans notre association, nous sommes environ 300 personnes qui nous faisons dialyser au Public.
Vous vous faites dialyser correctement ?
Non ! On est sous dialysé. L’Oms (Ndlr : Organisation mondiale de la santé) dit qu’un insuffisant rénal a droit à trois séances de dialyse de 4h chacune par semaine. En Côte d’Ivoire, pour des raisons de logistique, on nous a mis deux séances de 5h par semaine, en plus du régime alimentaire à suivre et des compléments de médicaments. On est obligé de réduire le temps pour dialyser 38 personnes par jour. Il ne reste que six machines fonctionnels sur vingt. Avec le nombre actuel et l’état des générateurs (machines) constamment en panne, on a souvent droit à des séances de 3h ou 3h et demie.
Quel risque courrez-vous ?
On est mal dialysé. On ne se sent pas bien. Quand un nouveau arrive, il ne peut pas être rattrapé.
Il reste dans son état et meurt. On enregistre beaucoup de décès de nouveaux insuffisants rénaux. En janvier 2011, on a eu près de dix décès à Cocody. Moi-même, j’ai perdu deux membres de mon bureau. Il manque de consommable de dialyse, de ligne artéro-veineuse et de dialyseur (rein artificiel).
Que faites-vous dans ce cas ?
L’Etat subventionne notre dialyse (dans le Public) en fournissant le matériel. On paie 2.500 FCfa par dialyse contre 80 ou 150 00FCfa dans le Privé. Quand les éléments manquent, on est obligé d’aller acheter dans le Privé. Là, un seul rein coûte 12.500 FCfa. La ligne artéro-veineuse coûte 4000 FCfa. Si quelqu’un doit faire une dialyse, il lui faut prévoir 18.500 FCfa, sans compter son transport. On ne peut pas sauter de séance de dialyse. Deux semaines sans dialyse pour un dialysé, c’est fini. Après une semaine même, c’est la mort.
Quel appel lancez-vous ?
Avant la fin de l’année 2010, on nous a dit qu’au début de l’année 2011, de nouvelles machines (32) arriveraient pour les trois centres de dialyse à Yopougon, Treichville et Cocody. Yopougon dispose de 5 machines ; et Treichville de 7. Des consommables nous avaient été également promis. Ils ne sont pas encore disponibles. Plus les jours passent, plus la situation se dégrade. Ce matin (Ndlr : hier) par exemple, il n’y a pas de dialyseur et de ligne dans le kit qu’on nous sert. Que celui qui a le pouvoir de nous aider le fasse.
Peut-on travailler en étant insuffisant rénal ?
On ne peut pas faire des travaux difficiles quand on est insuffisant rénal. On ne peut pas, par exemple, soulever des sacs.
Comment éviter l’insuffisance rénale ?
C’est une maladie latente. Mieux vaut l’éviter. Une fois par an, faire un bilan rénal (environ 4 000 FCfa). Respecter rigoureusement le traitement et la surveillance qui vous seront prescrits si vous êtes hypertendus, diabétiques ou sidéens, ne pas faire d’automédication, ne pas abuser des laxatifs (médicaments pour faire les selles quand on veut forcer les reins à travailler, ils prennent un coup), les diurétiques (pour faire pisser), boire une quantité d’eau adaptée à nos besoins, pratiquer le sport, ne négliger aucune maladie, manger équilibré (fruit, légume, lipide, protide, glucide), arrêter de fumer.
Entretien réalisé par
Dominique FADEGNON